Dernière mise à jour : mars 8th, 2021 at 12:53 am
Récompensé du prix de la meilleure série française lors du festival Séries Mania en 2019, Une île est une série policière et fantastique avec Laetitia Casta, Noée Abita et Sergi López. Elle est diffusée sur ARTE à partir du jeudi 9 janvier 2020. Rencontre avec l’équipe.
Synopsis :
Sur une île où la pêche se tarit à vue d’œil, la colère monte chez les villageois. Pendant que certains survivent grâce à des trafics inavouables, les jeunes trompent leur désœuvrement en organisant des rave-parties. C’est à l’une de ces fêtes que Sabine (Alba Gaïa Bellugi) entraîne Chloé (Noée Abita). Mais la soirée prend une tournure dramatique quand un jeune homme est conduit à l’hôpital entre la vie et la mort. Bouleversée par ce qui vient de se produire, Chloé prend la fuite. Le lendemain, une femme (Laetitia Casta) est découverte dans la cale du bateau de deux pêcheurs portés disparus en mer. Au docteur Mathesson (Alexandre de Sèze), l’inconnue ne prononce qu’un seul mot, son prénom : Théa.
Une île : le mythe de la sirène revisité
— Olivier Wotling, directeur de l’unité fiction d’ARTE France
Avec un tournage sur l’île de beauté — notamment au Cap Corse sauvage — un scénario de Gaia Guasti et Aurélien Molas, une image de David Cailley, une musique originale de Pierre Gambini et une réalisation de Julien Trousselier, Une île est une mini-série de six épisodes de 45 minutes envoûtante, féministe et écologique. Interviews des comédien.ne.s Laetitia Casta, Noée Abita et Sergi López, de la scénariste Gaia Guasti, du réalisateur Julien Trousselier et de la productrice Nicole Collet (Image & Compagnie – Lagardère Studios).
Quelle a été la genèse de cette série ?
Nicole Collet : Au départ, il y a quelques pages du jeune scénariste Simon Moutaïrou sur une femme sirène qui s’assume et d’une jeune femme sirène qui ne sait pas qu’elle l’est. Entre les deux, il y a rencontre, échange, animalité et humanité dans un petit village de pêcheurs. Mais on n’arrivait pas ensuite à trouver l’équilibre entre la poésie, le fantastique et le réalisme. C’est l’agent de Gaia Guasti qui m’a parlé d’elle. Elle a écrit trois romans pour adolescents sur de jeunes gens qui étaient mi-loups mi-hommes et on s’est rencontré. Elle n’a pas lu ce qui avait été écrit mais on a beaucoup parlé et elle a produit un texte très littéraire qui racontait l’histoire de la petit Chloé avant qu’elle n’arrive dans la grotte où on la trouve. Il nous manquait alors juste un scénariste de métier : Aurélien Molas, un habitué au polar.
Comment avez-vous abordé le mythe de la sirène ?
Gaia Guasti : Le premier travail fait avec Aurélien Molas a été d’aborder le mythe de la sirène en la dépouillant de tous ses attributs voyants et kitsch, notamment la queue de poisson. La sirène est un mythe inventé par les hommes mais on l’a inversé pour raconter le mythe du point de vue d’une femme qui se découvre sirène et qui découvre aussi sa puissance. C’est un récit initiatique et une quête d’identité. C’est une jeune femme qui se découvre femme. Elle ignore son passé et elle est dans le déni de celui-ci et de son identité. Elle découvre son identité de femme et sa force grâce à l’arrivée d’une soeur aînée qui lui montre la voie et qui inverse le rapport de forces. Mais certains hommes vont lui faire porter la responsabilité du désir qu’elle éveille, comme pour les sorcières.
Mythologie, mystère et danger
Comment avez-vous abordé cette histoire en tant que réalisateur ?
Julien Trousselier : Il fallait en faire une chronique humaine et intimiste, tout en y insuflant quelque chose de spectaculaire. Il fallait faire exister ces sirènes avec une lumière plus sombre et adulte sur celles-ci. Il fallait parler de cette communauté avec un réalisme magnifié et donner un peu de poésie un peu noire. Il fallait avoir quelque chose de mystérieux, subtil, intrigant et âpre.
Et comment avez-vous procédé ?
