Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Week-end des Musiques à l'image 2016 image
© Laurence Henry
Bulles de Culture

[DOSSIER] Les Audi talents awards et le Week-end des Musiques à l’image 2016

Dernière mise à jour : février 16th, 2018 at 11:01 am

L’esprit du blues
(Mississippi Blues, 1983)

 

Le passé n’est pas mort, il n’est pas encore passé.
— William Faulkner

En 1982, Bertrand Tavernier sort du succès critique et commercial de Coup de Torchon, une adaptation du roman de Jim Thompson, Pottsville, 1280 habitants (Pop.1280) dont l’histoire se déroule dans un village du Sud des États-Unis. Désireux de découvrir la région qui a fait naître des artistes tels Aretha Franklin, James Brown, Ben E.King  et le monde du romancier William Faulkner, le cinéaste français se lance avec son ami Robert Parish sur les traces de l’origine du blues.

Bill Ferris, directeur du département consacré à la préservation des cultures du Sud à l’Université de Louisiane, introduit sur les terres du Sud américain l’équipe du film qui ressemblait presque, selon Stéphane Lerouge, à une “joyeuse colonie de vacances”. Non sans manquer d’humour, la caméra filme alors les avatars de la fine équipe tout en parcourant des territoires désolés et extrêmement pauvres, abandonnés par le gouvernement américain. Ici des carcasses de voitures s’entassent depuis des décennies, les enfants jouent dans les décharges.

Pour comprendre le Sud des États-Unis, il faut comprendre qu’ici les “terres sont gorgées de sang” . Il a eu l’esclavage puis la ségrégation, et il en en reste des traces, le passé est toujours présent. Bob Dylan disait : “Le Sud est rempli de fantômes, de gens qui sont entre le ciel et l’enfer qui errent, tristes, solitaires, plein de chagrin et de désir, à la recherche de quelqu’un avec qui communiquer leur peine”. 

L’esprit du blues est là. Et lorsque la caméra de Bertrand Tavernier pénètre dans des maisons où l’on improvise des chansons en français pour l’occasion, dans des bistrots surprenant où l’on joue de l’harmonica tout en rasant les clients, ou même dans l’Église noire où l’on entre en possession, c’est ce même esprit que l’on rencontre. On célèbre la vie avec les fantômes de l’histoire à travers la musique.

“La pauvreté est toujours là. C’est un troisième monde comme en Haïti, avec des familles très riches et beaucoup de familles très pauvres. C’est dans ce coin de la pauvreté qu’on voit la culture la plus riche du blues, spirituelle, et c’est là que Bertrand a voyagé avec son équipe.”
— Bill Ferris

Dans les années 50, les Noirs du Sud américain fuient les violences de la ségrégation raciale et l’extrême pauvreté. Ils empruntent la Route 61, The Blues Highway, vers les villes industrialisées du Nord comme Chicago. Le blues adopte un style plus urbain, plus électrique.

Laurence Henry

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.