Bulles de Culture Sur Bulles de Culture, chaque jour, la culture sort de sa bulle !
Félix Lefebvre, né en 1999, est un acteur français révélé au grand public en 2020 par le film “Eté 85“, de François Ozon. Ce rôle lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin. Dans “Rien à perdre” (2023) de Delphine Deloget, il se métamorphose pour incarner Jean-Jacques, un jeune homme en surpoids, qui vit avec sa mère Sylvie (Virginie Efira) qui lutte pour récupérer la garde de son fils cadet, Sofiane (Alexis Tonetti), placé en foyer après un incident domestique. Notre rencontre avec l’acteur.
Félix Lefebvre : sa métamorphose dans Rien à perdre
Bulles de Culture (BdC): Le film “Rien à Perdre” offre une expérience puissante, à la fois dramatique et empreinte d’humour. Lorsque vous avez découvert le scénario, aviez-vous perçu cette dualité ?
Félix Lefebvre (FL): Dès la lecture, j’ai été frappé par la profondeur des personnages, par cette authenticité si palpable. En travaillant avec Delphine Deloget [la réalisatrice], celle-ci a souligné quelque chose de marquant. Le film présente des événements durs, des drames poignants, mais les personnages, malgré tout, conservent leur humour, leur fantaisie, leur poésie. Elle voulait que l’on rit dans son film. C’était fascinant car je n’avais jamais fait de comédie et je ne savais pas comment susciter le rire. Mais elle nous a guidés vers cette fantaisie. Il y avait déjà ce côté un peu rock dans le scénario, qu’elle a brillamment traduit à l’écran. Ces personnages débordants apportent de la légèreté même dans les situations les plus lourdes.
“Je serai éternellement reconnaissant à François Ozon”
BdC: Revenons un instant sur votre ascension cinématographique. “Eté 85” de François Ozon a-t-il réellement propulsé votre carrière ?
Félix Lefebvre : Je serai éternellement reconnaissant à François Ozon, qui m’a offert un rôle exceptionnel dans un film crucial pour lui. C’était un moment inoubliable, une sorte de renaissance pour moi. J’avais travaillé auparavant, mais c’est véritablement grâce à lui qui ma carrière a passé un cap. Il a été d’une bienveillance et d’une générosité incroyables, me guidant encore aujourd’hui. C’est un ami, une personne que j’admire et que j’aime énormément.
BdC: Vous collaborez dès lors avec d’exceptionnelles actrices, Cécile de France dans La Passagère, Virginie Efira dans Rien à Perdre. Comment travaillez-vous avec de telles comédiennes ?
Félix Lefebvre : Elles sont impressionnantes, chacune à leur manière. Leur simplicité, leur droiture m’ont immédiatement mis à l’aise. Travailler avec elles implique que mon rôle est déjà à 80 % accompli. Il suffit de se laisser porter par leur énergie. Observant et apprenant beaucoup à leurs côtés, c’est un privilège et une source d’inspiration.
Explorer la fantaisie pour révéler des facettes inconnues de soi, voilà ce que j’adore dans ce métier.
BdC: Comment avez-vous vécu votre transformation physique pour Rien à perdre ?
Félix Lefebvre : C’était excitant. Delphine m’a demandé de prendre du poids, ce qui avait du sens pour le personnage. Cela m’enthousiasmait, montrant cette audace et cette liberté artistique qu’on associe parfois plus aux américains. Explorer la fantaisie pour révéler des facettes inconnues de soi, voilà ce que j’adore dans ce métier.
BdC: Avez-vous construit votre personnage à partir d’éléments personnels ?
Félix Lefebvre : J’ai investi tout ce que j’ai pu dans ce rôle, explorant ses dilemmes, ses failles. Nous avons construit cela ensemble avec Delphine, mais le personnage m’a bouleversé dès le scénario. Il était déjà remarquablement émouvant et touchant.
Partout où il y a des humains, il y aura des imperfections, des erreurs.
BdC: L’institution sociale est un thème majeur du film. Quel est votre ressenti sur cette réalité sociale ?
Félix Lefebvre : Le film ne blâme pas la justice sociale, mais expose une situation où les failles engendrent un cercle vicieux. Nous nous reconnaissons tous dans cette paperasse écrasante et aliénante. Partout où il y a des humains, il y aura des imperfections, des erreurs. Le film illustre ces travers, tant au niveau du système que de la famille, faite d’individus imparfaits et contradictoires.
En savoir plus :
- Date de sortie France : 23/11/2023
- Distribution France : AdVitam
Top 3 Cinéma : "Moulin Rouge !" (2001), "Titanic" (1997), "Les Parapluies de Cherbourg" (1964)