Dernière mise à jour : juin 19th, 2020 at 04:41 pm
Avec Paul Haggis à la réalisation, Show me A Hero de David Simon est une mini-série de 6 épisodes, diffusée sur HBO à partir du dimanche 16 août 2015 puis sur OCS City dès le lendemain. Voici donc les 6 bonnes raisons de Bulles de Culture de regarder cette série.
Synopsis :
Yonkers, dans l’état de New-York. Une décision de la cour fédérale oblige la ville à construire des logements sociaux (public housing) dans le quartier blanc de la ville. Le maire en place (Jim Belushi) prend acte de cette décision mais les élections auront raison de son pragmatisme : en promettant de s’opposer à cette décision de justice, le jeune politicien démocrate, Nick Wasicsko (Oscar Isaac), va être élu à sa place et devenir le plus jeune maire des Etats-Unis. Mais très vite, les efforts du nouveau maire pour contester cette décision s’avèreront vains et la ville déchirée va paralyser le conseil municipal.
Après l’Irak (Generation Kill), la guerre contre la drogue (The Wire) et l’Amérique post-Katrina (Treme), le scénariste et producteur David Simon continue donc de se pencher sur les maux de l’Amérique, à travers la question très sensible du logement social et de l’intégration.
Découvrez maintenant les six raisons qui vont vous donner envie de voir la série Show Me a Hero.
1/ Parce que Show Me a Hero,
c’est une incroyable histoire vraie
Basé sur des faits réels rapportés par la journaliste du New York Times, Lisa Belkin, dans un essai éponyme, sous-titré L’histoire d’une tragédie urbaine et de la révolution du logement qui changent les quartiers américains, Show Me a Hero va vous placer durant six épisodes au coeur des débats qui ont déchiré une ville autour des logements sociaux.
Mini-série dont l’approche chorale sied à la réalisation de Paul Haggis et à l’écriture de David Simon, Show Me a Hero suit en parallèle pendant une bonne partie de la série d’un côté des pauvres qui se battent au quotidien pour survivre et osent à peine rêver à une vie différente, et de l’autre, une classe moyenne effrayée du changement que pourrait apporter une soudaine mixité – quoique relative – de leur quartier et que résume Mary Dorman, une des propriétaires inquiètes jouée par la subtile Catherine Keener : « I just think you shouldn’t take people with one lifestyle and uh… put them smack in the middle of a place with a different lifestyle » (« Je pense juste quevous ne devriez pasprendre les gensavecunstyle de vie eteuh…les mettreen plein milieud’uneplace austyle de vie différent« ).
Ce qui est fascinant dans Show Me a Hero, c’est que pendant un temps relativement long, seuls la classe moyenne blanche s’investit avec virulence et inquiétude dans le débat. Pour la classe pauvre, hispanique et noire, cette possibilité d’amélioration de leur quotidien semble très loin d’eux. D’où cette ironique scène à un moment de la série où certains des mal-classés manifestent enfin en faveur de la construction des logements sociaux et que Mary Dorman – qui représente la branche la moins extrémiste des opposants – les découvrent alors pour la première fois.
Cette scène courte mais intense rapproche pour la première fois les deux communautés.
2/ Parce qu’un personnage
qui écoute Bruce Springsteen
est forcément un “Boss”
Dans le premier épisode, une voiture s’arrête, Nick Wasicsko en sort, vomit, s’éloigne vers un cimetière, s’arrête près d’une tombe, reprend son souffle et regarde au loin. Dans ces premières images le ton de la série est donné : “show me a Hero, and I’ll write you a Tragedy” (F. Scott Fitzgerald).
Passé ce prologue, la musique de Bruce Springsteen – la chanson Gave It A Name de l’album Tracks – vient se poser sur une succession d’images d’un quartier populaire et dégradé. Magnifique choix que celui de prendre un Bruce Springsteen, dit “The Boss”, pour parler de l’américain ordinaire et du rêve américain mis à mal. Après la musique riche de la Nouvelle-Orléans dans la série Treme, David Simon continue de s’appuyer sur la musique pour accompagner son regard sur son Amérique
Mais aidé du Boss, Nick Wasicsko ne sera peut-être pas tant le héros espéré par le titre de la série.
3/ Parce que nous entrons
dans l’ère de la Moustache Triste
Le jeune maire est donc interprété par Oscar Isaac qui arbore la moustache triste de 2015 comme Colin Farrell dans la saison 2 de True Detective – détail relevé avec humour par le journaliste James Poniewozik du Time : “between Isaac and True Detective‘s Colin Farrell, 2015 is becoming The Year of the Sad Mustache” (“entre Isaac et Colin Farrell de True Detective, 2015 devient l’année de la Moustache Triste”).
Mais si Show Me a Hero rejoint la liste des séries chorales de David Simon, Nick Wasicsko n’est pas un personnage aussi marquant que Jimmy McNulty dans The Wire ou Albert « Big Chief » Lambreaux dans Treme mais plus un personnage comme le Abel Morales de A Most Violent Year (2014).
