Dernière mise à jour : septembre 10th, 2016 at 11:25
Avec la sortie de The Voices, Bulles de Culture a été invité au Café des Chats à Paris pour rencontrer la géniale et atypique réalisatrice du film, Marjane Satrapi. C’est donc entourée de chats et d’autre blogueurs que la réalisatrice s’est prêtée à un petit jeu de questions/réponses. Enjoy!
With the release of The Voices, Bulles de Culture was invited at the Café des Chats in Paris (France) to meet the brilliant and atypical film’s director, Marjane Satrapi. It is surrounded by cats and other bloggers that she answered to a small question and answer session. Enjoy!
More in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Lorsque l’on voit le film, on a du mal à croire qu’il n’ait coûté que 9 Millions de $. Comment avez-vous fait pour arriver à un tel rendu ?
Marjane Satrapi (MJ) : En travaillant beaucoup. Je n’avais que 33 jours de tournage avec 9,3 millions d’euros et chaque seconde d’animation coûte une fortune et on calcule pour que ça rentre dans le budget. Il y a quatre minutes et demi en tout où l’on voit les animaux parler à l’écran. Donc on prépare des animatiques, et avec mon monteur on décide sur quels plans exactement on va les voir parler.
Vous savez, au début on vous dit qu’on vous file 18 millions, sauf qu’au fur et à mesure que le projet avance, le budget se réduit d’un million chaque semaine et au final on se retrouve avec 11 millions de dollars, soit 9 millions d’euros. Pourtant, mon ambition reste la même. Il faut la jouer smart : si je dois filmer ce coin-là et bien je ne fais fabriquer que cette partie du décor. Je n’ai pas le luxe de recréer toute la pièce. C’est donc beaucoup de travail. À la fin, c’est deux années de ma vie, et je n’ai pas envie de rendre un film pourri. L’amour du travail, c’est plus important que le fric. Je me demande toujours si dans dix ans, j’aurais honte de mon film. Si la réponse est non, c’est que j’ai réussi mon coup.
Vous pensez que le film aurait été différent avec un peu plus de budget ?
MJ : J’aurais eu un peu plus de facilité avec deux ou trois millions de plus. Mais c’est normal, c’était un projet sur blacklist [NDR : liste noire]. Et pourquoi un projet est-il sur blacklist ? Parce que l’on ne sait pas comment vendre un film pareil. Même si c’est un bon projet, les producteurs se demandent qui irait voir un truc comme ça. Mais moi, ce genre de projet m’intéresse. Un film déjà tout financé, ça veut dire qu’il y a d’autre problèmes ailleurs. Donc je préfère travailler comme ça plutôt que d’avoir un très gros budget et être moins libre. Le casting est impressionnant.
Comment avez-vous fait pour récupérer des acteurs comme Ryan Reynolds, Gemma Arterton ou encore Anna Kendrick malgré un si petit budget?
MJ : Ça, c’est les acteurs anglo-saxons. Ils font des gros films pour gagner beaucoup de thunes et juste après, ils sont capables de faire un tout petit film, car ils savent qu’ils vont faire leur meilleure performance. Par exemple, Matthew McConaughey dans The Dallas Buyers Club, il est investi par son rôle et le film n’a coûté que 4 millions de dollar. Et c’est un film d’époque en plus, donc plein de décors et de costume à créer. Et lui, il le fait pour rien du tout. Maintenant que j’y pense, les acteurs m’ont toujours eu à la bonne. À chaque fois que j’ai eu un acteur en tête, il m’a dit oui. Je ne vais pas bouder mon plaisir (rires).
Ryan Reynolds, plus habitué à camper des héros d’action ou des personnages de comédie romantique, a-t-il été difficile à être dirigé en serial killer ?
MJ : C’est lui qui a tout d’abord été intéressé par le projet et c’est lui qui est venu vers moi. On partageait la même vision de son personnage. Vous savez, ce mec, il souffre du même syndrome que les très belles femmes : « elle est belle, donc elle est bête ». Il est beau, il est grand, il était marié à Scarlett Johansson, maintenant à Blake Lively, donc forcément, il est con. Et ben non ! Ce mec, c’est une accumulation de trucs positifs. Honnêtement, c’est le mec parfait : il est drôle, il ne fait pas chier et il est gentleman. Et une fois qu’il est investi d’un rôle, il est à 100%. Il a tellement apporté d’idées qui n’étaient pas dans le scénario que ça a été un bonheur de travailler avec lui. S’il n’était pas venu vers moi, je n’aurais jamais dit « serial killer égal Ryan Reynolds ». Et pourtant c’était évident.
Le scénario n’est pas de vous, mais est-ce que vous auriez pu écrire quelque chose d’aussi fou ?
