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Laurent Bateau photo
© Guillaume Plas

Interview / L’acteur Laurent Bateau : “Surprendre et être curieux de tout”

Avec plus d’une cinquantaine de films à son actif, Laurent Bateau est dirigé depuis 1996 par des grands noms du cinéma, tels que Jean-Jacques Beineix, Yvan Attal ou Clint Eastwood. Récemment, il fait une apparition dans le film C’est magnifique ! de Clovis Cornillac. Bulles de Culture a rencontré l’acteur. 

Bulles de Culture : Vous avez une longue filmographie. Vous commencez votre carrière tout de suite avec des grands noms : Bertrand Tavernier, Jean-Jacques Beineix. Comment avez-vous réussi à créer ces collaborations ?

Laurent Bateau : C’est au départ mes agents qui m’ont permis de faire ces rencontres. Bertrand Tavernier avait besoin d’acteurs disponibles sur de longues périodes. Pour des jeunes acteurs comme moi, c’était une aubaine. Bertrand Tavernier connaissait tout le monde. Il allait énormément au théâtre pour repérer des nouveaux talents.

La rencontre avec Beineix s’est faite suite à un casting que j’ai passé pour son film.

Ce sont des noms très impressionnants, mais le travail est très facile avec eux. Je rentrais ainsi dans le bain de la profession.

Bdc : Il y a une grande diversité dans les générations de réalisateurs que vous avez côtoyés : entre grands cinéastes (Clint Eastwood ; Bertrand Tarvernier…) et talents émergents comme Audrey Diwan, Franck Dubosc pour son premier film :

Laurent Bateau : A chaque film, c’est une personnalité et une façon de travailler différente. Pour certains, c’est très cérébral, d’autres très organique. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de différences entre les générations de réalisateurs pour lesquels j’ai travaillé. Ce qui diffère en revanche, c’est la manière d’aborder les scènes. Certains veulent des choses très figées, tu as l’impression d’un travail très scolaire. D’autres te laissent tellement de liberté que c’est tellement jouissif.

J’ai l’impression de toujours débuter quand je rencontre un nouveau réalisateur. Il faut que je m’approprie ses recherches, sa manière de faire du cinéma. Je n’ai pas voulu être catalogué dans une seule bande, être toujours associé aux mêmes noms. Cela peut perturber car certains ne voient pas une ligne directrice dans ma carrière. Je préfère pourtant cela : surprendre et être curieux de tout.

Laurent Bateau : “le public regarde aussi de plus en plus des programmes qualitatifs à la télévision

Bdc : Pourquoi travaillez-vous également beaucoup pour des séries ?

Laurent Bateau : Il y a eu énormément de mépris pour les séries au départ. Et puis, il y a eu le service public qui est arrivé avec des programmes beaucoup plus qualitatifs. Il gagnait des prix un peu partout. Je situe le début de ce renouveau de la série française au moment de la sortie de Clara Sheller. Renaud Bertrand avait très bien écrit cette histoire qui a captivé.

Au fil du temps, le public regarde aussi de plus en plus des programmes qualitatifs à la télévision. Il demande un niveau artistique plus important. C’est pour cela que je me suis vite tourné vers l’univers de la série.

Bdc : Vous apparaissez dans Detox pour Netflix. Comment était le tournage ?

Laurent Bateau : Ma première rencontre avec les plateformes était pour OCS. Celle-ci appréhendait de façon très singulière la production. Il fallait simplement laisser faire les créateurs et voir le résultat. Pour Netflix, c’est exactement pareil. Détox était destiné à être un programme de niche qui a eu finalement un fort retentissement. Cela a été fait sans censure, sans contrainte. On était libérés.

Bdc : Vous avez également du nez pour choisir vos courts-métrages. Vous avez notamment joué dans ceux de Samuel Benchetrit, Carine Tardieu, artistes qui sont ensuite devenus très connus. Comment avez-vous sélectionné ces courts métrages ?

Laurent Bateau : De manière générale, je suis très attaché à l’écriture. Quand je vois un scénario bien ficelé, je n’hésite pas. Surtout que personne ne m’attend dans cet exercice. Je suis donc libre à 300% d’accepter ce que je veux. C’est la liberté que je me suis fixé.

Pour le public, il y a évidemment mon rôle dans OSS 117 : Le Caire nid d’espions”

Bdc : Avez-vous eu des petits rôles qui resteront mémorables pour vous ?

Laurent Bateau : Oui. Je garde notamment en tête le tournage de Polisse réalisé par Maïwenn. A un moment donné, Karin Viard et moi interprétions un couple qui se sépare devant un juge. A la fin de la scène, au moment où le divorce est prononcé, Karin s’approche de moi et vient respirer mon odeur. C’était comme si elle prenait une dernière dose de son ex. Je garde un souvenir inoubliable de cet instant magique.

Pour le public, il y a évidemment mon rôle dans OSS 117 : Le Caire nid d’espions. On m’arrête encore dans la rue pour me demander “Comment est votre blanquette ?”

Bdc : A l’heure où les films français souffrent en salle, quel avenir voyez-vous pour le cinéma ?

Laurent Bateau :  Ce n’est pas possible que les gens ne reviennent pas dans les salles. Il y a actuellement un climat de peur. Mais je suis persuadé qu’il va se tarir. L’offre doit être sublime pour pousser le public à revenir. Le plaisir de la salle n’est pas pour moi dans la consommation. Il est dans le luxe d’avoir une projection sur un grand écran avec une qualité optimale.

Entretien téléphonique réalisé le 27 juillet

Antoine Corte

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