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Portret van de Amerikaanse zangeres Nina Simone die met kerst op televisie zal verschijnen
© Dutch National Archives, The Hague, Fotocollectie Algemeen Nederlands Persbureau (ANEFO), 1945-1989

TOP 3 des meilleurs livres autour de Nina Simone

Dernière mise à jour : mai 24th, 2018 at 06:07 pm

1/ L’Autre qu’on adorait (2016)
de Catherine Cusset

À lire en écoutant les chansons de Nina Simone :
You’ll Have to Learn, Don’t Let Me Be Misunderstood et Lilac Wine

 

L'autre qu'on adorait catherine cusset image couvertureÀ première vue, rien à voir avec Nina Simone pour le premier roman qui ouvre ce TOP 3 des meilleurs livres autour d’elle. Mais nous vous proposons un voyage entre Paris et New-York sur fond de jazz, de blues, et d’émotions intenses à travers L’Autre qu’on adorait de Catherine Cusset, roman de la rentrée littéraire 2016.

L’Autre qu’on adorait met en scène un personnage qui fait partie de cette jeunesse à qui la vie est bien partie pour sourire. Élève en classe préparatoire, puis étudiant brillant et prometteur, Thomas trace sa route malgré son échec à Normale Sup’. Bientôt adieu la France, bonjour les États-Unis où la valeur individuelle sait faire fi des concours.

La vie a tout pour être belle. Thomas séduit, beaucoup. Thomas vit à vive allure et à grande intensité. Il plait, il brille, il fascine. Pourquoi cette ascension doit-elle finir dans le drame ? Les échecs amoureux brisent Thomas plus qu’ils ne devraient. Les périodes de dépression, envahies de léthargie et de pulsions suicidaires, lui coupent progressivement les ailes. L’alcool l’accompagne au point de lui devenir indispensable, autant dans ses élans que dans ses chutes, autant comme vecteur d’enthousiasme que pour noyer toutes les tristesses qui tiraillent notre personnage.

Quel rapport avec Nina Simone ? me direz-vous encore. C’est que Nina Simone accompagne notre personnage. Son énergie, son engagement le portent. Cette figure le fascine et se lie à lui intrinsèquement. Sa passion pour Nina Simone sait convaincre son entourage.

Et puis, Thomas partage avec l’artiste cette personnalité en noir et blanc : une réussite qui côtoie la gloire, une chute dont la noirceur dépasse encore la lumière de l’ascension. Pour l’un comme pour l’autre, c’est le noir qui finit par vaincre. L’obscurité qui gagne le combat.

Car l’autre point commun entre Thomas et Nina Simone, c’est qu’ils souffrent tous deux d’un trouble maniaco-dépressif qui heurte, blesse, tue progressivement. C’est ce qui donne à leur vie des complications irrationnelles. C’est ce qui les exalte ou les écrase. C’est ce qui les emporte ou les terrasse.

Thomas est bien l’Autre qu’on adorait, cet être lumineux qui apparaît cependant de plus en plus rongé par des démons qu’il ne parvient pas à dompter, mû par des émotions dont la force est inimaginable et inconcevable pour son entourage. Nina Simone a aussi été cette Autre qu’on adorait, cette femme noire qui parvient au succès mais qui progressivement, et alors qu’elle est au sommet de sa gloire, s’enfonce comme possédée par des forces qui la dévorent.

Être cet autre, c’est bien être cela, une sorte de singularité admirée, puis incomprise et méprisée par les mêmes yeux d’autrui. Être l’altérité à double tranchant dont la lame finit par être tournée contre soi, dont l’étrangeté devient prison de solitude.

 

 

Pourquoi lire L’Autre qu’on adorait ?

Parce que la narratrice, l’une des amoureuses de Thomas, raconte avec émotion et brio le parcours bouleversé de ce jeune homme talentueux qu’une maladie mal diagnostiquée et peu nommée détruit rageusement. Parce que naissent sous nos yeux ses excès en tout genre. Parce que se dessine sous nos yeux la violence sans concession de ses sentiments. Parce que se dévoile sous nos yeux une fêlure qui grandit et dont on sent page après page qu’elle devient plus funeste. Parce qu’on vit avec elle et avec Thomas les heurts de l’ascension et de la chute du plus profond de notre être.

Parce que le récit de Catherine Cusset dit magnifiquement les virages en épingle à cheveux de cette vie compliquée où les échecs deviennent des drames, où la répétition de la dépression abîme, où les élans emplis d’espoir ne peuvent annoncer qu’une désillusion toujours plus difficile à supporter, où l’obscurité abyssale devient de plus en plus profonde. Parce que son récit saisit avec justesse comment on sombre.

Et parce que dans ces dérives et ces déambulations, le jazz nous accompagne et nous berce pour nous rendre le chaos plus supportable. Parce que L’Autre qu’on adorait nous rappelle à quel point nous nous accrochons parfois désespérément à la musique pour donner du sens à ce qui n’en n’a pas, pour trouver un écho à notre souffrance, pour trouver une épaule sur laquelle s’appuyer, sur laquelle pleurer. Celle de Nina est solide, semble-t-il.

 

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En savoir plus :

  • L’Autre qu’on adorait, Catherine Cusset, éditions Gallimard, août 2016, 304 pages, 20 €
Morgane P.

5 Commentaires

  1. … effectivement j’étais passé à côté. J’ai honte. Félicitations, beau travail!

  2. Une découverte pour moi … Nina Simone …. Une black …une voix qui chante le blues et le jazz … Et une bipolaire …. Une fatalité qui vous touche , dont vous héritez parfois qui vous rend si sensible à tout , et qui vous fait déteste de tous … Le jazz …la musique de l’âme …cela ne m’étonne pas que cette musique, cette voix, et cette personnalité puisse service de trame a des histoires , des romands …

    Merci Morgane pour ce commentaire

    Claude

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