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Angoulême 2024 / “Le choix du pianiste” : une symphonie d’amour et de résistance

Sélectionné en avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2024, Le Choix du Pianiste de Jacques Otmezguine est une fresque historique qui mêle amour, musique et résistance dans le contexte troublé de l’Europe des années 1920 à 1950. Rencontre avec Jacques Otmezguine et Pia Lagrange, qui incarne Rachel, le premier amour de François, le pianiste virtuose. 

Le film raconte le destin d’un jeune pianiste talentueux (Oscar Lesage) qui, en plein essor de sa carrière, doit naviguer entre son amour pour la musique et les réalités brutales de l’époque, notamment l’Occupation et la Seconde Guerre mondiale. À travers des choix déchirants et des passions inébranlables, le réalisateur tisse une histoire où la quête de liberté et d’expression artistique devient un acte de courage.

Bulles de Culture : Jacques Otmezguine, Le choix du Pianiste est un grand film historique qui traverse les décennies, des années 1920 aux années 1950. Quelles recherches sont nécessaires pour recréer ces époques à l’écran ?

Jacques Otmezguine : Pour aborder un film de cette ampleur, il faut d’abord posséder une certaine culture de l’histoire. J’ai déjà réalisé plusieurs séries télévisées avec des moyens importants, comme De soie et de cendre ou Julien L’apprenti. Ce que j’aime dans les films historiques, ce n’est pas tant l’histoire elle-même, mais plutôt le fait de m’évader de mon quotidien. J’adore créer des univers différents de ceux qu’on voit tous les jours. J’ai beaucoup lu. Cette passion pour l’histoire et la littérature me permet de rendre hommage à des personnages réels tout en les mêlant à des personnages fictifs. Ce n’est pas toujours évident, et c’est même parfois risqué, car il faut être très précis pour que l’ensemble reste cohérent. Par exemple, j’ai dû ajuster une date dans le film de 1945 à 1944 après qu’un historien nous l’ait signalé.

Le cinéma d’aujourd’hui tend à se focaliser sur des récits très sociaux

Bulles de Culture :  Pia Lagrange, comment avez-vous abordé votre transition du théâtre au cinéma avec ce premier rôle principal ?

Pia Lagrange : Pour moi, le cinéma, comme le théâtre, est une question de rythme et d’émotion. La musique est un élément essentiel qui traduit les émotions de manière brute et pure. En lisant le scénario, j’ai essayé d’aller à l’essence du sentiment, puis de travailler avec mes partenaires sur le plateau pour trouver la bonne vibration entre nous. C’est comme une partition : il faut trouver la bonne harmonie ou parfois la bonne dissonance. C’était une aventure totalement nouvelle pour moi, avec mon premier rôle féminin principal au cinéma, et j’ai adoré cette expérience.

Jacques Otmezguine : Pia a une voix musicale et une présence qui se ressent à l’écran. C’était très important pour moi, car l’amour et la musique sont des éléments centraux de ce film. J’ai toujours voulu réaliser un film où ces deux thèmes se mêlent de manière puissante. Le cinéma d’aujourd’hui tend à se focaliser sur des récits très sociaux, mais moi, je voulais revenir à des histoires d’amour intemporelles, qui soient à la fois romantiques et dramatiques.

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Bulles de Culture : Le film a été tourné dans des lieux chargés d’histoire, notamment à Roubaix, dans des lieux comme l’ancienne Banque de France. Quelle dimension cela apporte-t-il au film ?

Jacques Otmezguine : Pour moi, tourner dans des endroits qui ont une âme est essentiel. La caméra enregistre tout, elle capte l’essence des lieux. Quand je fais des repérages, même si le lieu ne correspond pas exactement à ce que j’avais en tête, s’il y a une atmosphère particulière, je sais que je suis au bon endroit. À Roubaix, on a trouvé un immeuble abandonné, cette ancienne banque de France, avec une ambiance unique. On a pu recréer plusieurs décors à chaque étage de cet immeuble, ce qui nous a permis de gagner du temps tout en bénéficiant de l’atmosphère historique de ce lieu.

Pia Lagrange : Ce lieu avait une énergie très particulière. On pouvait y voir une sorte de luxe abandonné. Cela nous a tous plongés dans l’atmosphère du film dès le début du tournage.

Bulles de Culture : Parlez-nous de l’ambiance sur le tournage. Tourner un film avec un sujet aussi intense doit nécessairement créer des moments difficiles…

Pia Lagrange : Oui, il y a eu des moments très difficiles. Je me souviens de mon premier jour dans la loge costume, quand j’ai vu le gilet avec l’étoile jaune. C’était un choc émotionnel énorme. Mais malgré la gravité du sujet, l’ambiance sur le plateau restait très bonne. Il y a eu une vraie communion entre les équipes techniques et les acteurs. On était tous conscients de l’importance du sujet, mais on savait aussi qu’il fallait garder une certaine légèreté pour continuer à avancer.

Chaque film est une réflexion sur des questions qui nous concernent

Bulles de Culture : Jacques, est-ce que l’histoire et les choix des personnages principaux ont provoqué chez vous des réflexions personnelles ?

Jacques Otmezguine : Absolument. On ne crée jamais une histoire de manière gratuite. Chaque film est une réflexion sur des questions qui nous concernent. Pour Le choix du Pianiste, je me suis inspiré des grandes histoires romantiques, des grands mélodrames classiques qui m’ont toujours fasciné. Je voulais rendre hommage à cette époque du cinéma où l’amour, dans toutes ses formes, était le moteur principal de la narration.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 08/01/2024
  • Distribution France : Destiny Films
Antoine Corte
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