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ALEXANDRE BRASSEUR image Les Enfants du paradis
© D.R.

[Interview] Alexandre Brasseur dans une pièce “qui compte”

Dernière mise à jour : avril 9th, 2019 at 09:46 am

A l’affiche de la série quotidienne Demain nous appartient de TF1, Alexandre Brasseur s’octroie aussi des pauses pour monter sur scène. De passage à Bruxelles, il a accepté de se confier à Bulles de Culture sur un projet qui lui tient à cœur : Les Enfants du Paradis.

Synopsis :

On connaît le film Les Enfants du Paradis, cet hymne à l’amour, à la femme avec une galerie de personnages, indissociables de leurs interprètes : Arletty Garance, la femme libre, Jean-Louis Barrault, le mime Deburau, Marcel Herrand le truand, Pierre Renoir, le marchand d’habits Jéricho, Maria Casarès, la pure Mathilde, et Pierre Brasseur, Frédérick Lemaître. Le film sorti en 1945 juste après la libération a été classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco mais il ne s’agit pas d’une pièce de musée, il est de l’étoffe des rêves, comme dirait Shakespeare. Rentrer dans les coulisses de ce rêve, c’est ce que nous propose Daniel Colas sur une idée d’Alexandre Brasseur qui incarne Pierre Brasseur, son grand-père qui raconte le tournage du film quelques années après sa sortie. Tempêtes et remous d’une création collective dans la France occupée qui avait valeur de résistance sans que tous les protagonistes en aient vraiment conscience. Seul Jacques Prévert y croyait et entendait faire passer son message de la victoire de la liberté, incarnée par Garance, face aux autorités, face à la censure que craignait beaucoup Marcel Carné, débordé par l’audace de son scénariste faisant dire à Jéricho : « marchand d’habits, marchand d’amis », ce qui est une référence inouïe à la propagande de délation organisée par les Allemands.

Alexandre Brasseur : Interview téléphonique depuis Bruxelles

En ce lundi 27 novembre 2017, débarqué en Belgique via le Thalys, Alexandre Brasseur enchaîne les interviews de présentation depuis 9h. Bulles de Culture est deuxième sur son planning serré. Alexandre Brasseur arrive tout doucement au bout des dates calées un peu partout en France et à Bruxelles de son spectacle très personnel Les Enfants du Paradis où il est la voix de son grand-père. Comme il nous le confie à l’autre bout du fil, il en est très fier.

ALEXANDRE BRASSEUR image Les Enfants du paradis

Bulles de Culture : Bienvenue à Bruxelles. Vous allez bientôt revenir y jouer plusieurs fois. C’était quand la fois précédente ?

Alexandre Brasseur : Il y a deux ans. J’étais venu jouer Georges et Georges d’Eric-Emmanuel Schmitt, auteur français qui vit chez vous désormais. Je suis touché que cette nouvelle pièce ait été demandée en Belgique.

Bulles de Culture : Les Enfants du Paradis, pièce jouée au Théâtre du Petit Saint-Martin à Paris, a des choses à nous dire…

Alexandre Brasseur : Oui, c’est l’histoire d’un combat. Ce n’est pas un spectacle anodin. Il vous permet de vous poser des questions, de réfléchir sur la situation de la France, sur l’attentisme, le collaborationnisme.

“L’envie d’aller à Avignon”

Bulles de Culture : Du coup, vous devez vous sentir en équilibre en ce moment car vous compensez avec des sujets un peu plus légers dans Demain nous appartient

Alexandre Brasseur : Effectivement et c’est agréable de trouver ce point d’équilibre. Mais mon spectacle est néanmoins accessible ! Il traite d’un sujet profond et, accessoirement Demain nous appartient en aborde aussi. Ils sont traités de manière légère et populaire mais on aborde aussi des thématiques de société graves.

Bulles de Culture : Revenons à votre spectacle et à son actualité…

Alexandre Brasseur : Et bien après ma presque semaine complète à le jouer en Belgique, j’aurai quasiment fini ma tournée. Il me restera des dates en janvier. Je tourne avec ce spectacle depuis septembre avec, en parallèle, le tournage de la série de TF1. On vient de passer une bonne moitié de l’exploitation complète des Enfants du Paradis.

Bulles de Culture : La fin de la tournée vraiment ? Elle n’est pas ouverte ?

Alexandre Brasseur : J’ai envie de vous dire oui mais ça ne va pas comme ça. Vous savez, il faut que les théâtres soient libres et qu’ils vérifient leur budget. Je souhaiterais refaire une exploitation parisienne, pourquoi pas l’emmener à Avignon et en tournée. Je réfléchis à différentes possibilités… d’autant que c’est une pièce intemporelle !

Bulles de Culture : Et qu’en est-il de l’accueil ailleurs qu’à Paris ?

