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Critique / “Gemini Man” (2019) d’Ang Lee

Dernière mise à jour : avril 1st, 2022 at 10:23 pm

Gemini Man du réalisateur Ang Lee est dans les salles de cinéma depuis le 2 octobre 2019. La critique et l’avis film de Bulles de Culture sur ce long métrage avec Will Smith et… Will Smith ! 

Synopsis :

Henry Brogan (Will Smith), un tueur professionnel, est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements.

Gemini Man : des scènes d’action à la fluidité décuplée

Le réalisateur taïwanais de Tigre et Dragons (2000) sort des tiroirs du producteur Jerry Bruckheimer un script oublié pendant plusieurs années pour en faire une vitrine aux nouvelles innovations technologiques dans le cinéma hollywoodien. En effet, Gemini Man déballe ce qu’il se fait de mieux en matière de techniques visionnaires, faisant de la concurrence aux studios Lucasfilm ou à James Cameron, en pleine préparation d’Avatar 2. Le film d’Ang Lee est un support à grand spectacle pour tester de nouvelles expériences sensationnelles dans des salles équipées.

En effet, l’oeuvre a été tournée en 3D+ et en utilisant la norme 120 FPS. Alors qu’une oeuvre est généralement projetée en 24 images/secondes, cette norme propose d’insérer 120 images par secondes, donnant aux scènes d’action une fluidité décuplée. On ressent alors une perception étrange liée à la multiplication des images, comme si le film était légèrement accéléré, tout en conservant son rythme initial. L’immersion qui s’en dégage est complètement folle. La netteté est également grandement améliorée grâce à un tournage en 4K natif. En cela, Gemini Man est digne d’une attraction époustouflante dans le cadre d’un CES (congrès annuel visant à présenter les nouveautés en matière de nouvelles technologies).

Des techniques époustouflantes mais que le cinéma n’a pas encore mis au profit d’un récit solide

Le scénario du film a également été étudié pour montrer les prouesses du studio en matière de “de-aging”. Cette technologie consiste à rajeunir un acteur à l’écran. Quelques semaines avant The Irishman de Martin Scorsese sur Netflix, qui a annoncé en grande pompe un lifting numérique pour Robert De Niro et Al Pacino, c’est Brad Pitt qui avait été le fer de lance de ce nouveau phénomène cinématographique dans L’Etrange Histoire de Benjamin Button (2008).

Avec Gemini Man, Will Smith prend lui aussi une cure de jouvence avec un personnage entièrement créé numériquement et joué par l’acteur noir américain en performance capture (c’est-à-dire par l’enregistrement des mouvements du comédien grâce à de multiples capteurs apposés sur tout son corps). Tout est crédible et le jeune tueur à gage aux traits de Will Smith pourrait être confondu avec une nouvelle star hollywoodienne en pleine ascension. La prouesse est d’autant plus grande que ce jeune “comédien” numérique est l’un des protagonistes principaux dans la majeure partie des plans du film.

Ang Lee donne donc une figure très numérique à son Gemini Man. Cependant, la grande déception vient du scénario qui a été sacrifié dans le développement de ce projet. Trop préoccupé à vouloir utiliser ces divers procédés, le réalisateur a en effet oublié de raconter une histoire digne d’intérêt, préférant s’appuyer sur une banale thématique de clonage déjà vue de nombreuses fois au cinéma. L’émulsion visuelle due à l’attrait du spectacle retombe donc rapidement au gré de péripéties ennuyeuses et pour le coup sans relief artistique.

Notre avis ?

L’attente créée par Ang Lee et ses films avec une écriture de meilleure qualité, tels que  L’Odyssée de Pi (2012) ou Le Secret de Brokeback Mountain (2005), n’est pas comblée, trop emporté qu’a été le réalisateur par l’attrait des nouvelles technologies au point d’oublier de nous proposer une histoire touchante.

On retient ainsi de Gemini Man une technique époustouflante mais pas au profit d’un récit solide.

En savoir plus :

Antoine Corte

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