Dix ans après sa précédente expédition, Luc Jacquet retourne avec Voyage au Pôle Sud en terres australes. Bien que le documentaire tente de renouer avec le succès du film “La marche de l’empereur“, ce carnet de voyage déçoit par son caractère introspectif qui le rend hermétique. La critique et l’avis de Bulles de Culture.
Synopsis :
En 1991, Luc Jacquet partait pour sa première mission en Antarctique. Trente ans plus tard, il revient là où tout a commencé pour lui. Une invitation au voyage au cœur d’une nature sauvage et grandiose qui n’a jamais cessé de fasciner les hommes et d’attirer les plus grands explorateurs.
Voyage au Pôle Sud : retour dans les terres antarctiques
En 2005, Luc Jacquet sortait en salle le documentaire “La Marche de l’Empereur“, filmant avec brio les terres antarctiques à travers le prisme du cycle de reproduction des manchots. Le film, à la lisière entre fiction et grand reportage, est un véritable phénomène au box-office (avec près de 2 millions d’entrées en salles en France) et s’exporte jusqu’aux États-Unis en obtenant l’Oscar du meilleur film documentaire en 2006.
Le cinéaste souhaite réitérer l’expérience cinématographique en 2015 avec “La Glace et le Ciel” puis en 2017 avec “L’Empereur“. Cependant, l’engouement pour le continent blanc semble s’estomper et les deux documentaires n’ont pas l’audience escomptée.
Avec “Voyage au Pôle Sud“, Luc Jacquet revient en terres australes sous la forme d’un carnet de voyage introspectif. Depuis sa première visite, le continent blanc agit comme un aimant sur le cinéaste, ne pouvant s’en détacher une fois revenu de son expédition.
Le parcours de l’explorateur débute en Patagonie, à la pointe des Andes. Il y retrouve l’ambiance, les bruits d’antan : les murmures des ailes du condor au-dessus de sa tête, les grincements de la glace au passage du bateau. La décennie passée loin de l’Antarctique laisse apparaître l’empreinte néfaste de l’homme sur la nature. Là où autrefois y trônait une forêt, les terres sont désormais arides et décimées. Luc Jacquet se dit habité par l’envie de revenir.
À tout instant, il sent la présence des grands explorateurs qui ont fait avant lui le trajet, à l’instar de Magellan et son équipe au 16ème siècle. Au Cap-Horn, le documentariste croise les baleines bleues. Le bateau fait sa première escale sur les terres vierges. Le glacier de Larsen, s’étendant autrefois sur des kilomètres, a pratiquement disparu. Dans le royaume des glaces, le voyageur rencontre un million de pingouins en Adélie. Mais le bateau est bloqué par les glaces qui obligent à prendre un détour. C’est le temps des naissances pour les phoques qui semblent bavarder avec leur sifflement constant sur la banquise.
Arrivé en plein cœur de l’Antarctique, Luc Jacquet retrouve les tant attendus manchots empereurs qu’il n’avait pas croisés depuis 10 ans. Avec ce nouveau film sur le continent austral, le cinéaste documentariste ne met plus en avant ses perceptions physiques mais axe son récit sur son ressenti émotionnel.
Un désordre auditif et visuel
Guidé par ses émotions, il raconte de manière ésotérique la nostalgie du voyageur qui n’a de cesse de vouloir retourner en Antarctique pour revoir l’animal qui a fait son succès. Ses pensées sont exprimées dans un texte, qu’il lit lui-même en voix off, issu d’un carnet d’écriture personnel où il conte ses rêveries.
Perdu dans ses pensées, le voyageur livre un récit très hermétique, toujours dans une introspection personnelle à laquelle on a du mal à accéder. On comprend que l’appel du grand froid est très fort, mais n’arrivant pas a en trouver lui-même la cause, l’explorateur nous perd avec ces phrases à consonnance philosophique mais dans la portée est vaine.
Le spectateur est donc laissé à des images qui auraient pu être sublimes si le noir et blanc ne venait pas diminuer l’attrait visuel du documentaire.
L’accumulation de musiques, toutes composées par Cyrille Aufort, force l’émotion. Elle agace plus qu’elle ne transporte. On sort forcément déçu de ce voyage auquel seul le cinéaste a pris part laissant son public à distance dans un désordre auditif et visuel.
En savoir plus :
- Date de sortie France : 20/12/2023
- Distribution France : Memento Films