Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:34 am
On connaît Xavier Beauvois pour ses drames éminemment humanistes, toujours entre liberté artistique et critique de la société. Dans Des hommes et des dieux (2010), inspiré de faits réels, il était question du sacrifice des moines Cisterciens en 1996 dans un contexte de montée du fanatisme en Algérie. Gardant toujours ce pied dans le réel puisque s’inspirant d’une histoire vraie, le réalisateur change cependant de registre avec La rançon de la gloire (2014), et s’attaque cette fois-ci à la comédie. Inconnu de sa filmographie, ce genre lui va comme un gant.
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C’est grâce à un scénario rondement bien ficelé que le réalisateur entraîne le spectateur dans cette aventure drôle et insolite. On rentre totalement dans cette histoire au rythme soutenu, et on a continuellement envie de connaître la suite. Les scènes sont réjouissantes et donnent un goût de gaieté. On pense notamment à celle de la cabine téléphonique où les deux ravisseurs bradent le prix du corps du défunt face à l’immobilisme de la famille Chaplin.
Pour autant, derrière ce côté divertissant, il se cache une double lecture dramatique, volontairement mise au second plan par le cinéaste. Ses personnages sont tiraillés par des conflits insolubles qui accroissent l’effet d’empathie. On retrouve ainsi une réflexion poussée autour de quelques sujets d’actualité. Comment réinsérer un prisonnier après une longue période de détention ? Quelle valeur donner à l’accès aux soins pour tous ? Autant de questions à portée universelle qui n’ont pas encore trouvé de réponse dans nos sociétés actuelles et que le réalisateur transfigure dans le contexte des années 70.
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Au casting, l’entêté Benoît Poelvoorde entraîne son comparse, Roschdy Zem. Ensemble, ils sont sincères et libérés. La scène d’improvisation sur la chanson Zoo be doo, où les deux hommes se mettent inopinément à danser du fond de leur caravane, démontre bien le vent de légèreté inhérent à ce film. En figure charismatique de l’œuvre, on retient la prestation exceptionnelle de Peter Coyote qui instaure une rigueur anglaise à l’ensemble grâce à son rôle de majordome impassible.
Point d’orgue de cette réussite, la musique fascinante de Michel Legrand envahit la salle dès les premières minutes. Elle est intégrée à la dramaturgie du film, notamment lorsque les malfaiteurs viennent déterrer le corps avec des pas de velours, et donne une ampleur conséquente à la réalisation.
Antoine Corte