Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:36 am
On reconnaît tout de suite la pâte d’un jeune cinéaste : plans simples, enchainements scolaires, dramaturgie figée. Il est plus compliqué de trouver une définition pour expliquer ce qu’est « un jeune bon cinéaste ». Est-ce un artiste à la technique immature mais qui sait faire émerger sa sensibilité et son affect dans la tenue de son histoire ? En tous cas, on ressort toujours touché de ses films. Avec Obvious Child, on est convaincu que la réalisatrice Gillian Robespierre peut être rangée dans cette catégorie, tant le sujet porté sur l’avortement est traité avec une simplicité émouvante.
We recognize immediately the style of a young filmmaker: simple plans, academic editing, frozen dramaturgy. It is more difficult to find a definition to explain what a “good young filmmaker” is. Is he an artist with immature technics but who knows how to use his sensitivity and affect in stories? In any case, we are always touched after his films. With Obvious Child, one is convinced that the director Gillian Robespierre can be put in this category, as the subject focused on abortion is treated with moving simplicity.
Donna Stern (Jenny Slate) est une jeune new-yorkaise passionnée par le stand-up (sorte de one-woman show improvisé). Grâce à une petite scène dans un bar, elle se donne en spectacle tous les soirs racontant avec humour ses désillusions de la vie : rupture, solitude, travail… Elle fait alors la rencontre d’un inconnu, Max (Jake Lacy), pour lequel elle a un coup de cœur. Ensemble, ils vont passer une soirée agréable mais trop arrosée. Quelques semaines plus tard et suite à ce rendez-vous inopiné, Donna se rend compte qu’elle est enceinte.
Si une ambiance caractérise à la perfection le reflet des amours naissants, c’est bien celle de New York et de son milieu urbain : Pont de Brooklyn, neige en hiver et chaleur en été. En cela, l’image du film refait vivre au spectateur ce mélange d’émotions fleurs bleues qui rappelle à chacun ses premiers amours. Dans un univers chaud et confiné, on a envie d’écouter pendant des heures la petite Donna raconter ses malheurs sur scène. À l’inverse, on a de la peine à la voir seule et malheureuse avec son bonnet pendant l’hiver à Manhattan.
Comme un cycle des saisons, la vie des personnages s’écoule lentement. La dramaturgie évolue tranquillement pour permettre à l’élément perturbateur, la révélation de la grossesse, d’arriver sans fracas, avec cette douceur caractéristique du film. La scène du test de grossesse est d’ailleurs très intelligente puisqu’elle retranscrit avec beaucoup de finesse, non sans humour – autre élément primordial de l’œuvre -, ce que doivent ressentir beaucoup de femmes durant les longues secondes avant l’affichage des fameux « traits ».
S’en suivent les réflexions autour d’un avortement. Encore tabou dans nos sociétés, cette comédie est l’occasion de dédramatiser un acte naturel et responsable. En cela, elle tranche par rapport aux clichés des films américains où le happy end passe par « ils vécurent heureux… mais eurent surtout beaucoup d’enfants ». Pour Donna comme pour de nombreuses femmes, l’heure de la maternité ne semble pas avoir sonné. Il est alors primordial de montrer à l’écran cette quête du bonheur centrée sur une projection à court terme sans enfant.
En cela, le soutien des personnages secondaires dans l’histoire est très important. Avec une bienveillance inouïe pour son héroïne, la réalisatrice a développé des personnages chaleureux, capables d’assister Donna et de donner de l’émotion au spectateur. On pense naturellement aux parents de celle-ci dont on sent que les réactions et les dialogues ont été particulièrement difficiles à écrire. À l’écran, rien ne transparait puisque c’est avec une simplicité déconcertante que Polly Drapper (la mère) et Richard Kind (le père) interprètent leurs rôles avec honnêteté. En cela, la scène entre la mère et la fille, où cette dernière avoue qu’elle est enceinte, est la plus touchante du film… mais pas la plus triste !
Les passages de stand-up sont également un procédé efficace pour mettre des mots sur un état d’esprit, un sentiment. Loin d’être explicatif, ils sont un défi pour l’actrice principale dont la prestance, libre et enjouée, occupe l’écran et maintient l’attention du public pendant de longues minutes.
Œuvre comique mais œuvre utile, le cinéma deGillian Robespierresemble bien parti pour délivrer des messages forts où simplicité et efficacité sont les leitmotiv.
Donna Stern (Jenny Slate) is a young New Yorker passionate about stand-up (sort of improvised one-woman show). On a small stage in a bar, she has a show every night where she humorously tellsher disillusions of life: break-up, solitude, work … She then meets a stranger, Max (Jake Lacy), on which she has a crush. Together they will spend a pleasant evening but with too much to drink. A few weeks after this unexpected encounter, Donna realizes that she is pregnant.
Funny and useful, Gillian Robespierre’s films deliver strong messages where simplicity and efficiency are the leitmotiv.
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