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Interviews / “Éléonore” : Amro et Nora Hamzawi réunis à Angoulême

Dernière mise à jour : avril 7th, 2021 at 06:06 pm

Amro Hamzawi est venu défendre cette année en compétition du Festival du Film Francophone d’Angoulême Éléonore (2020), son premier film en tant que réalisateur. Le long métrage, sur une jeune femme qui change de vie sous la pression de sa mère et de sa sœur, est presque une histoire de famille puisque le cinéaste a choisi sa sœur, l’humoriste et comédienne Nora Hamzawi, pour interpréter le rôle principal. Bulles de Culture les a rencontrés pour évoquer cette première aventure cinématographique commune. 

“Chacun était responsable de l’autre sur le tournage d’Éléonore

Bulles de Culture : A quel moment ce film est devenu une histoire de famille ? 

Amro Hamzawi : Dès le départ ! Le projet était de travailler ensemble. On voulait parler de cette aventure familiale en famille. Il y a un facteur d’identification fort avec ce film car tout le monde à une famille.

Bulles de Culture : Est-ce compliqué de faire un film entre frère et sœur ? 

Nora Hamzawi : Il y a des choses qu’on peut faire ensemble et d’autres non. Par exemple, ce n’est pas possible d’écrire ensemble car on raconte des histoires complètement différentes avec des messages et un tempo qui ne s’accordent pas. Sur le tournage, cela a été très fluide de comédienne à réalisateur. En tant que comédienne, on a toujours envie de ne pas décevoir son réalisateur. Là, l’enjeu était également de ne pas décevoir mon frère.

Amro Hamzawi : Chacun était responsable de l’autre sur le tournage d’Éléonore. Il y avait cette attention particulière avec Nora que je n’ai évidemment pas avec une actrice “lambda”.

Bulles de Culture : Vous avez dit qu’Éléonore était un rôle de composition. Pourquoi ?

Nora Hamzawi : J’étais ravie d’interpréter ce rôle. Je crée des textes où c’est un faux moi mais je parle quand même à la première personne en y mettant des éléments de ma vie. Pour Éléonore, j’étais vraiment au service du réalisateur et de son scénario.

Amro Hamzawi : Quand on écrit avec sincérité, chaque auteur met de son ressenti et de son expérience. Éléonore, c’est personnel mais pas autobiographique. Mon désir était de parler de cette génération en perte totale de repères sur les aspects amoureux, professionnel, sexuel…

La génération actuelle vit avec beaucoup d’incertitudes par rapport à la génération précédente. Cela me fait plaisir de retranscrire cela. Tous les personnages de ce film sont une facette de moi. C’était important que mon personnage principal s’accomplisse non pas en rencontrant quelqu’un d’autre mais en se rencontrant elle-même.

“C’est loin de ce qu’on connait de moi”

Eleonore_02 photo interview Nora Hamzawi
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Bulles de Culture : Comment vous situez-vous par rapport à cette génération en perte de repères que vous décrivez, plutôt observateurs ou acteurs ? 

Amro Hamzawi : Nora est beaucoup moins paumée qu’Éléonore, beaucoup plus fonctionnelle.

Nora Hamzawi : Je suis en effet beaucoup plus stable qu’Éléonore, et que mon personnage sur scène aussi d’ailleurs.

Amro Hamzawi : Éléonore est beaucoup plus introvertie que toi aussi.

Nora Hamzawi: Oui, mais je pense que je peux avoir la timidité d’Éléonore dans la vie privée. Mais c’est loin de ce qu’on connait de moi. J’ai par contre énormément d’amis qui ont ses questionnements existentiels.

Amro Hamzawi : Les réseaux sociaux ont beaucoup accentué le fait de penser qu’il y a une norme de la réussite et de la beauté physique. Les gens sont devenus un peu plus dépendant du regard des autres.

“Je voulais faire un roman graphique”

Bulles de Culture : Quelle est l’importance d’être soi-même dans le film ? 

Amro Hamzawi : Il y a un processus de relooking dans le film. La normalité recherchée par Éléonore n’existe pas. Elle est subjective.

Nora Hamzawi : A défaut d’être aimée par des étrangers, elle veut d’abord plaire à sa famille.

Bulles de Culture : Dans la réalisation, le film Éléonore adopte un style très urbain ? 

Amro Hamzawi : Complètement. Je voulais faire un roman graphique. Je pense à Ghost World (2001). Je voulais raconter la solitude des personnes qui vivent les uns à côté des autres. J’aimais beaucoup la névrose et la faille chez chaque personnage. Éléonore est sauvée par la volonté de créer une meilleure version d’elle-même. Ce qui n’est pas forcément le cas des autres protagonistes.

Propos recueillis le 30 août au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2020 le 30 août.

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Antoine Corte

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