Damien Bonnard est l’un des invités majeurs du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon. Huit ans après son premier grand rôle au cinéma dans “Rester Vertical” d’Alain Guiraudie, l’acteur vient rencontrer le public avec un nouveau film expérimental, “Splendide Hôtel: un voyant en enfer” de Pedro Aguilera. Le comédien y interprète le poète Arthur Rimbaud à la fin de sa vie après qu’il ait choisi d’arrêter d’écrire.
C’est après la pause déjeunatoire que nous retrouvons Damien Bonnard adossé à une table, juste avant la présentation de son prochain film “Splendide Hôtel: un voyant en enfer” , en exclusivité au Festival International de La Roche-sur-Yon avant sa diffusion sur Arte.fr en décembre prochain.
Rester Vertical : les débuts de Damien Bonnard
Il commence par évoquer avec nostalgie ses débuts d’acteur, avec notamment son premier rôle principal dans le film “Rester Vertical” d’Alain Guiraudie.
Présenté au Festival de Cannes en 2016, le film détient une place spéciale dans son cœur : “C’était mon premier rôle principal. C’est un peu le film de tous les défis pour moi.”
C’est là que l’acteur s’est pris de passion pour le métier, avec une envie insatiable de préparer chacun de ses rôles avec exigence. Damien Bonnard insiste sur l’importance de connaître son texte à la perfection, “contrairement à certains acteurs“, ajoute-t-il subrepticement. “C’est notre métier“, dit-il. Le comédien confie travailler méticuleusement chacun de ses rôles avec un répétiteur, “consacrant jusqu’à six heures par jour, à partir d’un mois avant chaque tournage, pour maîtriser chaque ligne de dialogue”.
L’art de la préparation
Mais au-delà du simple apprentissage du texte, Damien Bonnard approfondit son immersion pour chacun de ses personnages avec une variété de méthodes. Par exemple, il choisit pour chaque film un parfum spécifique qu’il porte tout au long du tournage. “Ça dérange tout le monde, parce que j’en mets beaucoup“, plaisante-t-il. Pour “Splendide Hôtel“, il a notamment choisi le parfum “Cuir Mauresque” de Serge Lutens, évoquant les odeurs de cuir mouillé pour s’imprégner de son rôle d’Arthur Rimbaud.
Les défis physiques jouent également un rôle crucial dans sa préparation. Pour son personnage atteint de troubles maniaco-dépressifs dans le film “Les Intranquilles” de Joachim Lafosse, il utilise la boxe comme outil pour changer rapidement d’état émotionnel. “J’ai découvert que pour être violent avec l’autre, il fallait l’être avec soi-même avant“, confie l’acteur.
En plus de la boxe, la peinture s’est avérée être un outil essentiel pour Damien Bonnard pour ce rôle majeur. Il a passé du temps avec un peintre, observant ses mouvements, tout en admettant avoir “volé” ses gestes pour donner vie à son personnage.
“L’art de la préparation est fondamental pour moi“, explique Bonnard. “Chaque rôle est une nouvelle aventure, une nouvelle opportunité d’apprendre et de se plonger profondément dans le monde de son personnage“.
Damien Bonnard en Arthur Rimbaud dans Splendide Hôtel
L’acteur enchaîne en évoquant sa préparation spécifique pour le rôle d’Arthur Rimbaud. “Dès que j’ai su que je jouerais Rimbaud, j’ai replongé dans sa poésie. J’ai relu ce qu’il avait produit et écouté plusieurs émissions, dont une sur France Culture. C’était une véritable immersion“, confie Damien Bonnard.
Mais cette préparation ne s’est pas limitée à la lecture des poèmes. “J’ai beaucoup échangé avec Pedro Aguilera, le réalisateur, et Nathan Fischer, le producteur. Nous étions quatre à avoir coproduit ce film avec peu d’argent. Il ne s’agissait pas d’un projet classique, nous n’avions pas de scénario traditionnel, mais plutôt une liste d’événements que nous voulions retranscrire.”
L’acteur évoque l’étrange connexion entre ce que Rimbaud a vécu et ce qu’il a écrit : “Certains textes semblent presque prémonitoires par rapport à ce qu’il a vécu. C’est fascinant. Rimbaud, après la publication de ‘Une Saison en Enfer’, a cessé d’écrire pour vivre la poésie plutôt que de la mettre sur papier“.
Pendant le tournage du film au Maroc, Damien Bonnard admet s’être retrouvé dans une sorte d’errance, semblable à celle de Rimbaud. “J’étais équipé d’un microphone et portais un costume intemporel. Le tournage était spontané. Parfois, Pedro [le réalisateur] me donnait une directive, et je devais réagir spontanément, sans savoir comment les personnes autour de moi réagiraient.”
Il raconte une anecdote sur une scène où il devait chercher des caisses. “On ne savait pas ce qui se trouvait à l’intérieur de ces caisses, mais on savait qu’on les cherchait.” Cette méthode de tournage, bien qu’innovante, comportait des défis : “C’était intense, et il fallait toujours être prêt à improviser.”
L’acteur termine en faisant allusion à une blessure qu’il a subie pendant le tournage. “Le premier jour, j’ai eu une scène où je devais tuer un poisson. J’avais un hachoir à la main et, malheureusement, je me suis gravement blessé. J’ai subi une intervention chirurgical à Tanger. Le lendemain de mon opération, j’étais sur le plateau avec un plâtre. J’ai intégré cette mésaventure au film. Cela m’a nourri de ne plus pouvoir écrire car elle renforçait ma relation avec le poète qui avait décidé de ne plus toucher une plume“.
En savoir plus :
- Le programme du Festival de La Roche-sur-Yon
- Splendide Hôtel : un voyant en enfer disponible sur la plateforme Arte.fr en décembre