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© 2023 NORD-OUEST FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS Photographe IVAN MATHIE

Interview / Thomas Cailley pour “Le Règne animal”

« Le Règne animal », le nouveau film de Thomas Cailley, est sorti en salles le 4 octobre. Le réalisateur, qui avait fait sensation avec son premier film Les Combattants (2014), revient avec une fable fantastique sur la relation entre un père (Romain Duris) et un fils (Paul Kircher) dans un monde où les humains se transforment en animaux.

Thomas Cailley explore la frontière entre l’humain et l’animal

Bulles de Culture : D’où vient cette volonté de réaliser un film fantastique avec “Le Règne animal” ?

Thomas Cailley : Cela découle en grande partie du contexte contemporain. Sur mon premier film, “Les Combattants“, j’avais déjà effectué une sorte de transition entre le réel et le fantastique. Ce mélange des genres m’avait captivé, car j’avais ressenti que cela me permettait de saisir les maux de notre époque avec plus de perspicacité et de précision. J’ai alors cherché une nouvelle histoire offrant cette souplesse narrative. L’idée de la métaphore homme-animal s’est avérée parfaitement adaptée à cet objectif. C’est un concept qui s’inscrit parfaitement avec les problématiques du monde d’aujourd’hui.

« Il est indéniable que nous traversons actuellement une crise »

Bulles de Culture : Avez-vous évolué dans votre réflexion sur votre rapport à la nature depuis « Les Combattants » ?

Thomas Cailley : Oui, je pense que le sentiment d’urgence face au monde qui nous entoure est devenu extrêmement présent. Cette préoccupation est bien plus marquante aujourd’hui qu’il y a cinq ans quand je réalisais « Les Combattants ». Il est indéniable que nous traversons actuellement une crise. J’ai souhaité faire un film où le regard envers autrui devait nécessairement évoluer contraignant d’avoir plus d’attention envers l’autre.

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© 2023 NORD-OUEST FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 2 CINÉMA – ARTÉMIS PRODUCTIONS Photographe IVAN MATHIE

Bulles de Culture : Comment avez-vous découvert Paul Kircher, l’acteur principal du film ?

Thomas Cailley : C’est le fruit du hasard. Nous avons organisé à la fois des auditions ouvertes et des castings plus conventionnels avec des agences. Pour le rôle principal, je recherchais quelque chose de très spécifique. Paul Kircher a été le premier à franchir la porte de l’audition. Il avait cette qualité qui m’a immédiatement séduit, une combinaison de force et de fragilité. Ce qui me fascine chez lui, c’est qu’il semble inconscient de sa propre puissance. Il a une énergie non canalisée qui bouillonne. Cette part sauvage que j’ai trouvée en lui est essentielle pour raconter cette histoire.

« Nous nous sommes imposés de tourner la totalité du film en décors réels »

Bulles de Culture : Comment avez-vous utilisé les effets spéciaux dans votre film ?

Thomas Cailley : Nous aurions pu opter pour la solution de facilité et faire appel à une société d’effets spéciaux pour réaliser tout le travail. Cependant, ce n’est pas ainsi que nous avons procédé pour ce film. Nous nous sommes imposés de tourner la totalité du film en décors réels, sans utilisation de fonds bleus ou de studios. Cette contrainte était essentielle, car elle nous ancrait dans la réalité. Concernant les créatures, nous avons exploité au maximum les capacités des acteurs. Nous avons débuté avec leurs corps, leurs voix, et seulement lorsque cela s’est avéré insuffisant, nous avons eu recours à des prothèses et du maquillage. Les effets numériques ont été utilisés en dernier ressort.

Bulles de Culture : Peut-on dire que le tournage a été aussi dynamique que ce qui transparait à l’écran ?

Thomas Cailley : Le tournage a été ponctué par de nombreuses péripéties, notamment en raison des incendies en Gironde qui ont entraîné une suspension de tournage de deux mois. Romain Duris était le premier à souligner que chaque jour apportait son lot de changements. Nous étions constamment en train de modifier notre dispositif, notre configuration caméra, car les personnages nous emmenaient constamment dans de nouvelles explorations. Nous avons tourné dans les airs, sur l’eau, sur terre, sur des reliefs, en voiture… Les plans variaient en permanence. Cela n’a pas empêché le film de comporter également des scènes très intimes.

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© 2023 NORD-OUEST FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 2 CINÉMA – ARTÉMIS PRODUCTIONS Photographe IVAN MATHIE

Bulles de Culture : Pourquoi avez-vous choisi de faire de la filiation l’un des sujets centraux du film ?

Thomas Cailley : Je pense que ma paternité, survenue entre mon premier film et celui-ci, a joué un rôle dans cette décision. La dynamique de la transmission m’intéresse sur le plan personnel mais également d’un point de vue politique. Quel monde souhaitons-nous léguer à nos enfants ? Quelles valeurs héritent-ils de nous ? François, le père, essaie de faire face aux contradictions de son monde en pleine mutation, tout en aspirant à la guérison de son épouse et au retour à la normale. Il doit surmonter son besoin de tout contrôler et évoluer au-delà de sa vision dépassée du monde. François apprend à faire preuve de courage, en grande partie grâce à son fils. La transmission s’effectue en cela dans les deux sens.

Bulles de Culture : Avez-vous un animal totem auquel vous aimeriez être transformé si vous deviez être touché par cette maladie ?

Thomas Cailley : Un hippocampe. C’est paisible, ça suit le courant. Il y a une légèreté dans l’hippocampe qui est magnifique.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 04/10/2023
  • Distribution France : StudioCanal
Antoine Corte

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