Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Les promesses Thomas Kruithof film FFIP 2022
© Bulles de Culture

Festival du Film de Carcassonne 2022 / Meilleurs moments du dimanche 16 janvier

Dernière mise à jour : novembre 12th, 2022 at 11:10 am

Fier de ses 4 460 spectateurs ce week-end, le Festival International du Film Politique de Carcassonne remplit déjà ses objectifs d’affluence avec de nombreuses salles combles. Côté programmation, l’évènement continue de proposer de belles découvertes, parfois inédites en France. Ce dimanche 16 janvier, c’est le documentaire Chasser les dragons sur les salles de shoot et la fiction Les promesses qu’il fallait absolu voir ! 

Chasser les dragons : vers un prix pour ce documentaire tourné dans une salle de shoot ?

Chasser les dragons est un long métrage belge en sélection documentaire du Festival International du Film Politique de Carcassonne 2022. Le film réalisé par Alexandra Kandy Longuet suit le quotidien d’une salle de consommation en Belgique, ouverte tous les jours de l’année.

Le documentaire fait rentrer le spectateur dans un lieu généralement inaccessible. Dans une première partie consacrée en grande partie à la  présentation du lieu, la documentaliste s’avère à filmer au plus près les habituées de cette salle, venue de prime abord uniquement pour consommer de la drogue en toute sécurité. Loin des risques rencontrés en pleines rues, l’institution les accueille avec du matériel stérilisé, des locaux entretenus et un suivi médical en cas de problème. La loi de la jungle n’a pas sa place dans ce centre. On y voit d’ailleurs un entretien de pré-admission dans lequel l’un des personnels fait signer un contrat au nouvel usager, détaillant les règles et les sanctions qui s’appliquent à ce lieu si particulier.

Chasser les dragons film documentaire
Derives – CBA – RTBF

Puis la caméra d’Alexandra Kandy Longuet prend vite de la distance en éludant les raisons premières de l’existence de cette salle de consommation pour montrer le versant à prédominance sociale de ce lieu d’accueil, proposé à des personnes pour la sans domicile fixe. Les membres de cette méritante équipe sont à l’écoute, disponibles pour aider chacune d’entre elles à trouver un logement social, à se soigner et dans certain cas à arrêter la consommation de drogues.

Parmi les moments bouleversant de ce film, une très belle séquence est consacrée à un jeune racontant à un soignant son passé difficile, entre un père violent qui le séquestrait dans sa chambre et une famille d’accueil morte dans un accident de voiture dont il est le seul rescapé. On porte un regard bienveillant sur ces consommateurs de drogues dont on sent qu’ils ont été broyés par leur histoire personnelle, la dépendance les ayant fait basculer d’un coup dans une déchéance qu’ils n’arrivent pas à maitriser. La salle est un endroit où ces personnes retrouvent un peu d’estime de soi grâce par exemple à un coiffeur qui redore leurs physiques, tandis que le personnel social recueille la souffrance de ceux qui ne trouvent l’écoute de personne pour soulager leurs maux.

A bonne distance, la caméra n’est jamais dans le voyeurisme. Elle respecte à chaque moment la dignité humaine grâce à des contre champs quand les consommateurs se trouvent dans une situation délicate suite notamment à une surdose. Le génie d’Alexandra Kandy Longuet est de savoir construire un récit captivant tout en ayant cette neutralité du documentaliste de ne rien avoir provoquer. La réalisatrice sait capter les moments clés à la façon d’un Raymond Depardon.

Les promesses : les arcanes d’une élection municipale

Dans Les Promesses de Thomas Kruithof, présenté en compétition fiction du Festival de Carcassonne, Isabelle Huppert incarne une maire prête à défendre corps et âme les habitants de sa commune. A quelques mois de la fin de son mandat, celle-ci se donne comme objectif de réhabiliter une cité délabrée, investie par les marchands de sommeil. La politique est aidée par son directeur de cabinet, interprété par l’acteur Reda Kated. Mais les promesses qu’elle a faites vont être remises en question quand on propose à cette élue locale un poste de ministre.

Ce thriller politique s’inscrit dans les coulisses des manoeuvres politiques entre la série Baron Noir (sur laquelle le scénariste du film, Jean-Baptiste Delafon, avait déjà participé) et le film La Mécanique de l’ombre, l’un des précédents films du réalisateur. On y suit avec passion les multiples rouages/ chantages inhérents à la vie de la municipalité grâce à une histoire très bien écrite et un rythme narratif puissant qui tient en haleine.

L’interprétation d’Isabelle Huppert est fascinante tant elle s’éloigne des récents rôles qui l’emprisonnaient dans une sorte de caricature d’elle-même. Dans Les promesses, il ressort une sensibilité dans un jeu exécuté tout en finesse. Grand acteur du moment, Reda Kated commet un sans faute dans un rôle que d’autres auraient étriqués. Le comédien de la série En thérapie garde toute sa sympathie et son charisme en se démenant dans le film pour lutter contre la détresse sociale.

En savoir plus :

Antoine Corte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.