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[Critique] Virunga (2014), ô Congo ! / oh Congo!

Dernière mise à jour : avril 7th, 2020 at 07:25 pm

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En septembre dernier, Netflix, géant américain dans la Vidéo à la Demande arrivait en France et nous présentait son offre de séries films et documentaires en illimité. Et pour bien commencer sa rentrée, le site proposait en exclusivité  un exceptionnel documentaire hybride : Virunga, réalise par Orlando Von Einsiedel et produit par Leonardo di Caprio. Entre journalisme d’investigation et documentaire sur la protection animale, le film a été récompensé en avril dernier par le Festival du Film de Tribeca ( New York ). Nos impressions.

Last September, Netflix, an American giant in Video on Demand came in France and presented its unlimited series, movies and documentaries offers. And to start, they exclusively offered documentaire hybride : Virunga, réalise par Orlando Von Einsiedel et produit par Leonardo di Caprio. Between investigative journalism and documentary on animal welfare, the film was awarded in April by the Tribeca Film Festival (New York). Our impressions.

More in English >> (Translation in progress, come bubble later)

Synopsis : Dans le  Parc National de Virunga, à l’est de la République Démocratique du Congo, une équipe de passionnés tentent de protéger la dernière population de gorilles des montagnes dont la survie est menacée par le braconnage. Au cœur d’une région politiquement instable, les “Rangers”, biologistes et responsables du site, risquent leur vie pour contribuer à la préservation de leur patrimoine. Quotidiennement, ils affrontent la violence physique et psychologique de groupes rebelles armés et d’une grande firme pétrolière avide de posséder  des terres aux ressources naturelles exceptionnelles et fragiles.
Réalisé par Orlando Von Einsiedel, Virunga est coproduit par la société Appian Way, société de production de Leonardo Di Caprio. Ce dernier, connu pour ses engagements – notamment la lutte contre le réchauffement climatique -, milite ici pour la préservation des gorilles du Parc National de Virunga mais également pour alerter l’opinion publique sur la corruption et la dévastation dont est victime cette partie de l’Afrique de l’Est.

Des cris, des pleurs, de la souffrance. Le film débute sur un lent balayage de femmes et d’hommes pleurant la disparition de leurs frères, maris ou pères, tous gardiens du Parc National de Virunga.
Des profondeurs de la terre, la caméra s’envole au-dessus du parc national et nous offre une magnifique vue aérienne panoramique comme aperçu de l’étendue et de la beauté de ce site exceptionnel et méconnu malgré son classement au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

La particularité de ce documentaire est de jouer sur deux traitements

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© Netflix
Le premier traitement est journalistique et documenté :  avec l’utilisation d’ images d’archives résumant l’histoire du Congo de 1885 à nos jours, soit plus de 129 ans d’histoire – de la privatisation du Congo sous Léopold II  au génocide rwandais, en passant par l’organisation des premières élections démocratique  jusqu’à la découverte de pétrole dans le parc national de Virunga -.

Le second est plus proche du documentaire par l’alternance d’interviews des protagonistes (gros plans) et d’images de la réserve naturelle (plans larges et panoramiques).

Ce double format contribue à impliquer le spectateur d’entrée de jeu. La dynamique provoquée par un “montage organique”, cher à Gilles Deleuze, reflète intelligemment la cohabitation de deux mondes vivant côte à côte, l’un fait de douceur, de respect et de beauté, l’autre de violence, et de cruauté. Pour autant Virunga échappe au manichéisme grâce à sa démarche analytique : comprendre le monde pour agir sur lui.

Le constat pessimiste lancé au début du film laisse un goût amer mais le réalisateur ne s’arrête pas là. Orlando Von Einsiedel nous emmène au secteur sud du parc à la rencontre de gorilles orphelins. LA survie de quatre gorilles ne tient qu’à l’engagement et au dévouement d’André Bauma, soigneur et  père de substitution, comme il aime à se définir. Il semblerait inconcevable  de ne pas être ému par les liens qui les unissent, accentué par le comportement quasi humain des gorilles, et de ne pas se sentir concerné par le point important soulevé tout au long du récit : le braconnage et ses conséquences.

Après avoir dressé un portrait précis des richesses de la réserve, de ses habitants et des dangers qui la menace, le film prend un léger virage proche du journalisme d’investigation, en suivant Mélanie Gouby, journaliste française qui travaille sur un rapport sur SOCO, grande firme pétrolière implantée au Congo et les nombreux groupes armées de la région. Elle essaie d’évaluer l’impact de leurs activités sur le plan sécuritaire. SOCO souhaite en effet s’emparer du parc national pour l’exploitation de celui-ci et par là, on aura compris, détruire cette communauté précieuse de gorilles de montagnes et son habitat.

Au fil de l’enquête faite de caméras cachées, d’interviews et d’immersions en zone de conflits,  force est de constater que l’existence de liens de corruption entre le groupe armée nommée M23, entre autres, et SOCO est évidente.

« Depuis des siècles,
le Congo subit les acteurs étrangers venus exploiter ses ressources naturelles. »

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© Netflix
Cette phrase prononcée par Mélanie Gouby pourrait également illustrer le propos du réalisateur et de son équipe qui tendent à démontrer les liens étroits entre les  invasions étrangères et la spirale de violences et d’instabilités passées et actuelles du Congo.

Documentaire militant au sujet triangulaire (géopolitique, économique, écologique), Virunga est  sans aucun doute un cri du cœur, décrit par son producteur star Leonardo Di Caprio comme « une fenêtre sur l’incroyable diversité culturelle et naturelle de notre planète, les forces qui menacent de la détruire et ceux qui se battent pour la protéger ». 

Ce projet, s’il arrive à réveiller les consciences, permettra peut-être d’améliorer la situation. C’est pourquoi nous regrettons qu’aucune sortie en salles de Virunga ne soit prévue en France (le film est sorti en salles aux États-Unis) ou qu’il soit diffusé à plus large échelle, et pourquoi pas dans nos écoles…

N.P

En savoir plus :
http://virungamovie.com/ (site officiel américain)
– Disponible en VOD chez Netflix depuis le 07/11/2014

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