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Le Premier affiche

[CRITIQUE] “Le Premier” par Dimitri Dubreucq ou comment ne pas être le dernier

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:05 am

Le Premier d’Israël Horovitz, dans une mise en scène de Dimitri Dubreucq, se donne actuellement au théâtre Les Déchargeurs. Quel est le prix à payer pour ne pas être le dernier ? Notre avis.

Synopsis :

Quatre hommes, Stephen (Vincent Gilliéron), Fleming (Guillaume Tagnati), Dolan (Sylvain Savard), Arnall (Pierre-Marie Schneider) et une femme, Molly (Lou Tordjman), se retrouvent dans une file d’attente, avec deux objectifs : être le premier, mais plus encore, ne pas être le dernier. Chacun use de stratagèmes pour changer de place, avancer… tout faire pour ne pas être “cinquième”.

Le Premier :
Une pièce grinçante et truculente

 

Le Premier image
© Épéus communication

 

Cinq personnes font la queue. Chacun adopte une stratégie pour ne pas être le dernier. Fleming lui, a dormi sur place, pour être le premier. Il sera vite doublé par Stephen, à grand renfort de manipulation. Dolan, lui, attend patiemment et malicieusement son tour. En apparence amical, mais hypocrite, il sait qu’en usant de discrétion, il parviendra à être premier. Double compétition pour Molly et Arnall qui sont en couple dans la vie. Molly use de ses charmes et de son corps, pour prendre le pouvoir. Arnall, lui, d’un tempérament plus passif, se laisse plus ou moins mener, mais partage malgré tout la peur viscérale de ses compagnons : ne pas être dernier.

Dans cette pièce Le Premier d’Israël Horovitz, bouillonnante, haletante, toutes les extrémités sont atteintes par les personnages pour remporter la course à la première place. Plus encore que la satisfaction d’être devant, en tête, victorieux, tous appréhendent de manière pathologique la cinquième place, la dernière, humiliante, angoissante.

Se joue alors un véritablement ballet de changements de place, au gré des rebondissements. Chacun aiguise ses propres armes : force physique, intelligence, manœuvres mentales, sexe, séduction. La compétition devient frénétique, maladive, morbide.

Une présence scénique remarquable

 

Pour la pièce de théâtre Le Premier, Dimitri Dubreucq opte pour une mise en scène épurée mais non moins puissante. Une sorte d’estrade, de podium, avec une ligne blanche visible de tous, fait office de “file d’attente”, au centre de la scène, le cœur de la bataille. Là où apparaît le rang de chacun. Mais l’affrontement se joue aussi sur tout l’espace scénique où les luttes de pouvoir ne cessent d’occuper les comédiens avec l’appui de la danse et de la musique.

Le Premier, pièce construite sur une métaphore, pose intelligemment à chaque spectateur des questions laissées en suspens.  Une quête en apparence vide de sens, qui interroge sur le rapport de toute personne à l’exclusion, aux normes sociales, au but que chacun donne à sa vie.

La pièce est servie par des comédiens qui font tous preuve d’une vitalité et d’une présence scénique remarquable.

Une réussite.

 

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En savoir plus :

  • Le Premier au théâtre Les Déchargeurs (Paris, France) du 5 janvier au 18 février 2017, du mardi au samedi à 21h
Agathe M.

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