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La Taupe Rouge critique livre avis

Critique / “La taupe rouge” (1969) de Julian Semenov

Aux Éditions du Canoë vient de paraître au mois d’octobre, Des diamants pour la dictature du prolétariat, après La taupe rouge en 2019, premier livre de Julian Semenov (1931-1993) traduit en France. Édité ex-URSS en 1969, sous le titre de 17 instants de printemps, incontestablement son plus grand succès, le livre est disponible dans la collection 10/18 depuis octobre 2020. L’avis et la critique du roman. 

Cet article vous est proposé par un rédacteur-invité, le chroniqueur Chris L..

Synopsis :

Maxime Issaiev, alias Max von Stierlitz est un agent soviétique infiltré en Allemagne nazie. Il a atteint le grade élevé qui lui permet de frayer parmi le très petit cercle des hauts responsables du régime. De février à avril 1945, depuis qu’il est certain que la guerre est perdue pour les Allemands, sa mission consiste à déjouer un complot que fomentent, chacun de leur côté, à l’insu des autres, de très proches conseillers d’Hitler pour sauver leur peau. Ils tentent de négocier, dans le dos des Russes, une paix séparée avec les Anglo-Américains pour contrer la menace soviétique. Le dénouement devrait intervenir en Suisse.

17 instants de printemps renommé La taupe rouge

En changeant le titre initial du roman, il s’agit d’un clin d’œil adressé à John le Carré et son célèbre La taupe en 1974, premier volume de La trilogie de Karla. Alors que David John Moore Cornwell, dit John le Carré, est célèbre en France et dans le monde entier, Julian Semenov se contente de jouir d’un énorme succès seulement dans son pays de naissance, grâce à ses livres et la série TV mettant en scène Stierlitz.

Le colonel Maxime Issaiev, de l’armée russe, agit sous le nom de couverture de Max von Stierlitz, SS-Standartenführer, espion infiltré depuis 12 ans dans les services secrets allemands. Vers la fin de la guerre, entre février et mars 1945, la taupe rouge doit tout faire pour empêcher certains caciques du régime nazi, des officiers supérieurs du SD et de la SS, de négocier une paix séparée avec les forces anglo-américaines, avant tout pour sauver leurs vies. Pour le Kremlin, Il est impensable qu’une telle négociation, déjà engagée avec le général Waffen SS Karl Wolff, se fasse au détriment des forces soviétiques. Pour faire échouer ces actions Stierlitz doit toucher avec discernement les têtes pensantes.

Stierlitz vit seul à Berlin, ayant laissé à Moscou sa femme, ainsi que son fils, qu’il n’a pas revue depuis 23 ans. Käthe et Erwin, un jeune couple l’aide à transmettre les messages codés vers les services de renseignements russes. Un bombardement où le jeune homme disparaît, l’arrestation de la future mère, mettent en péril la taupe rouge. Il ne manque pas de ressources, use de stratagèmes élaborés et n’hésite pas s à tuer en cas de nécessité. Grâce à un niveau hiérarchique suffisamment élevé, il côtoie les hauts responsables et réussit à s’en faire apprécier. Cependant, certains ont des doutes et ne l’aiment pas, comme Müller, le chef de la IVe section du RSHA (Gestapo), « Impitoyable avec les ennemis du Reich». La marge de manœuvre est étroite mais Sterlitz doit continuer de paraître un nazi convaincu pour agir au mieux des intérêts de son pays.

Espionnage durant la seconde guerre mondiale sous la plume d’un auteur russe

La Taupe rouge couverture

Chaque individu qui à un rôle principal est présenté selon le modèle d’une fiche succincte des services secrets allemands. Les descriptions sont claires et édifiantes. Les dysfonctionnements internes entre les différentes unités au service du Reich sont décortiqués de manière très précise. Dans ce roman qui peut être qualifié d’historique, sont notamment croisés ou largement décrits ; Himmler, Bormann, Göring, le général Kaltenbrunner, et Allen Dulles, directeur de l’Office des Services stratégiques à Berne. Comme dans tout roman d’espionnage, La taupe rouge incorpore des filatures, de fausses pistes, des chausse-trappes, des mensonges, des doubles jeux, des trahisons et du suspense.

Histoire et fiction sont très habilement associées. Il faut attendre les toutes dernières pages de ce roman, auquel le lecteur adhère très vite, pour connaître les résultats des actions entreprises par  la taupe rouge. La découverte du héros de Julian Semenov, écrivain au parcours atypique, est une excellente surprise. Un livre soigné, très bien renseigné, avec une solide intrigue, de l’action et des rebondissements. , est très rare, presque un évènement. Max von Sterltz, rusé, manipulateur, est attachant et le lecteur souhaite le retrouver au plus vite. 1931 fût une excellente année, avec les naissances de Julian Semenov et de John le Carré, de grands auteurs !

En savoir plus :

  • La taupe rouge, Julian Semenov, Editeur 10/18, octobre 2020, 408 pages, à partir de 8.10 euros (poche)
Bulles de Culture - Les rédacteur.rice.s invité.e.s

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