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Radu Mihaileanu photo
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Rencontre avec Radu Mihaileanu, président du Festival P’tit Clap

La cérémonie officielle du Festival P’tit Clap, dédié aux courts métrages de réalisateurs entre 15 et 25 ans, aura lieu ce samedi 10 juin au Pathé Levallois (92). Cette année, le scénariste, réalisateur et producteur Radu Mihaileanu, également vice-président de l’ARP, au soutien des réalisateurs français, a accepté la présidence du jury. Nous l’avons rencontré à cette occasion.

Radu Mihaileanu : « Nous craignons que ce soit beaucoup plus compliqué pour un jeune dans l’avenir de faire du cinéma »

BdC : Quand et comment avez-vous connu le Festival P’tit Clap ?

RM : En 2016, j’avais effectué une avant-première de mon film L’histoire de l’amour au Pathé Levallois. C’est là que j’ai eu connaissance de cet évènement formidable dédié aux jeunes réalisateurs. A chaque édition, Isabelle [Pauvert], la directrice de l’évènement, est adorable et me propose d’être président du jury. Jusqu’à présent, je n’ai pu honorer son invitation car j’étais soit en tournage, soit en promotion. Je suis ravi qu’on y arrive enfin.

BdC : Avez-vous le reflexe au quotidien de vous intéresser aux courts métrages réalisés par la jeune génération ?

RM : Au quotidien, ce serait mentir que de dire que je m’intéresse aux courts métrages de jeunes talents. Mais je suis passionné par le fait de regarder des courts métrages et de découvrir les cinéastes de demain. Je suis également attentif aux jeunes producteurs qui m’envoient leurs projets.

BdC : Ce genre de festival est-il le meilleur moyen selon vous pour faire émerger des nouveaux talents ?

RM : Evidemment ! C’est pour cela qu’il y a actuellement une telle polémique autour la baisse de subvention publique à l’égard du festival de Clermont-Ferrand, qui est le plus grand festival au monde dédié aux courts-métrages. Chaque réalisateur travaille sur un court métrage avant de s’attaquer à un long. Or, ce n’est pas à la télévision ou dans les cinémas que les courts métrages sont diffusés mais bien lors d’évènements comme P’tit Clap. S’ils venaient à disparaitre, on ne verrait plus dès lors émerger de jeunes cinéastes. Les festivals de courts métrages sont donc indispensables à la fois pour la découverte des talents, mais également pour permettre leur épanouissement dans un milieu professionnel.

BdC : Faire du cinéma est-il plus facile ou plus difficile qu’avant dans le contexte actuel ?

RM : Il y a deux réponses. Pour le court métrage, je pense que c’est plus facile. Il fallait auparavant tourner en pellicule. C’était un budget. Or aujourd’hui, le numérique a permis l’émergence de nouveaux outils qui rendent moins coûteux l’investissement de départ pour tourner. Pour les longs métrages, je rebondis sur le discours de Justine Triet à Cannes, la France a toujours été la patrie du cinéma avec la fameuse exception culturelle. Néanmoins, nous avons aujourd’hui, professionnels du cinéma,  une inquiétude concernant un modèle qui se dégrade. Il faut donc le faire évoluer, l’adapter à un monde qui change. Nous craignons que ce soit beaucoup plus compliqué pour un jeune dans l’avenir de faire du cinéma car il devra se plier à une logique de marché. C’est ce que nous souhaitons éviter à tout prix.

BdC : L’ARP a publié un communiqué en soutien à Justine Triet souhaitant un « modèle de cinéma fort et vertueux ». Qu’est-ce qui peut permettre d’accéder à cet objectif ?

RM : C’est très compliqué à expliquer. Il y a cependant deux mot clés : 1/ Indépendance, à la fois de la production et de l’auteur. Selon une logique de droit d’auteur à la française, l’auteur a le droit d’exprimer ce que bon lui semble. C’est ça qui crée la richesse. 2/ Diversité, toutes les pensées doivent pouvoir être exprimées sans considération politique, religieuse etc.

« On va surtout faire parler collégialement notre sincérité »

BdC : Quelles sont les clés d’un bon court métrage ?

RM : Je n’en sais rien du tout ! Il n’y a pas de clé particulière. Il faut être surpris. Si on se met des cadres et des objectifs précis, généralement cela ne marche pas. Quand je rencontre des jeunes cinéastes, je leur dis d’être surtout sincères, inventifs et innovants.

BdC : Est-ce que cela veut dire que vous allez porter votre voix samedi sur le court métrage qui va le plus vous surprendre ?

RM : Ah ah, déjà je ne suis pas seul. Il y a plusieurs membres du jury. J’en connais certains d’ailleurs. On va surtout faire parler collégialement notre sincérité.

En savoir plus :

  • La 14ème édition du Festival P’tit Clap aura lieu le samedi 10 juin au Pathé Levallois
  • Site officiel
Antoine Corte

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