Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:06 am
Le Théâtre El Duende accueille Fer Papier Ciseaux de La Loutre Cie, un spectacle mêlant théâtre et danse, dans une mise en scène d’Amandine de Boisgisson. L’histoire d’une rencontre entre deux âmes singulières et poétiques, une création tout en délicatesse et en émotion. Un merveilleux moment.
Synopsis :
Deux chiffonniers vivent l’un près de l’autre et ce voisinage bouleverse leur vie. Une jeune femme, Madame Trois petits points (Amandine de Boisgisson), vit dans un univers habité par la poésie, livre son âme en dansant. Elle cherche à nouer une relation avec son compagnon d’à côté, Monsieur Tortue (Mathias Pradenas) plus revêche, entouré d’objets métalliques et de mots inscrits sur des feuilles de papier, disposés sur un abri de fortune. La présence de la douce Madame Trois petits points transforme son existence et fait naître en lui des émotions…
Une création onirique
Tout est beau, bien fait, intelligemment pensé dans Fer Papier Ciseaux.
L’idée principale du spectacle tout d’abord : cette rencontre entre deux âmes égarées, marginales, mais simples et vraies, promettent un beau moment de théâtre et de danse.
La mise en scène ensuite est aboutie et le choix des décors est un bonheur pour quiconque aime être emporté dans une atmosphère imaginaire. L’univers du personnage féminin est peuplé d’objets qu’Amandine de Boisgisson décroche au fur et à mesure de la pièce. On imagine que chaque objet représente une émotion, ou peut-être une sensation.
L’habitat du personnage masculin est plus aride, plus rude, à son image. Tout tourne autour du papier, du fer, de l’âpreté, en adéquation avec cet homme, peut-être brisé par la vie, peut-être inadapté au quotidien habituel, qui mange au sens propre du terme des mots, et qui s’est fermé aux émotions.
Elle est belle, elle est douce, elle danse divinement bien, elle cherche à attirer l’attention de son voisin, avec bienveillance, avec espièglerie. Lui, peu amène au départ, s’attache doucement à ce personnage envoûtant et gracieux.
L’espace est totalement utilisé : par l’enchevêtrement d’objets d’abord qui peuplent la scène et par les chorégraphies réalisées par Amandine de Boisgisson qui habite véritablement le plateau et lui donne vie, comme elle donne vie, d’une certaine manière, à son acolyte.
Le jeu des lumières anime ce tableau, les costumes soyeux de l’actrice épousent ses mouvements et le tulle d’un de ses costumes l’accompagne merveilleusement bien dans sa danse.
Une performance touchante et admirable
La force de ce spectacle réside également dans le travail des acteurs. Il n’y a pas de dialogue, pas d’échange verbal à proprement parler.
Seul Mathias Pradenas esquisse quelques paroles, des onomatopées, des phrases décousues. Il fait de Monsieur Tortue un personnage clownesque, qui peut faire sourire parfois, mais qui est surtout extrêmement émouvant.
Le dialogue réside ailleurs, dans la danse, dans les expressions corporelles. Amandine de Boisgisson est une vraie et belle danseuse. Ses pas sont exécutés avec précision, ses chorégraphies sont savamment orchestrées en accord avec la musique.
La danse, dans Fer Papier Ciseaux est véritablement un vecteur d’impressions, de sentiments, d’idées aussi. Ces deux âmes sont différentes du commun des mortels et s’expriment autrement. Leur ballet est attendrissant.
Il faut ab-so-lu-ment découvrir ce spectacle qui éveille en chacun un tourbillon d’émotions.
Une création d’une pureté exquise.
En savoir plus :
- Fer Papier Ciseaux au Théâtre El Duende (Ivry-sur-Seine, France) les dimanches 6 et 13 décembre 2015 à 17h