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[Critique] “Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon” (2016) de Bruno Romy

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:29 pm

Mention Spéciale du Jury au Festival des Créations Télévisuelles de Luchon, le documentaire télévisé Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon de Bruno Romy aborde sur le ton léger et grave d’une enfant de 6 ans la leucémie. Une jolie surprise à partager en famille.

Synopsis :

Un matin d’avril 2012, le cinéaste Bruno Romy et la dessinatrice Annabelle Cocollos apprennent que leur fille Mika, 6 ans, est atteinte d’une leucémie…

L’amour est déclaré

 

Après le court-métrage La leucémie de Mika (2014), le réalisateur Bruno Romy revient avec  le documentaire Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon sur la grave maladie qu’a connu une de ses filles.

Comme La guerre est déclarée (2010) de Valérie Donzelli, Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon est le film de l’après-coup, de l’après bataille contre la maladie. Là où Valérie Donzelli avait choisi la fiction pour décrire les épreuves que son mari et elle ont traversé pour sauver leur enfant, Bruno Romy utilise le documentaire pour raconter ce que sa famille et lui ont vécu pendant 8 mois.

80% d’en sortir

 

Mika a 80% de chance de s’en sortir selon le type de leucémie qui était diagnostiqué. Dès les premières images, le réalisateur choisit de créer de la distance avec l’histoire pour ne pas jouer sur la corde sensible du téléspectateur.

Un générique avec une écriture d’enfant puis une succession de photos de Mika prises par son père depuis sa naissance et commentées par la voix off de la petite Mika, ouvrent le film. Celui-ci nous fera partager 3 points de vue :

  • celui des parents qui s’effondrent quand ils apprennent la nouvelle puis se redressent pour aider leur fille à lutter contre la maladie, et ce chacun à leur manière (la mère travaille à mi-temps tandis que le père arrête complètement) ;
  • le point de vue du corps médical à travers le médecin cancérologue et pédiatre Odile Minckes qui revient sur les différentes étapes du traitement ;
  • et bien sûr le point de vue de la petite Mika qui nous fait partager avec elle ce qu’elle a ressenti.

Entre l’animation des dessins Mika et sa mère par Oscar Aubry, la reconstitutions de scènes (le trajet de l’école, le trajet de l’hôpital, le premier jour de Mika à l’hôpital…), de témoignages (Mika, son père, sa mère, son médecin…) et d’une bande originale composée essentiellement de chansons de Philippe Katerine, le film adopte un ton décalé, entre le film éducatif (la maladie et son traitement), le film poétique (séquences animées, musicales) et le film burlesque.

Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon :
Un film éducatif, poétique et burlesque

 

De l’émotion, Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon en regorge forcément, entre la petite voisine de chambrée qui meurt en cours de route, la petite Mika qui se mue dans le silence et refuse de manger après une grosse opération (la pose d’un cathéter à chambre implantable) ou le père qui tourne le dos à sa fille pour pleurer.

Mais la qualité du film est d’aller au-delà de celle-ci et d’éviter ainsi tout misérabilisme. En créant le film en famille (le père, la mère et la petite fille), le réalisateur Bruno Romy a permis à chacun d’exprimer ce qu’il a ressenti.

Le ton à la fois grave et léger de l’enfant que le film adopte — qui est également un style caractéristique du réalisateur qui n’hésite pas à glisser des petites scènes burlesques dans le film et même à citer Jacques Tati — en fait un film dont l’enfant est le guide.

Bref, Quand j’avais 6 ans, j’ai tué un dragon est un très joli film documentaire télévisé sur un sujet grave mais plein d’espoir, à découvrir en famille.

 

 

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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