Alexandre Brasseur : Pour l’instant, il est bon et l’a toujours été. C’est un texte puissant de Daniel Colas qui assure aussi la mise en scène. Texte qui parle d’un combat d’artistes de grand renom pour que vive la liberté. J’y parle notamment de Prévert. Comment écrire une œuvre importante qui est une éloge à la liberté alors que l’ennemi occupe votre pays ? Les Enfants du Paradis a été écrit en 1943 sous occupation allemande. Des films avec l’envie d’être libre à l’époque, ce n’était pas simple…

“L’homme n’apprend hélas pas de ses erreurs passées”

Bulles de Culture : Ça tombe pile au moment où on se demande ce qui doit être interdit dans les films au cinéma. Le débat sur la cigarette dans la bouche des acteurs notamment… 

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Alexandre Brasseur : (il coupe) Il y a beaucoup plus grave. Mais vous savez, dans le monde aujourd’hui, au-delà de la cigarette au cinéma et à la télé, il y a malgré tout un débat sain et important. Je pense notamment à des thématiques moins futiles et plus grandes : la liberté de la presse menacée, des centaines de journalistes tués en Turquie ces dernières années, les femmes verrouillées, … Il faut être encore plus vigilant. L’homme n’apprend hélas pas de ses erreurs passées, c’est un combat permanent que nous devons mener pour que vive la liberté. Dans ce contexte, je pense que mon spectacle compte.

Bulles de Culture : La culture compte, oui. En Belgique, de petits lieux culturels sont menacés de fermeture et des pétitions circulent actuellement pour faire réfléchir les hommes et femmes politiques.

Alexandre Brasseur : Je ne suis pas très au fait de l’actualité politique culturelle en Belgique ou en France pour ne rien vous cacher… mais je sais que ça va, ça vient. Il y a des réalités financières, des urgences, malheureusement, l’art ne fait pas partie des choses prioritaires. Les spectacles font partie des coupes budgétaires des familles de plus ou moins 4 personnes n’arrivant pas à boucler leur mois.

Bulles de Culture : A ce propos, corrigez-nous si nous nous trompons, mais vous avez choisi des tarifs préférentiels pour que les gens puissent assister à votre spectacle pour une somme variant de 10 à 15€ ?

Alexandre Brasseur : C’est parti d’une remarque d’un internaute sur un de mes comptes sur les réseaux sociaux. Quelqu’un m’a fait une réflexion sur les tarifs toujours trop chers des théâtres. Mais aujourd’hui, énormément de gens ne passent plus par la caisse des théâtres. On peut acheter son ticket sur des sites qui bradent à presque 50%. J’expliquais donc à ce follower que 15€ pour assister à une vraie création d’1h30 avec des acteurs vivants, des techniciens, une salle, des lumières du chauffage, un siège pour ses fesses, ce n’était pas cher payé. Le ticket était bradé à plus de 50% mais ce n’était visiblement pas suffisant. On devrait peut-être payer les gens pour venir nous voir ? Je ne suis pas d’accord. En plus, à Paris, il y a des tarifs très attractifs pour les étudiants. Ou parfois une place offerte pour une achetée dans les théâtres dits privés et typiquement parisiens. Aujourd’hui, en farfouillant un peu, on trouve toujours des places à des tarifs ultra attractifs.

“A l’antenne sur TF1 jusqu’en mars”

Bulles de Culture : Quels sont vos projets à l’approche de 2018 ?

Alexandre Brasseur : Pour l’instant, mener à bien l’aventure de Demain nous appartient sur TF1. Pour l’instant, nous sommes assurés de rester à l’antenne jusqu’en mars. Je ne sais pas pour la suite mais je suis aussi en réflexion sur le futur de cette pièce. Je pense que je ne vais pas en rester là.

Bulles de Culture : Et un rôle dans une autre pièce se dessine-t-il ?

Alexandre Brasseur : Non, pas pour l’instant. Pas d’autre rôle de prévu car je ne suis pas du genre à passer d’un projet de théâtre à un autre. Je ne sais pas de quoi demain sera fait… On verra ce qu’on me propose à l’approche de la prochaine saison culturelle et théâtrale. Après un an à jouer au théâtre une aventure dense et intense, j’ai envie de tourner. En tout cas, ce spectacle est très fort, je me suis énormément battu pour lui. Il m’a beaucoup pris et beaucoup donné. Je vous avoue que je n’ai pas envie de le quitter déjà maintenant…

Bulles de Culture : Alors concluons en trois mots : demain vous appartient !

Alexandre Brasseur : Exactement. Je prends !

En savoir plus :

  • Les Enfants du Paradis, pièce de Daniel Colas
    Au Palais de la Culture de Puteaux le 7 décembre 2017 à 20h45
    Au Centre Culturel d’Auderghem (Bruxelles) du 12 au 16 décembre à 20h30 et le 17 décembre à 15h
    Au Centre Culturel Les 3 Pierrots de St Cloud le 20 janvier 2018 à 20h30
    Au Palais Des Congres Sud Rhône Alpes le 30 janvier 2018 à 20h
Luigi Lattuca
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