Dans une scène Wasicsko s’exerce devant le miroir à s’exprimer de la manière la plus neutre possible pour désarmorcer tout conflit. Il n’est pas un leader à la Martin Luther King (Selma) ou autre mais juste un jeune maire idéaliste, inexpérimenté et grand consommateur d’antiacide Maalox. S’il se bat pour l’avenir de sa ville – que l’accumulation d’amendes pour non-respect d’une décision de justice fait craindre la banqueroute -, il le fait avec le risque de tout perdre lui-même (famille, carrière) : “a lonely job”, glisse un des personnages de la série.
4/ Parce que la démocratie participative
est tendance
Au plus fort de l’opposition et au plus bas dans l’opinion, Nick Wasicsko se fait bousculer et casser son parebrise mais aussi insulter et cracher dessus par une foule en colère. Impossible de débattre et de faire tourner la machine démocratique lors des conseils municipaux où la véhémence des opposants empêche tout débat.
Un des épisodes met en parallèle et non sans une certaine ironie la peur des mal-classés de changer de quartier et celle des classes-moyennes de voir leur quartier changer. Ce qui se joue vraiment est donc la peur de cet Autre que l’on ne connaît pas.
Peur que certains politiciens – notamment celui joué par le très bon Alfred Molina et son inséparable cure-dent – n’hésitent pas à brandir – en ne mettant en avant que les dealers de drogue de ces quartiers plutôt que ses habitants ordinaires – pour satisfaire son ambition politique.
Ville cloisonnée, on est très loin d’y voir se développer une démocratie participative mais plutôt ces toujours aussi insupportables manoeuvres politiques.
5/ Parce que Paul Haggis et Wynona Ryder
Comme toujours, une série de David Simon adopte son propre rythme. La mise en scène de Paul Haggis et l’écriture de David Simon et son co-scénariste William F. Zorzi (The Wire) prennent le temps de nous décrire chacun des personnages (le dealer qui veut raccrocher, la vieille mère de famille qui perd la vue, la propriétaire qui craint l’arrivée de la mixité dans son quartier mais se demande s’il y a réellement danger…) et de nous montrer l’humain aux prises avec les décisions de l’institution et les incertitudes de l’avenir.
Sous la houlette du réalisateur multi-oscarisé Paul Haggis (Collision, Puzzle), ces humains sont représentés par l’acteur qui monte, Oscar Isaac – il va faire notamment partie du casting du très très attendu Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force -, l’actrice Catherine Keener (Dans la peau de John Malkovich, Truman Capote), l’acteur Alfred Molina (Spider- man 2, Da Vinci Code) mais aussi par :
Jim Belushi (Le Solitaire, Double Détente) qui joue le maire de Yonkers battu par Nick Wasicsko ;
Bob Balaban (The Good Wife, The Grand Budapest Hotel) qui joue le juge fédéral qui va faire basculer la ville de Yonkers dans le chaos politique ;
Jon Bernthal (The Walking Dead) qui joue un avocat des droits civiques et le représentant local du NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) ;
Clarke Peters (The Wire, Treme), le Lester Freamon de The Wire, qui campe ici un consultant engagé pour préparer les citoyens à faibles revenus à appréhender leur nouvelle vie dans leur nouveau quartier : “You wanted to live somewhere better. But everything has a cost” (“Vous vouliezvivre dans un meilleur endroit.Mais tout aun coût“).
Sans oublier… Wynona Ryder (Edward aux mains d’argent,Alien, la résurrection) que l’on prend plaisir à revoir. Perdu de vue au début des années 2000, la star des années 90 repointe le bout de son nez dans des projets plus ambitieux depuis quelques années (Star Trek, Black Swan). Dans Show Me a Hero, elle joue une Présidente du Conseil dela ville en faveur de l’intégration.
6/ Parce que ce type de sujet
est rarement traité en fiction à la TV
Avec le sujet peu glamour des logements sociaux, Show Me a Hero est une série qui n’atteindra certainement pas les audiences de Game of Thrones ou de True Detective. En effet,David Simon fait partie de ces rares créateurs capables de proposer une oeuvre exigeante malgré un faible audimat. Ce format de 6 épisodes d’une heure lui permet donc sûrement de continuer à le faire.
À la fin des 4 épisodes de Show Me a Hero que Bulles de Culture a pu visionner, le problème des logements semble résolu après le lancement et l’achèvement des premières habitations à caractère social. Pourtant un incident à la fin de l’épisode 4 viendra tempérer cette impression. Alors est-ce que cette l’histoire déjà écrite – au propre comme au figuré – sera conclue par David Simon par une note d’espoir ? Les paris restent ouverts.
Récit fascinant et édifiant, Show Me a Hero est une mini-série qui sera loin de vous laisser indifférent.
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