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LA PORTE DU PARADIS VERSION RESTAUREE image
© Carlotta Films

Le dernier voyage de Michael Cimino

Auteur notamment du long métrage culte sur la guerre du Vietnam, Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino est mort le 2 juillet 2016 à l’âge de 77 ans. Retour sur une carrière de cinéaste brève mais marquée d’au moins deux chef d’œuvres cinématographiques.
   

C’est à l’occasion d’une ressortie en salles d’une version restaurée de La Porte du Paradis en 2013 que j’ai eu la chance de découvrir pour la première fois — qui plus est dans une salle de cinéma ! —  en salles le film qui brisa net la carrière de Michael Cimino.

Cette fresque épique dans l’Amérique de la fin du XIXème siècle débute notamment par un magnifique plan d’arrivée de train où la vapeur emplit l’image. Daté de 1980, cette fresque ambitieuse sera le troisième film et dernier grand éclat d’un cinéaste pourtant encensé après son deuxième film, Voyage au bout de l’enfer.

 

Michael Cimino :
Voyage au bout de l’enfer

 

Publicitaire, Michael Cimino fait son entrée dans le cinéma sous l’aile de Clint Eastwood. Après avoir écrit deux scénarios, il réalise en 1974 un film de hold-up, Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot), avec Clint Eastwood et Jeff Bridges. Très bien accueilli, ce long métrage lui donne son ticket d’entrée à Hollywood pour réaliser sa première grande œuvre.

En 1978, Michael Cimino va marquer de son empreinte le cinéma par un film revenant sur le traumatisme américain de la guerre du Vietnam. Avec Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter), il va plonger le doux foyer d’américains lambdas, interprétés notamment par Robert De Niro, John Savage, Christopher Walken et Meryl Streep, dans l’horreur de la jungle et de la guerre. Dans la veine des autres films du genre (Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket…), il va dénoncer à sa manière la violente déflagration vécue par une petite communauté par cette guerre.

Dans ce film plus allégorique que réaliste, une des scènes qui m’a marquée est bien entendu la scène finale culte de la roulette russe dans laquelle le personnage interprété par Robert de Niro tentera de ramener au péril de sa vie le personnage interprété par Christopher Walken qui s’est échappé dans la folie pour survivre.

Voyage au bout de l’enfer sera récompensé par cinq Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur (Michael Cimino), Meilleur acteur dans un second rôle (Christopher Walken), Meilleur montage (Peter Zinner), Meilleur son (Richard Portman, William L. McCaughey, Aaron Rochin et C. Darin Knight).

 

 

Michael Cimino :
La Porte du Paradis

 

Ce coup de génie lui permettra de s’atteler en 1980 à un autre vaste projet : l’histoire de petits paysans venus de Pologne massacrés, avec l’accord des autorités, par les gros propriétaires. Hélas, ce nouveau long métrage ambitieux, La Porte du Paradis (Heaven’s Gate), ne connaîtra pas du tout le succès de Voyage au bout de l’enfer. Malgré un joli casting (Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, Christopher Walken, Jeff Bridges et John Hurt), le film sera un échec public et critique tel qu’il coulera la société de production United Artists — une société de production de cinéma américaine fondée par quatre réalisateurs, Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D. W. Griffith.

Pour la petite histoire, distribué tout d’abord dans une version 70mm de 3h39, le long métrage La Porte du paradis sera rapidement réduit à 2h19. C’est grâce à une restauration supervisée par Michael Cimino lui-même que le film a pu connaître une seconde vie dans une version de 3h36 en 2013.

Une des images du film qui m’a marqué et qui témoigne de la superbe photographie de photographie du chef opérateur Vilmos Zsigmond est la disparition d’un cavalier dans les vapeurs d’un train.

 

 

Michael Cimino aura marqué le cinéma
de son empreinte

 

Ce retentissant échec signera la fin de l’idylle de Michael Cimino avec le public et les critiques. D’autres films suivront mais sans le même succès : L’Année du dragon (Year of the Dragon, 1985), Le Sicilien (The Sicilian, 1987), La Maison des otages (Desperate Hours, 1990). Vingt-six ans après son dernier film, le long métrage The Sunchaser (1996) ne marquera pas les esprits malgré sa sélection au Festival de Cannes.

Michael Cimino signera un dernier film avec le court-métrage No Translation Needed, réalisé pour le film collectif Chacun son cinéma (2007) où trente-quatre cinéastes ont réalisé un court métrage de 3 minutes autour du thème de la salle de cinéma pour fêter les 60 ans du Festival de Cannes.

Si Michael Cimino n’aura jamais retrouvé le souffle de ses premières œuvres, il aura malgré tout marquer de son empreinte l’Histoire du cinéma.

C’est indéniablement un grand artiste qui nous a quitté.

 

Jean-Christophe Nurbel

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