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Eva affiche film

Critique / “Eva” (2017) ne va pas au bout de ses aspérités

Dernière mise à jour : septembre 29th, 2020 at 09:52 am

Depuis ce mercredi 7 mars 2018, Isabelle Huppert est de retour dans les salles obscures. Et l’événement est double car deux films avec l’actrice sont à l’affiche. Bulles de Culture a vu l’un d’entre eux, Eva de Benoît Jacquot — adapté d’un roman de James Hadley Chase —, et en est ressorti mitigé. Notre avis et critique film.

Synopsis :

Tout commence par une tempête de neige. Eva (Isabelle Huppert), troublante et mystérieuse, fait irruption dans la vie de Bertrand (Gaspard Ulliel), écrivain prometteur. Cette rencontre va bouleverser Bertrand jusqu’à l’obsession et le fera glisser jusqu’à sa perte.

Eva : Isabelle Huppert dans le confort

La Caméra de Claire (2017) de Sang-Soo Hong et Eva de Benoît Jacquot sont les deux nouveaux films avec Isabelle Huppert sortis en même temps depuis hier, mercredi 7 mars 2018. Avec tout le respect que nous avons pour elle, Isabelle Huppert est dans Eva un peu dans ses pantoufles. Son jeu y est plutôt bon mais plus du tout surprenant. Reconnaissons qu’elle arrive quand même à nous émouvoir dans certaines scènes se déroulant en prison (au nombre de 2) mais la prostituée/femme aux mœurs légères est désormais une figure plutôt connue dans sa filmographie.

Avant l’érotico-sulfureux Elle (2016) de Paul Verhoeven pour lequel elle a obtenu le Golden Globe et le César de la Meilleure actrice en janvier et février 2017, il y avait déjà eu l’oubliable Sans queue ni tête (2009) de Jeanne Labrune. La perruque qu’elle y portait est ici un peu réarrangée pour masquer sa véritable identité et recevoir ses clients “pour 300€, champagne compris”.

Tout avait si bien commencé…

En réalité, ce Eva — qui promettait, via sa bande-annonce, d’être un “thriller psychologique” où la tension montait au fil des minutes — n’a de sulfureux que sa première partie qui introduit les personnages. D’entrée de jeu, on se dit qu’on ne sait pas vers quoi on va. Le spectateur, contrairement au rêveur endormi, sait qu’il va dans une salle obscure pour rêver ou pour en prendre plein les mirettes, quitte à voir grossir certaines ficelles. Mais, vers la moitié du film, on comprend qu’en réalité, on ne va nulle part.

Oh, le réalisateur ose les menaces (et même les morts) mais rien de renversant. A force sans doute de vouloir être vénéneux, le film est ce qu’il veut être : froid. Mais froid version congélo, pas violence des sentiments. Sans audace, ça ne paie pas.

Des propos (et personnages) secs

Puisqu’on parle de sentiments, abordons maintenant les personnages. Si le détestable beau gosse campé par Gaspard Ulliel, un égoïste qu’on pourrait aisément qualifier d’écrivain raté, est réussi grâce à une composition précise et pensée, celui d’Isabelle Huppert reste mystérieux — dans la désinvolture habituelle de l’actrice — et dévoile son vrai visage à la fin.

Pas suffisant pour scotcher le spectateur qui repart avec de la pitié pour deux personnages n’allant pas au bout de leur délire. On ne comprend pas pourquoi ils s’attachent l’un à l’autre ; ils sont sans doute coincés dans des existences sans saveur, en pilotage automatique dans leurs professions respectives.

Au final, Eva et Bertrand se montrent plutôt réservés et même le paroxysme de la violence du dernier quart du film manque d’un peu de panache. Sans trop dévoiler les dernières minutes, nous estimons que l’ultime pied de nez à un personnage écrivain aurait été de le rendre amnésique.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 07/03/2018
  • Distribution France : EuropaCorp Distribution
Luigi Lattuca
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