Dernière mise à jour : mars 30th, 2020 at 10:11 am
Une mise en scène moderne et épique
Chloé Dabert choisit pour son Iphigénie un décor moderne qui crée un fort contraste avec le Cloître des Carmes et ses vieilles pierres. Son choix est nettement dessiné par l’installation d’une grande structure métallique, élevée, dont les étages créent des espaces plus intimes. Les costumes masculins vont avec cette idée d’atmosphère de guerre moderne. Les costumes féminins arborent d’ailleurs eux aussi des pièces de cuir qui vont dans le même sens.
Sa mise en scène suggère ainsi que c’est une guerre qui se joue autour du sacrifice d’Iphigénie, et que dans cette guerre, les femmes aussi luttent avec leurs armes et leurs moyens pour faire entendre leur voix, pour imposer leur parti. En cela, la mise en scène de Chloé Dabert est plutôt efficace. Les personnages féminins gagnent en grandeur et en stature.
Toutefois, le texte vient créer un hiatus avec ce grandissement épique. L’Iphigénie de Jean Racine joue essentiellement sur les émotions : la tendresse entre Agamemnon et Iphigénie qui rend son choix impossible ; la douleur d’une mère qui défend sa fille ; la fougue amoureuse d’Achille pour sa promise Iphigénie ; le remord d’Arcas qui confie à Clytemnestre l’horrible sacrifice à venir ; la jalousie d’Ériphile amoureuse d’Achille comme Iphigénie pourtant si bonne avec elle. Le choix de l’épopée aurait sûrement gagné à faire entendre un auteur antique plutôt que notre Racine national.