Dernière mise à jour : novembre 11th, 2021 at 08:45
Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond ont décroché le Magritte du meilleur documentaire en 2020 et ce n’est pas pour rien. En ces temps troublés où se pose plus que jamais la question du consentement, Mon nom est clitoris apporte un éclairage important sur la sexualité des femmes. Une sexualité qui, tout comme le clitoris d’ailleurs, reste un mystère pour beaucoup… L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur ce documentaire.
Synopsis :
Des jeunes femmes dialoguent autour du thème de la sexualité féminine. Avec une liberté, un courage et un humour communicatif, elles partagent leur expérience et leurs histoires, dans la volonté de changer le monde autour d’elles et de faire valoir le droit des femmes à une éducation sexuelle informée, délivrée des contraintes et des tabous.
Mon nom est clitoris est tout d’abord édifiant…

Parce que le documentaire Mon nom est clitoris permet, à travers ces jeunes femmes qui ont trouvé le courage de se confier, d’identifier les différentes approches qu’ont les femmes de la sexualité en général, et de la leur en particulier, il est étonnant de constater à quel point certaines peuvent encore être mal à l’aise pour aborder le sujet dans le monde hypersexualisé d’aujourd’hui.
Dans un monde où tout se vend à coup de nudité, où des séries telles Sex and the City ont émergés, où les femmes se sont affirmées plus libérées, quelle ironie de constater que la sexualité reste un monde difficile à appréhender pour les femmes, alors que c’est le principal fond de commerce des médias.
Passé ce premier choc et grâce à des témoignages, Mon nom est clitoris explique cette situation. Mais parce que quelles que soient la culture, la religion ou l’inclinaison, les raisons sont globalement les mêmes, le documentaire de Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond change donc de ton.
… puis effarant…

Si le documentaire Mon nom est clitoris reste “léger” de par l’humour des intervenantes et des interludes finement caustiques, l’accumulation des faits amène à un constat inévitable, effrayant et effarant.
Si la démarche en elle-même n’est sans doute pas dans le sens d’un ultra féminisme, il y aurait presque de quoi pousser à la révolte. En effet, on a beau savoir que la société est fondamentalement misogyne, en voir la démonstration ainsi faite en toute en simplicité, et presque à l’insu de leur plein gré, par ces femmes peut donner envie de hurler. Mais là n’est pas le propos car, Mon nom est clitoris, plus que de pointer du doigt la société, parle d’abord aux femmes… des femmes.
… et surtout d’utilité publique !

Qu’on se reconnaisse ou pas dans les témoignages, Mon nom est clitoris est intéressant et essentiel car il démontre l’importance d’une éducation et d’une sensibilisation de la femme dans son rapport à son corps et à sa sexualité, conditions indispensables pour bien vivre celle-ci, y consentir, ou pas d’ailleurs.
Pas étonnant donc que ce documentaire ait été choisi pour être diffusé dans des centres de planning familial en Belgique — et bientôt également en France ? En effet, entre une vision tronquée, la peur d’être jugée ou encore le risque d’être maltraitée, il faut reconnaître que les femmes sont plutôt mal barrées !
Mon nom est clitoris souligne ainsi la nécessité de “libérer” la notion de plaisir chez la femme, “d’approcher” — faut pas trop rêver non plus ! — une égalité sur ce sujet. Après tout, quand on dit Vénus, peu de personne pense à un utérus. Alors pourquoi, pénis ne serait-il pas l’égal de son copain clitoris ?
En savoir plus :
- Date de sortie France : 22/06/2020
- Distribution France : La Vingt-Cinquième Heure