MJ : Non. Mon monde, c’est mon monde. Il est limité à ma propre personne. Et jamais je ne me dirais : « aujourd’hui, je vais écrire un film sur un type un peu taré qui parle avec ses animaux, qui tue des femmes et qui collectionne leurs têtes dans son frigo ». Jamais. Mais quand on m’offre ce sujet, je m’approprie l’histoire. On traduit le scénario en images, et là, on le réécrit d’une certaine façon. Si vous voyez Michael R. Perry, le scénariste, jamais vous vous diriez qu’il a écrit ce film. Je m’attendais à rencontrer un type un peu cinglé et là, je tombe sur un mec propre sur lui, calme, qui a une tête de prof de maths !
Quelle est votre apport au scénario d’origine ? Où s’arrête Michael R. Perry et où arrive Marjane Satrapi ?
MJ : Vous savez, c’est un travail que l’on fait à deux. Je suis très respectueuse du travail du scénariste. Si quelque chose ne me plaît pas, je dis : « je verrais ça plutôt comme ça ». Et lui, il me propose de nouvelles choses. Le film versait plus dans le gore à la base et moi, je voulais le tirer plus vers la comédie. À la base, le film devait faire 2h10 environ. Moi, j’avais en tête quelque chose entre 1h30 et 1h40. Je me mets dans ma salle de bain et je lis le scénario à haute voix. Et là, j’arrive à voir s’il y a un problème de rythme ou pas. Si moi, je me fais chier dans ma salle de bain, ça va être la même chose pour vous dans une salle de cinéma. C’est donc une question d’équilibre, un vrai travail à deux.
Concernant l’esthétique et la couleur du film, quelles sont vos inspirations ? Les avez-vous puisées dans votre univers BD ?
MJ : Dans mes BD, je n’utilise que du noir et blanc. Je suis peintre à la base et il y a des couleurs que j’adore : le mélange de rose et orange, c’est magnifique. Et il y a des couleurs que je déteste comme le vert et le mauve. Donc je fais une charte de couleurs que je transmets à mon équipe pour les voir dans mon film. Par exemple, pour créer l’appartement de Jerry, j’ai acheté un bouquin qui s’appelle « intérieurs de cowboys modernes » qui montre les appartements de mecs célibataires. Et je me rends compte que tous les objets sont fixés ou encastrés dans le mur. Comme le lit, par exemple. Et là, je me suis dit : « Bingo ! ». Ça correspond bien à l’état d’esprit d’un mec qui est resté bloqué à l’âge d’un enfant. Regardez son lit : c’est un lit une place. Un jeune homme normal va penser que des filles vont dormir chez lui de temps en temps, donc il va prendre un lit deux places. Jerry, non. C’est des petites choses comme ça qui font que l’on va croire au personnage.
Vous êtes-vous rendue compte des disparités entre sensibilités américaine et européenne au cours de la conception du film ?
MJ : Un des producteurs est venu me voir en me disant que ce film n’était pas vraiment américain. Je lui ai dit : « vous pouvez me dire mon nom ? Vous savez, je ne m’appelle pas Jeffrey Smith mais Marjane Satrapi ! ». Et c’est ce qui a plu à Ryan Reynolds qui voulait travailler avec un metteur en scène européen.
Pouvez-vous nous dire comment Ryan Reynolds a travaillé les voix des animaux ?
MJ : Un jour, il m’a envoyé un truc qu’il avait fait sur son Iphone et j’étais morte de rire. Comme je l’ai dit, ce garçon accumule les talents. Il peut tout faire. On avait déjà enregistré toutes les voix pour la synchro, et pourtant, à chaque fois que l’on tournait les scènes, à la fin, il demandait à refaire la voix des animaux pour ajouter de nouvelles choses. C’est comme ça qu’il a trouvé le : « t’es un serial killer recherché, Jerry ! Je peux avoir un autographe ? ».
Parlons de l’accent écossais de Mr Moustache…
Il se trouve que Ryan a un agent écossais qui est roux, irrévérencieux et qui met des coups de boule à tout le monde, et du coup il a été inspiré par lui. Ce qui colle parfaitement à Monsieur Moustache !
Merci Marjane Satrapi !
Propos recueillis par Salvatore en mars 2014, dans le cadre d’une table-ronde entre la réalisatrice et des blogueurs
Passionné de pop-culture (et de culture tout court en général), je suis amoureux de tout ce qui raconte une histoire. Ayant un faible pour le cinéma de genre et l'animation, je milite pour un cinéma qui conte, qui émerveille, qui effraie et qui prend aux tripes. On ne pense pas devant un film, on ressent.
TOP 5 Cinéma : "Sueurs froides", "Conan le barbare", "Docteur Strangelove", "Le Château dans le ciel", "Les Fils de l'homme" TOP 5 BD: "Ghost Money", "Les épées de verre", "Le vol du corbeau", "Les gardiens du Maser", "Siegfried" TOP 5 Comics : "Daredevil l'homme sans peur", "Silver Surfer: Requiem", "House of M", "The Dark Kight returns", "Old man Logan" TOP 5 TV : "Penny Dreadful", "Viking", "Doctor Who", "Community", "Cowboy Bebop"
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