Dernière mise à jour : janvier 22nd, 2020 at 09:22 pm
Non, ce n’est pas la dernière œuvre de Shepard Fairey sur un immeuble parisien, mais une fresque, Sur les pas de l’égalité, née de l’imagination conjointe d’élèves d’une classe de Quatrième et du graffeur David Hurtado, qui vient orner une cour de collège. Bulles de Culture vous raconte ce projet artistique.
Au Collège Pierre Vernotte dans le Jura, une surprise de taille attend les élèves à la rentrée : une vaste fresque a vu le jour pendant les vacances. Imaginée par une dizaine d’élèves de Quatrième, dessinée par David Hurtado et réalisée par le petit groupe pendant les trois premiers jours des vacances, la fresque Sur les pas de l’égalité est le fruit d’un travail de réflexion de plusieurs semaines.
Sur les pas de l’égalité : Les collégiens s’emparent du thème de l’égalité Homme-Femme
Au Collège Pierre Vernotte, c’est tout le niveau Quatrième qui a été sensibilisé à la problématique des inégalités Homme-Femme, soit en travaillant sur la représentation et la place des femmes dans le street-art, soit en s’interrogeant sur la place des femmes dans les carrières scientifiques. De ces projets est née l’envie de laisser une trace tangible du travail accompli. C’est ainsi que germe l’idée d’une fresque sur le thème de l’égalité.
Le collège opte alors avec ambition pour un mur extérieur, au cœur de la cour de récréation, aux larges dimensions : une vingtaine de mètres de longueur, presque trois de hauteur. Sont alors recrutés une dizaine d’élèves de Quatrième volontaires. Encadrés par David Hurtado, graffeur professionnel, et par leur professeure de français, les collégiens viennent échafauder ensemble un projet lors de plusieurs mercredis après-midi. Les idées fusent autour de couleurs, de symboles, de figures.
Une réalisation méticuleuse
Une ébauche schématique voit le jour : deux figures, l’une féminine, l’autre masculine ; un mur scindé en rose et bleu ; au centre, un « trou » violet qui aspirera des mots négatifs tandis qu’apparaitront sur les murs une myriade de mot positifs. Nos apprentis-artistes se décident pour les figures de Marie Curie et Martin Luther King et forgent deux slogans : « Il ne faut pas sous-estimer un être humain : femmes et hommes sont capables de grandes choses » et « Quand homme et femme s’unissent, l’égalité refait surface ». À partir de ces idées, c’est le graffeur David Hurtado qui planche à son tour et qui propose à l’établissement une magnifique esquisse : deux silhouettes en dégradés de noir, gris et blanc agrémentées de triangles colorés, des couleurs lumineuses pour le fond, et l’inscription des symboles Homme et Femme au centre de la fresque.
Le projet suscite l’enthousiasme de l’équipe de direction autant que du petit groupe d’élèves. C’est encore David Hurtado qui supervise la réalisation de la fresque Sur les pas de l’égalité avec les collégiens ravis d’attraper les pinceaux pour donner vie et se montrer à la hauteur de la splendide maquette qu’ils ont sous les yeux. Coutumier du fait, David Hurtado a réalisé de nombreuses fresques murales et a même créé son auto-entreprise : Hurtdéco. Il accompagne nos graffeurs en herbe si bien que le résultat est saisissant. La précision du dessin de David Hurtado conjuguée à l’application de nos adolescents, encadrés d’une main de maître, conduisent à une éblouissante réussite. La question de l’égalité n’aura jamais été aussi vivante, vibrante et incarnée pour les collégiens que sous leurs pinceaux.
Marie Curie et Martin Luther-King : De belles figures de proue
On ne peut que saluer le choix des collégiens pour ces deux figures tutélaires que deviennent Marie Curie et Martin Luther King dans leur fresque Sur les pas de l’égalité. C’est un bel hommage rendu à deux parcours singuliers et essentiels, absolus et nécessaires. Le courage et l’engagement de nos deux personnages ont été récompensés par l’Académie suédoise, ce qui leur offre un point commun. En plus, il faut également rappeler que ce ne sont pas les “Prix Nobel” les plus « classiques ».
Car Marie Curie obtient un premier Prix Nobel en physique en 1903 avec son mari Pierre Curie, et un second en chimie en 1911. À ce moment-là, elle est déjà veuve. Elle est la première femme à recevoir un Prix Nobel, et reste actuellement la seule femme à en avoir reçu deux. De plus, quand elle est récompensée en 1911, elle fait l’objet en France d’une campagne calomnieuse et raciste : on étale dans la presse sa liaison avec Paul Langevin – elle est veuve mais il est marié –, on décrie cette Polonaise qui a osé dévoyer un honnête homme. L’ampleur de la campagne est telle que l’Académie des Nobel lui demande de renoncer à venir recevoir son prix. Marie Curie tient bon, rappelant avec cran qu’une récompense pour son travail scientifique n’a pas à être mêlée à des histoires privées. Pour répondre à la vindicte populaire, elle va recevoir son prix avec un discours toute en retenue et en modestie dans lequel il ne sera question que de son travail scientifique. Belle réponse. Et elle engage toute sa personne, son énergie et sa conviction lors de la Première Guerre mondiale. Beau pied-de-nez à tous ceux qui la voulaient hors de France.
Quant à Martin Luther King, il devient le plus jeune lauréat quand il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1964. C’est une belle et immédiate reconnaissance accordée à son combat pour les droits civiques, contre la ségrégation et pour la paix. Car Martin Luther King prône la non-violence envers et contre tout dans une Amérique où les tensions sont exacerbées et où les armes ornent bien trop souvent les poings. À l’heure où la jeunesse américaine se soulève contre les armes et à l’heure où l’on fête tristement les cinquante ans de son assassinat, l’engagement de Martin Luther King reste d’une brûlante actualité.
En savoir plus :
- La fresque Sur les pas de l’égalité se trouve dans la cour du Collège Pierre Vernotte à Moirans-en-Montagne, dans le Jura. Son inauguration officielle aura lieu le jeudi 3 mai 2018
- Vous pouvez retrouver l’univers artistique de David Hurtado sur son site Hurtdéco et sur sa page Instagram Hurtcreation