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Les meutes photo film 1

Interview / Kamal Lazraq, immersion dans les quartiers de Casablanca avec Les meutes

Né à Casablanca, Kamal Lazraq vient faire ses études de cinéma en France à l’école de la FEMIS. Pour ses premiers courts métrages, le réalisateur revient tourner au Maroc. Les meutes est son premier film. Le long métrage, lauréat du prix du jury Un certain regard au dernier Festival de Cannes, est une immersion dans les faubourgs populaires de Casablanca dans lesquels un père et son fils vivent une longue nuit empêtrés dans les trafics de la pègre locale. Le film est dans les salles de cinéma depuis le 19 juillet. 

Kamal Lazraq, un réalisateur venu du maroc

« Avec des acteurs non-professionnels, il y a une telle énergie, une telle créativité que cela me stimule pour réaliser des films»

BdC : Vous êtes originaire de Casablanca (Maroc). Vous suivez les cours de la FEMIS à Paris. Comment vous êtes-vous retrouvé à faire des études en France ?

KL : Je suis arrivé à Paris en suivant des cours de sciences politiques. J’avais à ce moment-là l’envie de faire du cinéma. On m’a alors parlé de l’école de cinéma de la FEMIS. Pendant mes années à la faculté, ma cinéphilie s’est beaucoup développée. A la fin de mon cursus de sciences politiques, j’ai tenté l’entrée à la FEMIS. J’ai intégré l’école en réalisation.

Bdc : Aviez-vous tout de suite une appétence pour les films noirs comme le montre Les meutes ?  

KL : Au début, j’étais déjà dans cette veine. Après, j’ai beaucoup évolué au fil des expériences et des films. C’est lors de mon travail de fin d’étude que je suis retourné à Casablanca pour la première fois depuis que j’étais parti. J’ai alors trouvé un dispositif singulier qui me correspondant : celui de filmer cette ville en construisant une histoire autour d’acteurs non-professionnels.

BdC : Pourquoi avoir eu le besoin de revenir au Maroc pour faire du cinéma ?  

KL : Ayant grandi à Casablanca, les premières histoires que j’ai eu envie de raconter venaient de là. En plus, il y a tellement de choses à raconter sur le Maroc, et sur Casablanca en particulier, avec une telle profusion de talents. Avec des acteurs non-professionnels, il y a une telle énergie, une telle créativité que cela me stimule pour réaliser des films.

BdC : Votre dernier court-métrage, Moul Lkelb, qui évoque également les combats de chiens, est-il une ébauche préparant Les meutes ?  

KL : Je dirais que c’est le prolongement du même univers sans être une histoire similaire. C’est un peu le même dispositif. Le court métrage se passe également en une nuit à Casablanca. Je trouvais intéressant de mettre une tension narrative grâce à une unité temporelle.

« J’avais envie d’avoir une trame narrative assez simple entourée de multiples touches de burlesque»

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BdC : Comment avez-vous connu cet univers lié aux combats de chiens et pourquoi y avoir trouvé une inspiration ?  

KL : C’est dû au hasard ! J’avais un ami qui évoluait un peu dans ces sphères-là. Je trouvais fascinant la métaphore qu’il pouvait y avoir entre les combats de chiens et la lutte sociale de ces jeunes qui organisaient ces combats.

Une nouvelle vague du cinéma marocain ?

BdC : Les meutes empreinte les codes du film noir avec des notes d’humour grâce à des situations ubuesques subies par le père et son fils. Pourquoi avoir joué avec les genres pour ce premier long métrage ?  

KL : J’avais envie d’avoir une trame narrative assez simple entourée de multiples touches de burlesque. Ces dernières ont également été apportées par les acteurs qui apportent cette singularité au film. On sort du côté premier degré inhérent à l’histoire de fond.

BdC : Pourquoi souhaitiez-vous faire appel à des comédiens non-professionnels dans votre film ?

KL : Cela amène une grande liberté avec beaucoup d’authenticités. Sur le plateau, on n’est pas dans l’enregistrement d’un scénario préétabli mais dans la création pure. J’essaye de trouver une cohérence entre ce qui est écrit et ce que les acteurs peuvent proposer. Cela permet de confectionner un film plus instinctif. Mais les rushs sont encore assez bruts. Il faut peaufiner ensuite la construction au montage.

BdC : Comment d’écrire cette relation filiale entre le père et son fils ?

KL : Pour le fils, il y a énormément de respect à l’égard de son père. La tragédie opère un basculement avec l’émancipation du fils par rapport au père qui perd pied. Tout ne passe pas uniquement par les dialogues. Il y a beaucoup de gestes qui décrivent bien l’état de leur relation.

BdC : Quel est votre regard sur le cinéma marocain contemporain ?

KL : Il y a d’une part les réalisateurs confirmés qui sont bien installés et qui rayonnent à l’international, comme Nabil Ayouch, Maryam Touzani etc… Une nouvelle génération est en train d’arriver avec de nouvelles thématiques. On a la chance au Maroc d’avoir des bons techniciens, formés sur les coproductions étrangères. Le gouvernement marocain aide également énormément au développement des projets.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 19/07/2023
  • Distribution France : AdVitam
Antoine Corte

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