Dernière mise à jour : juin 2nd, 2015 at 11:58 am
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© Philippe Matsas/Opale/Éditions Robert Laffont |
Dans Héloïse, ouille !, Jean Teulé s’attaque à l’affaire d’Héloïse et Abélard, que ceux qui ont visité le Père Lachaise ou ceux qui ont eu la chance d’avoir un professeur de français audacieux connaissent.
Petit rappel : au XXIIe siècle, le parrain de l’orpheline et fort jolie Héloïse décide d’embaucher un célèbre didacticien afin de parfaire son éducation : Abélard. Évidemment, ils tombent amoureux, consomment. Abélard finit châtré par de petites frappes payées par le parrain qui a tout découvert. Les deux amoureux finissent leurs vies séparés et cloîtrés mais gardent contact par échange épistolaire.
Au niveau de l’histoire, nous n’apprenons pas grand chose. Bien-sûr, il y a le problème des sources : elles restent rares en dehors de la célèbre correspondance entre les deux protagonistes. Alors oui, nous apprenons, non sans surprise et dans un Moyen-Age très bien documenté, qu’Héloïse est nymphomane et qu’Abélard aime se faire sodomiser avec des carottes. Ok, mais cela reste tout de même léger en matière de nouveauté.
Reste alors l’écriture, moderne et osée de Teulé, qui, si nous y adhérons, nous ravit encore une fois. Patte de Teulé, les anachronismes lexicaux familiers sont à mourir de rire. Il nous parle des “couilles de son mec”, Abélard “garde la classe” même s’il en “bave drôlement”car il est “quand même gonflé, l’eunuque”.
L’écriture est légère, vivante, illustrée de gravures très drôles. Le roman se lit vite, ne s’essouffle pas. Les pages se tournent sur un jeu de mots, les dialogues dynamisent l’ensemble.
Pour un roman de plage sorti en hiver, Héloïse, ouille ! a au moins le mérite de mettre à la portée de ceux qui ne la maîtrisent pas l’histoire d’amour d’Héloïse et Abélard que chacun se doit de connaître.
Les autres apprécieront la verve de l’auteur.
En savoir plus :
– http://www.julliard.fr/site/heloise_ouille_&100&9782260022107.html (site officiel de l’éditeur)
– Héloïse, ouille !, Jean Teulé, Éditions Julliard, mars 2015, 352 pages, 20 €
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