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Été 85 film 2020 affiche Ozon

Critique / “Été 85” (2020) de François Ozon

Dernière mise à jour : mars 15th, 2021 at 11:33 pm

Été 85 de François Ozon sort dans les salles de cinéma ce mardi 14 juillet 2020. Ce film, adaptation libre du roman La Danse du coucou d’Aidan Chambers avec Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, nous emmène sur les traces d’un amour passionné entre deux adolescents. La critique et l’avis film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

L’été de ses 16 ans, Alexis (Félix Lefebvre), lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David (Benjamin Voisin), 18 ans.
Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves.
Mais le rêve durera-t-il plus qu’un été ?
L’été 85…

Été 85 : un film solaire, électrisant et captivant

François Ozon ouvre le bal des sorties de la sélection officielle fictive du Festival de Cannes 2020 avec un film solaire, électrisant et captivant.

Dès les premiers moments de cet Été 85, on comprend que ce “summer of love” a eu des conséquences tragiques pour le protagoniste, Alexis, alors poursuivi en justice. Ce qui s’est réellement passé pour évoluer de cet idylle promise à l’horreur, le spectateur va l’apprendre grâce au récit sous forme de flashback, conté par le personnage principal. 

Dans cette douceur de l’été 85 avec brushing parfaits et filmée avec le grain d’une caméra 16 mm, il y a bien sûr la découverte sensible de l’homosexualité. A 16 ans, Alexis tombe en effet sous le charme instantané de David lors d’un sauvetage en bateau.

Les codes de la rencontre sont exacerbés et le contexte légèrement simplifié. Le naufragé est invité directement à venir chez son sauveur, accueilli comme un petit prince par la mère sans pudeur de ce dernier, interprétée avec excentricité par l’excellente Valéria Bruni Tedeschi.

Bien consciente des liens qui se nouent entre les deux hommes, cette femme, perdue depuis le décès de son mari, n’ose finalement pas aborder de manière frontale le sujet avec son fils, qu’elle veut voir heureux.

A l’inverse, Alexis, qui cède peu à peu à ses passions d’adolescent, doit cacher ses attirances au sein d’une famille gouvernée par un père traditionnel dont sa femme, incarnée par une Isabelle Nanty touchante, est prête à soutenir en catimini les penchants de sa progéniture. 

Multiplication des genres narratifs

Été 85 photo film 2020 Ozon
© Mandarin Production

La première partie d’Été 85 est une bulle d’air sur les comportements amoureux naissants dans la grande veine de Call me by your name. Mais le long métrage d’Ozon ne va pas s’arrêter à cette comédie romantique puisque le réalisateur va, comme à l’accoutumé, multiplier les genres en prenant un virage étonnant en plein milieu du film. 

On pourra rapprocher à l’auteur de Huit femmes d’aborder beaucoup de sujets, faisant d’Été 85 une oeuvre plurielle et avec trop de thématiques.

Par exemple, aux pérégrinations amoureuses des deux jeunes s’ajoutent également la question, plus furtive, du transsexualisme à travers l’oncle d’Alexis renié par sa famille, sujet que François Ozon avait déjà mis au coeur de son film Une nouvelle amie avec Romain Duris.

Le deuil fait également parti de ce drame romantique avec notamment l’amour présenté comme remède pour David dont les plaies ont été causées par le décès de son père quelques mois plus tôt. 

Un film sur l’idéalisation de l’être aimé

Été 85 photo film 2020 Ozon
© Mandarin Production

Cependant, la narration parfois dispersée de François Ozon se recentre instantanément à un moment-clé du film lorsqu’Alexis commence à se poser des questions sur sa passion. Il prononce alors une phrase qui devient le coeur du sujet d’Été 85 : “Tu crois qu’on invente les gens qu’on aime ?” L’oeuvre prend alors une autre profondeur en évoquant le fait qu’on ne tombe pas forcément amoureux de l’autre mais plutôt de l’image qu’on se fait d’un individu idéalisé.  

Été 85 se veut également un film ouvertement musical avec une playlist années 80 : In Between Day de The Cure en ouverture et clôture du film (déjà dans la bande annonce), Toute première fois de Jeanne Mas.

François Ozon va même se servir de la musique pour construire son récit grâce à la très belle ballade Sailing de Rod Stewart, qui aura une résonance particulière dans l’intrigue. La chanson retentit pour la première fois lors d’une scène sublime en plein milieu d’une fête où David pose des écouteurs sur les oreilles d’Alexis, dansant alors à contre courant au milieu de la foule.  

Intense, diversifié et profond, Été 85 réveille les sens autant qu’il pousse à s’interroger sur le concept d’amour. Le dix-neuvième film de François Ozon est une belle fable pleine d’émotions.

En savoir plus :

Antoine Corte

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