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S.O.S. Fantomes affiche

Critique / “S.O.S. Fantômes” (2016) : un reboot hanté par les studios

Dernière mise à jour : octobre 26th, 2020 at 09:31 pm

La hantise des reboots

La première difficulté quand un studio se lance dans un reboot, c’est tout l’héritage du ou des films originaux, et toutes les attentes qui vont avec. Sur cet aspect, S.O.S. Fantômes part avec un handicap de taille. Le film original est un classique vénéré de tous. Une énorme “fanbase” attend les studios au tournant, comme l’a prouvé l’épouvantable accueil de la toute première bande-annonce (certes ratée) du nouveau film, qui a tout de même récolté le plus grand nombre de retours négatifs de toute l’histoire de YouTube.

Telle est la hantise des studios, tétanisés à l’idée de se mettre à dos ces communautés de fans des premiers jours. C’est pourquoi une majorité des remake contemporains place sur un piédestal les codes et les éléments caractéristiques des films originaux. Star Wars : Episode VII – Le Réveil de la Force, Jurassic World, Terminator Genisys… tant de reboots prisonniers d’une franchise qu’ils n’osent réinventer. L’exemple de S.O.S. Fantômes est encore plus flagrant.

Le concept original de ce remake a peut-être l’avantage de se démarquer d’emblée de l’original. Mais la suite du film est accablée de références et d’éléments incontournables à la franchise qu’elle n’arrive pas à incorporer adroitement dans le récit. Des caméos du casting original sont par exemple dispatchés tout au long du film comme des cheveux sur la soupe et sans grande originalité.

Un bon remake doit intelligemment s’approprier cet esprit de succession alors qu’ici, il pèse lourdement sur la trame. Et souvent, lorsque le film échoue à cette tâche, un autre symptôme fait rapidement son apparition : la surenchère. Inhérente à la majorité des blockbusters de l’ère numérique, la surenchère est encore plus évidente (et préjudiciable) dans les remakes de vieux classiques. Elle est souvent gratuite et excessive, comme s’il fallait justifier d’une sorte de modernité pour légitimer la nouvelle adaptation.

Ainsi, tout le dernier acte de ce S.O.S. Fantômes est monopolisé par une gargantuesque armée de fantômes à tout-va qui réduit l’intrigue à peau de chagrin. Les personnages sont noyés dans un tsunami d’effets spéciaux, certes réussis mais totalement superficiels. Là encore, la forme ne se lie pas au fond du film. Elle ne travaille pas les personnages qui ne font plus que figurer dans presque toute la seconde moitié du film.

À cette surenchère typique des blockbusters américains s’en ajoute une autre plus spécifique au reboot : la “surenchère de franchise”. Le premier S.O.S. Fantômes avait un personnage “bouffe-tout” ? On en met deux. Le premier avait une secrétaire un peu cruche ? On va en mettre un totalement idiot. La première équipe avait quelques armes simplistes pour chasser les fantômes ? La nôtre aura tout une armada ultra-sophistiquée…

En accumulant tous ces défauts, S.O.S. Fantômes sombre dans un enchaînement de scènes d’actions spectaculaires mais sans surprises. Un défaut en redondance avec un récit trop prévisible et convenu, sacrifié justement pour du divertissement de grande surface. Cette débauche d’effets visuels compense mal le manque d’originalité dont fait terriblement défaut le scénario de Katie Dippold et Paul Feig.

Le projet de ce dernier était-il d’emblée voué à l’échec ? Ou est-ce la pression des studios qui a ruiné le film?

La réponse n’est pas si simple que cela, mais une chose est sûre : Paul Feig a des comptes à rendre après l’échec de ce reboot plus commercial qu’original.

Emilio M.

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