Les Misérables, le chef-d’œuvre de Victor Hugo publié en 1862, a fait l’objet d’une adaptation en six épisodes de la BBC, avec Dominic West dans le rôle de Jean Valjean et Ellie Bamber dans celui de Cosette. L’avis et la critique série de Bulles de Culture sur cette mini-série d’Andrew Davies qui est proposée en intégralité sur M6+, le mardi 1er octobre.
Synopsis :
Dans le Paris du XIXe siècle, Jean Valjean (Dominic West de Sur écoute, Tomb Raider), un ancien détenu qui vient de purger sa peine de 19 années de prison, tente de fuir son passé…
Les Misérables : une adaptation d’un grand classique par la BBC
La BBC a l’habitude de nous proposer des mini-séries adaptées des grands classiques de la littérature, tels qu‘A Christmas Carol de Charles Dickens ou The Pale Horse d’Agatha Christie.
Andrew Davies, qui signe cette adaptation des Misérables, a justement construit sa renommée autour de ces adaptations d’envergure : Orgueils et Préjugés — la mini-série de 1995 avec Colin Firth est elle-même devenue un classique —, Raison et Sentiments (2008) ou encore Guerre et Paix (2016). On retrouve cette proximité avec l’œuvre originale dans Les Misérables, qui garde l’essence des personnages et de leurs parcours, tout en condensant le récit de plus de 2 000 pages en six épisodes.
Le tournage a principalement eu lieu en extérieur, en particulier en Belgique (Bruxelles, Namur, Château d’Enghien) et à Sedan en France pour les scènes parisiennes.
La reconstruction du XIXe siècle est une réussite et parvient à nous plonger dans la France d’en bas de ces années-là, avec sa misère insoutenable et sa révolte qui gronde. John Murphy signe la musique originale, lancinante et mélancolique, qui accompagne à merveille les malheurs des personnages.
Si Les Misérables ne perd pas de vue la force des personnages de Victor Hugo et réussit à nous emmener dans la descente aux enfers des plus pauvres, les six épisodes sont inégaux et oscillent entre moments d’intenses émotions — le destin de Fantine, mis en lumière par une poignante Lily Collins, ou la rencontre entre Jean Valjean et l’évêque de Digne, magistral Derek Jacobi — et quelques longueurs.
La scène d’ouverture, qui nous plonge dans un champ de bataille enfumé de Waterloo transformé en cimetière, préfigurait une réalisation un peu plus inspirée, mais elle manque finalement d’inventivité.
Une mini-série inégale
La mini-série Les Misérables prend pour perspective la rédemption de Jean Valjean, d’ancien forçat à bienfaiteur, qui est portée avec justesse par Dominic West. Les scènes où nous le voyons en proie avec ses anciens démons, s’efforçant de faire preuve de charité quand la société ne cesse de le rappeler à sa condition, sont parmi les plus réussies.
On retrouve aussi les passages emblématiques du roman : la rencontre entre Jean Valjean et l’évêque de Digne, la rencontre avec Cosette, l’affrontement avec l’inspecteur Javert (David Oyelowo), la mort de Gavroche (Reece Yates) sur les barricades. C’est parfois un peu scolaire et nous restons souvent à la surface de l’intrigue, manquant ainsi l’intensité du roman original.
L’affrontement entre Jean Valjean et l’inspecteur Javert, fil rouge de l’histoire, déçoit le plus et nous peinons à croire en l’obsession de l’inspecteur pour l’ancien détenu. Le choix d’alterner des dialogues en français et en anglais est également assez déroutant.
Lorsque l’on approche au cours des épisodes de la révolte qui gronde au sein du peuple, nous arrivons à la partie la plus intéressante de la série : l’exploration des bas-fonds du Paris de l’époque.
Les barricades s’érigent et l’affrontement se prépare entre forces de l’ordre et défenseurs de la République. La lutte à armes inégales est appuyée par une mise en scène des barricades énergique et au plus près des personnages — dont Gavroche, le petit gamin des rues qui apparaît par intermittences jusqu’à sa chanson funeste (“C’est la faute à Voltaire…”).
Notre avis ?
La mini-série de la BBC Les Misérables ne révolutionne pas les adaptations du roman de Victor Hugo, mais donnera l’occasion de se révolter, une nouvelle fois, contre la cruauté de la société vis-à-vis des plus pauvres… et peut-être aussi l’envie de se replonger dans ce chef-d’œuvre.
Secrets de tournage, anecdotes : le saviez-vous ?
- Cette mini-série a été présentée en avant-première au festival de Séries Mania en 2019.
- C’est sur feu la plateforme STARZPLAY que la série avait été proposée, pour la première fois en France, le 26 mars 2020.
En savoir plus :
- Les Misérables seront disponibles, en streaming et en intégralité, sur M6+ à partir du mardi 1er octobre 2024
- Avec Dominic West, Ellie Bamber, David Oyelowo, Lily Collins, Josh O’Connor, Olivia Colman
Très surprise de voir un “Javert noir” !! je doute qu’à cette époque des hommes de couleurs aient eu accès à de tels postes !! Du coup on imagine plus ledit Javert dans la démarche de vengeance raciale qu’à la poursuite d’un forçat.
En fait, si on regarde bien c’était possible. rare, difficile, mais possible qu’un noir puisse devenir officier de police, je prend pour exemple John Kent, le premier officier de police noir au Royaume Uni en 1835. Par ailleurs, quand on observe les origines de Javert il est précisé qu’il est né d’une tireuse de cartes et d’un galérien, hors ce type de personnes étaient la plupart du temps d’origines magrébines et/ou noir. Les descriptions de Victor Hugo font plus penser à Javert comme ayant le physique de bohémiens d’Egypte plutôt que de caucasien. Et d’ailleurs ça justifierai la soif de justice de Javert, étant lui même un paria de par ses origines cela renforce le parallèle entre lui et Jean Valjean.