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Désigné Coupable de Kevin MacDonald affiche film cinéma

Critique / “Désigné Coupable” (2020) de Kevin MacDonald

Dernière mise à jour : novembre 11th, 2021 at 07:49 pm

Avec Désigné Coupable (The Mauritanian), le réalisateur Kevin MacDonald retrace l’histoire réelle d’un homme incarcéré illégalement à Guantánamo. Un long métrage qui vous capte dès les premières images. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

L’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi (Tahar Rahim), un Mauritanien que son pays a livré aux Etats-Unis alors en pleine paranoïa terroriste à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’homme a passé des années en prison sans inculpation ni jugement. Il a retrouvé la liberté en octobre 2016.

En amont de cette critique, une petite contextualisation s’avère utile.

Il faut savoir que le camp de Guantánamo est un centre de détention militaire de haute sécurité situé à Cuba. Il a été fondé par le gouvernement de George W. Bush suite aux attentats du 11 septembre 2001. Sa situation géographique extraterritoriale, permet de s’émanciper du système judiciaire fédéral américain et prive ainsi les détenus de leurs droits fondamentaux.

Au moment de la narration du film, Oussama Ben Laden est l’ennemi public numéro 1. Les Etats-Unis traquent et incarcèrent toutes les personnes impliquées, de près ou de loin, dans cette tragédie.

Désigné Coupable : état de droit ou vengeance ?

Désigné Coupable de Kevin MacDonald image film cinéma
Jodie Foster dans “Désigné Coupable” de Kevin MacDonald
© Metropolitan FilmExport

C’est tout de même de notoriété publique, et ce depuis quelques centaines d’années, que les démocraties garantissent des droits fondamentaux, gravés dans leur Constitution, dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen etc. Tous ces textes sont censés protégés les droits et les libertés des citoyens contre les abus de pouvoir potentiels.

Mais parfois, quelques états peuvent s’essuyer les pieds sur ces écrits surannés. Comme par exemple, le gouvernement américain de Georges W. Bush qui n’a eu aucun scrupule à incarcérer puis torturer un homme sur de simples convictions.

Des preuves ? Un jugement en bonne et due forme ? Mohamedou Slahi s’en passera. Qu’importe, il leur faut des coupables.

C’est alors qu’entre en jeu dans Désigné Coupable l’avocate Nancy Hollander, interprétée par Jodie Foster (Carnage, 2011; Le Complexe du Castor, 2011; Inside Man – l’homme de l’intérieur, 2006 ; Panic Room, 2002 ; Le Silence des agneaux, 1991). Son objectif n’est pas de condamner Mohamedou Slahi pour ce qu’il semble être, le potentiel cerveau des attentats du 11 septembre, mais de lui garantir un véritable procès, comme en jouirait n’importe quel autre quidam, en usant de l’habeas corpus.

Cette notion juridique d’habeas corpus énonce une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement. En vertu de ce principe, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée. Ensuite, elle peut être libérée sous caution, puis amenée dans les jours qui suivent devant un juge.

Tout le scénario de Désigné Coupable est construit sur la préparation de la défense. L’état américain est quant à lui représenté par le lieutenant Stuart Couch, empruntant les traits de Benedict Cumberbatch (Doctor Strange, 2016 ; Sherlock, depuis 2010; Avengers: Endgame, 2019 ; 1917, 2019).

Que de chemin parcouru par Tahar Rahim depuis Le prophète de Jacques Audiard

Désigné Coupable de Kevin MacDonald image film cinéma
Tahar Rahim dans “Désigné Coupable” de Kevin MacDonald
© Metropolitan FilmExport

C’est avec bonheur que nous retrouvons Tahar Rahim (Un prophète, 2009 ; Samba, 2014 ; Marie Madeleine, 2018). Salué par la critique pour son interprétation du tueur en série Charles Sobhraj, dans Le Serpent (2021), il se montre une fois de plus éblouissant dans Désigné Coupable, dans lequel il interprète avec justesse Mohamedou Ould Slahi.

Depuis sa révélation au grand public dans le film de Jacques Audiard, Tahar Rahim s’impose peu à peu au niveau international, comme dans Marie Madeleine (2017) où il accompagne Joaquin Phoenix.

Notre avis ?

Tahar Rahim n’est pas le seul à rayonné dans cette œuvre. L’ensemble des acteurs cités précédemment — Jodie Foster a reçu un Golden Globe de Meilleure actrice dans un second rôle en 2021 pour sa prestation — contribue à sublimer Désigné Coupable, en lui conférant une crédibilité et une subtilité qui peut parfois manquer dans ce genre cinématographique.

En savoir plus :

Pierre L.

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