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Le Temps d'aimer cannes 2023 Katell Quillévéré
Gaumont

Critique / “Le Temps d’aimer” (2023) de Katell Quillévéré

Enfant de Cannes, Katell Quillévéré débute avec son premier court métrage, A bras le corps, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Quelques années plus tard, elle rejoint cette même sélection avec son premier long, Un poison violent. Également à la Semaine de la Critique avec le film suivant, Suzanne, la cinéaste rejoint pour la première fois la sélection officielle (Cannes Première) avec Le Temps d’aimer, sept ans après sa précédente réalisation, Réparer les vivants. La critique et l’avis de Bulles de Culture sur le film. 

Synopsis :

1947. Sur une plage, Madeleine (Anais Demoustier), serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François (Vincent Lacoste), étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. La providence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien…

Le Temps d’aimer tirée d’une histoire vraie

Katell Quillévéré tire la genèse de son nouveau film dans l’histoire tragique de sa grand-mère. Celle-ci a vécu dans sa jeunesse une histoire d’amour avec un allemand pendant la seconde guerre mondiale. Elle s’est ensuite retrouvée enceinte à 17 ans avant de rencontrer le grand-père de la cinéaste. Contre l’avis de sa famille qui venait d’un milieu bourgeois, ce dernier a accepté d’épouser la jeune mère et de reconnaitre l’enfant qu’il a finalement adopté. Le secret de cette paternité a été gardé par l’aïeule jusqu’à ses 80 ans, moment où la réalisatrice a réussi à percer le mystère.

Le Temps d’aimer marque d’emblée la gravité de son propos en ouvrant sur des images d’archives terribles montrant des femmes ayant fréquenté des allemands tondues puis lynchées en place publique. Après avoir subi ces mêmes sévices, Madeleine va vouloir s’extirper de cette société qui la rejette en allant se cacher en Bretagne où elle trouve un métier de serveuse. Elle y rencontre François sur les plages de l’ouest. Ensemble, ils vont immédiatement être attirés l’un par l’autre. Mais cette attraction mutuelle cache en réalité de nombreux secrets des deux côtés que chacun va découvrir au fil des années.

Le temps d'aimer critique avis film photo (1)
Copyright Roger Arpajou

La notion de couple

Katell Quillévéré s’intéresse ici à la notion de couple, notion systémique qui s’avère être pour la réalisatrice une fiction qui s’invente à deux. Pour ce faire, elle raconte l’histoire de deux êtres singuliers qui vont, de par leur spécificité, apprendre à s’aimer à leur façon au cours d’une relation durable montrée par ellipse. Chaque personnage porte en lui le poids d’une honte qu’il essaye de refouler. C’est dans le refuge du couple que chacun va trouver la force de dépasser leur propre humiliation. Au-delà de la complexité de l’union amoureuse, rythmée par des désillusions, des trahisons, le récit aborde également d’autres réflexions ancrées dans l’humain, telles que la paternité, l’homosexualité ou la fidélité.

L’histoire se construit graduellement en révélant par étape les fêlures de chaque personnage. La réalisatrice, rejointe à l’écriture par Gilles Taurrand, laisse du temps à son récit pour s’installer. Perdus quant aux intentions de départ sur le premier tiers, on trouve peu à peu nos repères dans ce film historique jusqu’au final bouleversant, excellent paiement fermant toutes les portes ouvertes par les scénaristes.

Le temps d'aimer critique avis film photo (1)
Copyright Roger Arpajou

un film humaniste et sensible

La mise en scène de Katell Quillévéré rompt avec le classique de sa dramaturgie. C’est avec le dynamisme d’une caméra à l’épaule que la réalisatrice va suivre les deux personnages principaux dans leurs interactions avec le monde. La cinéaste fait également le choix d’un couple d’acteurs étonnant, Anais Demoustier et Vincent Lacoste, auquel on ne pense pas forcément pour un tel drame romantique. Les deux trentenaires les plus en vogue du cinéma français arrivent pourtant à une osmose, rendant leur lien totalement crédible.

Avec Le Temps d’aimer, Katell Quillévéré réussit encore une fois à réaliser un film humaniste et sensible dont l’intérêt ne fait que se renforcer au fil de l’histoire.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 29/11/2023
  • Distribution France : Gaumont
Antoine Corte

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