Dernière mise à jour : octobre 4th, 2019 at 04:49 pm
La pièce de François Archambault, Tu te souviendras de moi, se donne actuellement au Théâtre de Paris dans une adaptation de Philippe Caroit et une mise en scène de Daniel Benoin. L’avis et critique théâtre de Bulles de Culture sur cette pièce coup de cœur.
Synopsis :
Édouard (Patrick Chesnais), universitaire chevronné, perd peu à peu la mémoire. Les souvenirs s’entremêlent, se font diffus, passé et présent se confondent. Autour de lui, son épouse (Nathalie Roussel), sa fille (Émilie Chesnais), son nouveau gendre (Frédéric de Goldfiem) et la fille de ce dernier (Fanny Valette) oscillent entre tendresse et désespoir. Face à la maladie, des liens se créent et se distendent.
Tu te souviendras de moi : une pièce douce-amère
Tu te souviendras de moi est d’abord un magnifique texte écrit par François Archambault, qui appréhende la maladie d’Alzheimer, ou à tout le moins, la perte de mémoire, avec beaucoup de subtilité. Cette pièce, construite autour d’un personnage central, le malade, Édouard, déploie d’intenses réflexions sur le rapport personnel à la maladie, mais aussi sur la relation aux proches, qui eux-mêmes projettent attentes, souvenirs, frustrations, sur l’état de leur père, époux, beau-père.
Avec beaucoup de finesse, François Archambault introduit une dose d’humour salvatrice, sans verser dès lors dans une complainte larmoyante sur l’affaiblissement d’un homme. Jouant avec les quiproquos inhérents à la maladie, faisant d’Édouard un personnage à l’esprit incisif et corrosif, la pièce Tu te souviendras de moi provoque même des éclats de rire.
La mise en scène de Daniel Benoin met en valeur l’écrit, en jouant sur la précision, avec des scènes au rythme relativement soutenu, contrastant ainsi avec le dépérissement progressif d’Édouard. La pièce reste sobre, délicate, les emportements, les effarements des uns et des autres n’en font ni une farce ratée, ni une démonstration semi-tragique. Bel exploit réunissant un texte, une mise en scène et un jeu d’acteurs sonnant dans l’ensemble toujours très justes.
Révérence devant Patrick Chesnais
Certes, cette la pièce de théâtre Tu te souviendras de moi est totalement portée par l’interprétation de Patrick Chesnais, brillant, impressionnant de vérité et de naturel. Un écrin sur mesure pour cet acteur d’exception. Son jeu s’avère ciselé, le tourbillon dans lequel est pris son personnage saisit le spectateur. Le comédien se glisse parfaitement bien dans la peau de cet universitaire au verbe affirmé, qui lutte comme il peut, au gré des souvenirs qui se mélangent, pour rester lui-même et ne pas totalement sombrer.
Une mention spéciale se doit d’être également décernée à Fanny Valette, dans le rôle de la fille du gendre d’Édouard, se glissant, pour adoucir le quotidien du malade, dans la peau d’une des filles du malade et qui va se nourrir ainsi du rapport humain très fort qu’elle va entretenir avec celui-ci pour grandir et se grandir elle-même. La comédienne se révèle très juste, très sûre dans ce rôle pas si facile.
Cette adaptation de Tu te souviendras de moi est proprement magistrale, on en oublie les quelques faiblesses de-ci de-là pour n’en retenir qu’un immense moment d’émotion.
En savoir plus :
- Tu te souviendras de moi de François Archambault, mis en scène par Daniel Benoin au Théâtre de Paris (France) du 5 septembre au 31 octobre 2018. Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 17h, le dimanche à 15h