Dernière mise à jour : mai 31st, 2019 at 08:47 am
La réalisatrice Ines Bensalem vient de remporter le Grand Prix du jury du Festival Ptit Clap 2017, dédié aux jeunes réalisateurs, avec son court-métrage Coudre & découdre. A cette occasion, Bulles de Culture l’a rencontré pour échanger sur son film et ses envies de cinéma. Interview.
Synopsis :
Attentat à La Courneuve ! Dans une cité lointaine, il fait deux victimes collatérales : Khalil et sa barbe. Khalil (Sami Trabelsi) croule sous les reproches de sa mère, essuie les réflexions de ses potes. Le pauvre garçon ne cesse de coudre et d’en découdre. Survivra-t-il aux accrocs ?
Interview Ines Bensalem
(Coudre & découdre)
Bulles de Culture : Raconte-nous la genèse du projet et tes inspirations.
Ines Bensalem : Coudre & découdre est né d’une envie de répondre à la psychose générale déclenchée par les évènements de novembre 2015, en traitant, avec humour, de la perception des jeunes de banlieue sur l’actualité : leurs frustrations, leur cri de liberté, et leur ras le bol, aussi. Mais également de l’absurdité de symboles qui aujourd’hui sont devenus source de suspicion. Ici, la barbe de Khalil, jeune imberbe complexé, est le catalyseur des peurs, des moqueries et des débats de chacun des personnages. Le plus surprenant, c’est que cette barbe est également le catalyseur des peurs et des appréhensions du public qui est toujours frustré de ne pas savoir ce qu’il y a dans la tête de ce jeune homme !
“Ma référence, c’est les autres”
Bulles de Culture : Est-ce que tu as en tête des films vers lesquels tu as souhaité te rapprocher en imaginant Coudre & découdre ?
Ines Bensalem : J’aime beaucoup Almanya (2011) de Yasemin Şamdereli, qui joue énormément sur le comique de situation autour de l’immigration et des scènes en groupe. Mais en écrivant Coudre & découdre je n’avais pas forcément de référence. J’avais envie d’écrire une histoire drôle, avec une double lecture plus profonde sur ce que l’actualité a changé dans notre perception des autres. C’est un film court, et d’aujourd’hui, sur le quotidien des jeunes qui grandissent dans un climat que la précédente génération n’a pas connu. Ma référence c’est les autres, les jeunes, dans la réalité d’aujourd’hui, avec la touche de légèreté et de fantasme que la fiction nous autorise.
“Marion Maréchal Le Pen est tout sauf une figure politique dans le film”
Bulles de Culture : Il est souvent délicat de parler de politique au cinéma. Est-ce que tu peux commenter ton choix de faire allusion à Marion Maréchal Le Pen ?
Ines Bensalem : Il y a un running gag qui revenait souvent lorsque je parlais à des jeunes de politique, c’était le physique de Marion Maréchal Le Pen. Beaucoup ne partageaient pas ses idées mais n’étaient pas contre un flirt avec elle s’ils en avaient l’occasion. Finalement, Marion Maréchal Le Pen est tout sauf une figure politique dans le film. On joue plus sur le côté cocasse d’une situation où un jeune noir de banlieue est fou amoureux d’elle alors que ses amis n’arrivent pas à dissocier les idées de la personne. C’est un élément du comique de situation qu’on essaye d’installer dans le film.
Bulles de Culture : Après la victoire au Festival Ptit Clap, quel avenir pour le film et pour toi ?
Ines Bensalem : Le film continue sa route en festivals, et j’espère qu’il aura encore de belles projections devant lui. Pour ma part, je suis produite pour un autre film, un court-métrage d’une vingtaine de minutes sur un tout autre sujet !
Propos recueillis e 22 juin 2017.
En savoir plus :
- Le Festival Ptit Clap 2017 a eu lieu le 3 juin dernier à Levallois (France)
- Découvrez ici le palmarès complet du Festival Ptit Clap 2017