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Divertimento photo film
© Guy FERRANDIS - 2022 ESTELLO FILMS - EASY TIGER - FRANCE 2 CINÉMA

Critique / “Divertimento” (2023) de Marie-Castille Mention-Schaar

Dernière mise à jour : janvier 28th, 2023 at 08:16 am

Dans Divertimento, Marie-Castille Mention-Schaar raconte l’histoire vraie de la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani sous les traits de l’actrice Oulaya Amamra. La critique et l’avis sur le film.  

Synopsis :

À 17 ans, Zahia Ziouani (Oulaya Amamra) rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre : Divertimento.

Divertimento : la question de la marginalisation sociale

Alors que la question de la marginalisation sociale d’individus mis en périphérie des lieux de vie ne cesse d’interroger les films de Marie-Castille Mention-Schaar, la cinéaste et scénariste répond naturellement par l’affirmative au projet qui lui est présenté de porter à l’écran l’histoire vraie de Zahia Ziouani, l’une des rares cheffes d’orchestre dans une profession qui ne comprend 4% de femmes en France et 6% dans le monde à l’heure actuelle. Ce pourcentage est ainsi le révélateur d’une véritable discrimination que le cinéma peut se permettre de dénoncer et mettre en lumière pour faire évoluer la conscience citoyenne du public. L’enjeu du biopic est ici davantage d’ouvrir une réflexion sur un contexte social que de mettre en avant une success story à l’américaine.

Pour détourner les pièges de biopic se perdant dans une idéologie individualiste, la protagoniste reste en permanence en lien avec sa sœur, sa famille et n’est jamais isolé dans ses démarches avec un cadre social qui n’est jamais gommé à l’écran. C’est aussi une éthique de la responsabilité de cheffe d’orchestre qui est ici mise en valeur où son rôle ne peut avoir de sens qu’en communion avec les instrumentistes. Ainsi, plutôt que d’exclure les éléments perturbateurs sexistes et classicistes parmi les jeunes étudiant.es qui composent son orchestre, l’héroïne reste en permanence dans une démarche inclusive et s’impose progressivement à chacun et chacune d’entre eux et elles en réussissant à se faire respecter par son ouverture, sa bienveillance, son talent, son inventivité et son aplomb qui s’imposent sur le long terme.

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© Guy FERRANDIS – 2022 ESTELLO FILMS – EASY TIGER – FRANCE 2 CINÉMA

Un film musical

Marie-Castille Mention-Schaar évite encore une fois les travers du film de commande en se l’appropriant intimement et en le transformant en un film musical. Les séquences se succèdent dès lors à travers des chorégraphies qui émanent autant des mouvements des corps des musiciens et de ladite cheffe d’orchestre traversée par l’émotion de la création musicale que des éléments environnants citadins touchés par la grâce poétique de la musique. Ce choix de mise en scène permet de mettre en lumière l’expression artistique pour transcender une réalité sociale inique où les égalités des chances ne sont pas les mêmes de part et d’autre du boulevard périphérique parisien.

Les interprètes sont saisis dans un mouvement choral même si se démarquent plus particulièrement certain.es d’entre eux. Les actrices Oulaya Amamra et Lina El Arabi sont pleinement investies dans leurs rôles respectifs et donnent toute la crédibilité à l’approche biographique de cette histoire vraie. Dommage que le rôle de Lina El Arabi reste trop souvent secondaire avec peu de prises de paroles alors que la solidarité des deux sœurs comme force qui innerve leur détermination aurait pu être ainsi davantage être une source narrative féconde.

Le propos défendu dans l’histoire est également mis en scène derrière la caméra avec la présence de Naomi Amarger en tant que cheffe opératrice pour son premier long métrage de fiction qui saisit aussi bien l’abstraction musicale dans une chorégraphie des sens que la lumière comme composition chromatique générale.

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 25/01/2022
  • Distribution France : Le Pacte
Bulles de Culture - Les rédacteur.rice.s invité.e.s

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