Julien Trousselier : Il a fallu créer une iconographie de la sirène et je me suis inspiré de peintres classiques pour créer une nouvelle mythologie et la faire exister. Il y a Aphrodite mais on a aussi beaucoup travaillé sur l’animalité. Laetitia Casta a fait un gros travail physique sur elle car elle n’a que deux lignes de dialogues et elle n’est pas tout le temps habillé. Il fallait donc arriver à jouer ce personnage et ce langage du corps et créer cette animalité, cette bestialité. A mi-chemin entre le félin et le reptile.
Et la musique de la mini-série Une île ?
Julien Trousselier : Elle habille et habite la série. Il y a la musique originale de Pierre Gambini et il y a une musique pop pour appuyer l’émotion et en faire un objet rond et complet. Il fallait aussi incarner ces femmes, qui viennent d’ailleurs, par le son et la musique. Inspiré par Le Temps des gitans et Arizona Dream — ces deux films d’Emir Kusturica ont été composés par Goran Bregović —, j’ai uilisé la polyphonie corse pour brouiller les pistes, pour être en dehors du temps et des cartes. Et surtout, cela a permis de ramener de la mythologie, du mystère et du danger.
Animalité et puissance
Pouvez-vous nous dire un mot sur vos personnages ?
Noée Abita : Au fur et à mesure de ce qu’il se passe, le personnage de Chloé accepte sa nature et d’être pleinement elle-même. On a fait une évolution dans le corps, dans la féminité avec notamment un travail sur les vêtements. Au départ, on voit Chloé avec des couches de vêtements et petit à petit, elle les enlève et respire.
Sergi López : Je commence comme un chasseur de sirènes et je deviens…
Laetitia Casta : Je suis une sirène noire et dangereuse. Ce qui m’a séduit dans ce projet, c’est d’aller vers l’intuition féminine, le sixième sens, le côté animal et avec cette idée de protéger la nature. La mission de mon personnage est de pouvoir transmettre. Mais il y a aussi une confusion entre cette femme et la nature. Elle nettoie de manière assez radicale et je trouvais ça très intéressant d’incarner ce personnage étrange avec de super pouvoirs.
Vous avez d’ailleurs travaillé votre personnage d’Une île avec la chorégraphe et danseuse franco-espagnole Bianca Li ?
Laetitia Casta : Comme je n’ai pas beaucoup de texte et comme mon personnage n’est pas un être humain, j’avais besoin de me mettre dans un laboratoire où je pouvais essayer des choses. Je ne me voyais pas aller sur le plateau et proposer sur le moment alors qu’à la télévision, cela va très vite. Je voulais essayer de trouver quelque chose de différent. Bianca Li est totalement dans la connaissance du corps et j’ai pu chercher avec elle autre chose. En plus, il fallait faire croire au côté fantastique, à la magie noire, au fait qu’elle puisse lire dans l’âme des hommes… Il fallait que je me nourrise et cela me semblait juste de travailler cela avec un chorégraphe et encore plus avec une femme. Ce qui m’intéressait était l’animalité, la puissance, le côté affirmé de Bianca Li.
En savoir plus :
- Une île est diffusé sur ARTE les jeudis 9 et 16 janvier 2020 à 20h55. La série est également diffusée en streaming et disponible en replay sur arte.tv
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Cette série originale, bien interprétée, revisite de manière intéressante le mythe des sirènes.
Même si elle ne possède pas les attributs habituels des sirènes – queue de poisson et chant mélodieux – Thea possède un étrange pouvoir magnétique qui lui permet d’exercer une vengeance implacable à l’encontre des Hommes qu’elle rend responsable de l’extinction de son espèce.
Les rejets clandestins en mer de fûts de déchets toxiques soulèvent la problématique écologique de la pollution marine.
Cette pollution qui menace les activités de pêche des marins de l’île et l’ensemble de l’écosystème marin permettra-t-elle aux Hommes et aux Sirènes de surmonter leurs différences et les réunir autour d’un lutte commune pour la survie ?
Le passé de Chloé, qui pourrait être la dernière sirène, sera-t-il révélé ? qui sont ses parents ? Dans quelles circonstances s’est-elle retrouvée seule dans une grotte 15 ans plus tôt ?