Dernière mise à jour : mars 8th, 2021 at 12:12 am
Avec le documentaire Croix-Rouge, des femmes dans la guerre, Valérie Jourdan revient sur la création de l’association d’aide humanitaire et sur son déploiement pendant la Grande Guerre. Une épopée fascinante diffusée sur la chaîne Histoire TV le lundi 12 novembre 2018. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur ce documentaire diffusé sur la chaîne Histoire.
Synopsis :
Elles ont été 25 000 infirmières de la Croix-Rouge mobilisées volontairement en 1914, bénévoles formées rapidement et qui doivent faire face à des plaies que l’on n’avait encore jamais vues. La Grande Guerre va ainsi jouer un rôle déterminant dans le développement de la Croix-Rouge telle qu’on la connaît, et ce, grâce aux milliers de femmes qui s’engagent.
Croix-Rouge, des femmes dans la guerre : des figures émouvantes
Ce qui fait la réussite absolue du documentaire Croix-Rouge, des femmes dans la guerre tient en grande partie aux figures féminines variées et touchantes que le documentaire présente. Petites mains anonymes dont on entend des passages de journaux intimes, femmes de forte tête comme celles du Scottish Woman Hospital, installées dans l’Abbaye de Royaumont.
Valérie Jourdan saisit avec talent ce qu’est la condition des femmes au début du XXe siècle à travers des exemples précis : Frances Ivens, chirurgienne de talent qui, quand elle arrive à l’Abbaye de Royaumont, n’a jamais pu opérer que des femmes et des enfants et qui se forme elle-même pour faire face aux blessures de guerre ; Yolande de Baye qui a refusé le couvent et s’engage corps et âme pour la création d’un hôpital auxiliaire à Verdun et obtient une légion d’honneur ; Marie Curie qui, malgré sa notoriété, peine à ce qu’on l’autorise à s’approcher du front et qui sauve des milliers de vie avec ses “petites Curies”.
Croix-Rouge, des femmes dans la guerre rend ainsi un hommage émouvant à ces femmes fortes dont le courage n’est pas étranger au combat pour l’égalité, mais aussi à toutes les anonymes qui oeuvrent dans les hôpitaux auxiliaire à l’arrière, puis au plus proche des combats.
Une histoire de la médecine
Ce que le documentaire Croix-Rouge, des femmes dans la guerre explore également, c’est une forme d’histoire de la médecine. En alternance avec les passages de journaux intimes interviennent Françoise Thébaud, historienne, Bernard Marc, médecin chef et historien de la médecine, ou encore Yves Passeraud, historien et fils de l’une de ces anges blancs. Leurs analyses apportent un contre-point fascinant sur le mouvement historique global qui surpasse les individualités.
Ce que la Grande Guerre apporte, c’est une traumatologie particulière : les éclats d’obus et les infections conduisent à de nombreuses amputations. Un scandale sanitaire éclate en outre sur les conditions de rapatriement des soldats blessés. La Croix-Rouge doit faire face à une crise sanitaire majeure et jamais vue, tout en développant une prise en charge des blessés qui réponde à des normes d’hygiène depuis le front jusqu’aux hôpitaux auxiliaires.
Il faut également répondre aux besoin des “gueules cassées” de la Grande Guerre, et c’est ainsi que naissent l’orthopédie, la radiologie, la neurochirurgie, mais aussi la chirurgie faciale. Cela aboutit au développement de spécialités précises, qui obligent les femmes à se former davantage.
Ce déploiement de plus en plus efficace aboutit enfin à une réorganisation de l’association humanitaire selon un schéma qui emprunte à l’armée ; c’est ce que l’arrivée d’Edmée Nicole met en place en 1939, et qui préside au déploiement de la Croix-Rouge lors de la Seconde Guerre mondiale.
Valérie Jourdan offre donc avec Croix-Rouge, des femmes dans la guerre un contre-point intéressant sur la Grande Guerre et ses conséquences sanitaires et sociales.
En savoir plus :
- Croix-Rouge, des femmes dans la guerre a été diffusé sur la chaîne Histoire les lundi 12 novembre 2018 à 20h40, mardi 13 novembre 2018 À 22h30, samedi 17 novembre 2018 À 12h10, lundi 19 novembre 2018 À 19h35, vendredi 30 novembre 2018 À 16h55, jeudi 6 décembre 2018 À 16h55
- Durée du documentaire : 51 minutes