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Paris se lève livre avis critique
Paris se lève livre avis critique

Critique / “Paris se lève” (2022) d’Armand Delpierre

Dernière mise à jour : mai 19th, 2024 at 02:48 am

Déjà deux livres à l’actif de cet auteur émergent, cinquantenaire, biberonné à la littérature policière anglo-saxonne, et plus particulièrement celles de George Pelecanos, Michael Connelly ou Ian Rankin. Pour entrer dans le cycle d’enquêtes qui s ‘annonce, il est préférable de débuter par Paris se lève, disponible au format poche chez Points, afin de mieux faire connaissance avec tous les protagonistes. La critique et l’avis sur le livre. 

Cet article vous est proposé par Chris. L

Un pari audacieux réussi qui allie subtilement fiction et réalité historique

Aucun temps mort, tout va très vite, les affaires se superposent, s’entrecroisent. Il faut être constamment sur la brèche, en sous effectif permanent. Quand le commissariat de la Défense débute son année 2015, entre le lundi 5 et le dimanche 11 janvier, nul n’imagine que des évènements dramatiques vont frapper Paris.

Trois principes animent Arnaud Delpierre ; chaque roman se déroule durant une semaine complète, Paris et sa banlieue sont le cadre de l’action, la fiction s’imbrique avec des évènements réels. À la résolution de crimes ou délits locaux ; le meurtre sordide à Neuilly d’une sexagénaire, Françoise, véritablement massacrée, le viol de la jeune Elsa, totalement détruite, et la poursuite de voleurs de pare-chocs, de pièces détachées dans les parkings de La Défense, vont s’ajouter des attentats terroristes qui ensanglanteront la capitale française.

Un pari audacieux réussi qui allie subtilement fiction et réalité historique. C’est avant tout le fonctionnement interne d’un commissariat qui est cœur de Paris se lève. La polyvalence est indispensable, les chevauchements des tâches sont courants. Qu’à cela ne tienne, à certains caractères bien trempés s’agrègent ceux plus malléables de collègues relégués à des tâches subalternes.

Plus qu’une équipe le commissariat est avant tout l’addition d’individualités où la concurrence règne, où il ne faut pas empiéter sur le territoire du voisin. Et comme le commissaire Philippe Lenfant, connu « sous le sobriquet de Mobylette » est plus attentionné à ses statistiques et au bâtonnage, pour être bien noté par sa hiérarchie, qu’à la gestion des effectifs, liberté et anarchie semblent imprégner les locaux. Pour résoudre l’insuffisance d’effectifs il ne faut pas hésiter à solliciter des stagiaires inexpérimentés, tenter de collaborer avec la police municipale, tache difficile, voire impossible.

Quand le 5 janvier débarque, à sa demande de Bretagne, Pierre Louis Madec surnommé PLM, une nouvelle période de sa vie démarre. Bien que policier expérimenté ayant déjà bien roulé sa bosse, il se retrouve subitement comme bizuté, recommençant ses classes, devant refaire ses preuves. Impliqué dans diverses tâches, comme « bouche-trous de luxe » sur les trois enquêtes en cours, c’est l’opportunité pour PLM d’analyser qualités et défauts de ses équipiers, en tentant de se faire respecter. Autonomes, parfois jusqu’à être de véritables free-lance, motivés, ils se révèlent pour la plupart très sympathiques.

Aucun héros dans ce commissariat, seulement des individus qui ont une vie personnelle plus ou moins heureuse, des qualités et des défauts, des angoisses. Ces hommes et femmes n’ont qu’une préoccupation ; résoudre les affaires dont ils ont la charge, avec rigueur, respect des procédures, rapidité pour se replonger dans de nouvelles investigations. Bousculés en permanence par les imprévus il faut faire preuve d‘adaptation, ce que fait aussi le lecteur aussi passant d’un sujet à un autre. Les attaques terroristes sont traitées avec sobriété, sans aucun voyeurisme.

Chaque jour Paris se lève et c’est toujours vers l’inconnu que sont projetés les enquêteurs de La Défense. Certains projets criminels, prêts à être exécutés sont débusqués, la course contre la montre étant dès lors déclenchée. Ce ne sont pas ceux nécessairement qui sont le plus attendus qui réussissent le mieux lors de certaines missions. Il y a le taulier Michel Poirier, Raphaël Suchaneki « gueule d’amour », le perpétuel ronchon qui ne tolère personne à ses côtés, Claire « la blonde sculpturale » dont le mari Marc est membre du RAID, Fontaine et Mentouri sur le coup avec les Stups, sans jamais être en action, et Kenza toujours en « écoute active », sans oublier des débutants brutalement lancés dans le grand bain.

Les rebondissements sont distillés à bon escient

Des intrigues bien menées, des personnages crédibles, le quotidien des policiers bien restitué, des victimes et des suspects crédibles, font de Paris se lève un bon polar, bien ficelé. Une lecture agréable, où les rebondissements sont distillés à bon escient. Faits historiques et création littéraire se marient avec intelligence. Avec Peine capitale, deuxième opus, Armand Delpierre permet de retrouver PLM et ses collègues, et de confirmer son talent d’auteur policier.

En savoir plus :

  • Paris se lève, Armand Delpierre, Plon, septembre 2022, 336 pages, 19,90 euros, Points, octobre 2023, 480 pages, 9,40 euros
  • Peine capitale, Armand Delpierre, Éditions Récamier, septembre 2023, 336 pages, 20,90 euros
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