Dernière mise à jour : novembre 7th, 2020 at 01:14
Les icônes et les artistes du Pop Art s’exposent au Musée Maillol jusqu’au 21 janvier 2018 et c’est un coup de cœur pour Bulles de Culture. Notre avis sur l’exposition POP ART : Icons that matter.
Des artistes du Pop Art au Musée Maillol
Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Mel Ramos, Allan d’Arcangelo, Rosalyn Drexler, ce sont les artistes Pop Art exposés au Musée Maillol dans le cadre de l’exposition POP ART : Icons that matter. Une exposition organisée grâce à des prêts du Whitney Museum of American Art de New-York qui vous conduit sur les traces d’une époque, celle des années 60 et 70, et d’un mouvement aux prises avec la société de consommation émergente. Bulles de Culture a aimé.
POP ART : Icons that matter : Des icônes et des bombes
Couleurs éclatantes, collages, graphisme épuré, et grands noms. C’est ce qui fait la publicité de l’exposition POP ART : Icons that matter. Une invitation à (ré)explorer les différentes facettes du mouvement artistique pop. À travers une sélection aussi diverse que fascinante, “l’American way of life” se déploie avec faste : influences conjuguées de la publicité et du cinéma, objets phares de la consommation, refus de s’inscrire dans les faits d’actualité de l’époque. C’est une Amérique de papier glacé à la recherche d’un rêve qui étincelle dans les œuvres des artistes pop. L’émergence de la société de consommation, obsédée d’apparences et de réussite, conduit ainsi les artistes à reconstruire une trinité faite de chair et de sang américains qui s’incarne dans des êtres à valeur d’icônes. Il s’agit par exemple de Marilyn Monroe, immortalisée par Andy Warhol et Rosalyn Drexler, ou de Jacky Kennedy que l’on retrouve dans les œuvres d’Andy Warhol et d’Allan d’Acangelo.
C’est encore une génération à la recherche d’un rêve de bonheur qui se construit à travers le mouvement pop : les voitures rutilantes de James Rosenquist entrent en écho avec un monde où le cinéma et les comics offrent à rêver une vie épanouie, toute inscrite dans la modernité naissante. Cette vie policée est saisie par l’art de Roy Lichtenstein qui s’amuse à moquer la trop lisse perfection de ses modèles en insérant le pointillisme des représentations dans ses toiles.
Tuer le temps
Est-on bien sûr-e-s que le Pop Art nous vend du rêve ? Il semble en tout cas qu’il soit impossible à ses artistes de se détacher tout à fait des drames de l’histoire ou des sujets graves. Ainsi, certaines œuvres d’Andy Warhol dans l’exposition POP ART : Icons that matter nous montrent un Pop Art soucieux, concerné : une représentation de Jacky Kennedy avant l’assassinat de son époux, pendant l’enterrement et après le drame semble montrer que l’icône échappe à l’idéalisme iconique qui l’entoure pour se teinter d’une tristesse lourde.
On voit encore Marilyn Monroe fuir devant un journaliste que le titre invite à voir comme une allégorie de la mort dans une toile de Rosalyn Drexler. L’icône semble ainsi brisée d’avance par une fatalité qui rappelle la tragédie. De même, une série de clichés sérigraphiés d’Andy Warhol autour de la chaise électrique questionne l’horreur de la pratique de la mise à mort. Il semble difficile à la fin de l’exposition d’accuser les artistes du Pop Art de naïveté.
Clichés moqueurs et moqués

Ré-exploitant tous les clichés de la représentation, le Pop Art a longtemps été conspué pour sa complaisance à l’égard de la société de consommation. Mais l’apparente simplicité des œuvres n’est-elle pas un leurre qui cache ironie ou satire de la société américaine ? C’est ce qu’une série d’œuvres autour de la représentation des femmes suggère au fil de l’exposition POP ART : Icons that matter.
Ainsi, les œuvres de Mel Ramos en viennent à interroger les représentations érotiques ou érotisantes que l’on fait des femmes dans la publicité. Sa toile Tobacco Rhoda qui exhibe une femme dénudée assise sur un paquet de Philipp Moris en est un exemple criant. De la même façon, l’exposition montre une série de photographies dans lesquelles l’artiste superpose des clichés nus de sa femme dans des positions suggestives avec des images d’oiseaux tirées d’une imagerie de reportage. Le contraste produit un effet burlesque qui moque cet érotisme de papier glacé.
Le Pop Art se moque aussi des représentations sexualisées des femmes : l’insistance sur certains attributs séduisants de la femme dans les toiles de John Wesley joue sur l’exagération, sur une forme d’hyper-sexualisation d’un pied ou d’une bouche, comme pour dénoncer la facilité des clichés dans la représentation de la femme comme icône sexuelle. L’emprisonnement du corps de la femme est encore montré par Christina Ramberg. La toile présentée dans l’exposition représente un buste de femme engoncé dans un vêtement tenant à la fois de la prison et du vêtement sexy. Ce corps de femme est réduit à sa matérialité par l’absence de visage. On découvre enfin May Stevens, artiste engagée dans le féminisme, et ses représentations des Sugar Daddy dont le caractère libidineux s’incarne dans des formes phalliques de visages.
POP ART : Icons that matter : Une exposition coup de cœur
Courte mais riche et dense, l’exposition POP ART : Icons that matter permet en tout cas d’enrichir notre connaissance du mouvement artistique en nous présentant une palette complète de ses artistes et de son développement. Coup de cœur Bulles de Culture, c’est un beau parcours à ne pas manquer !
En savoir plus :
- POP ART : Icons that matter au Musée Maillol (Paris, France) du 22 septembre 2017 au 21 janvier 2018.
- Informations pratiques sur Page Facebook du musée Maillol
- D’autres œuvres d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein sont en ce moment exposées à la Fondation Louis Vuitton dans le cadre de l’exposition Être moderne : le MoMa à Paris
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