Dernière mise à jour : août 14th, 2023 at 07:13 pm
Le premier semestre 2023 met à disposition le quatrième tome des aventures de Harry McCoy, Les morts d’avril chez Rivages en mars en grand format. En Rivages poche c’est le troisième opus qui est disponible, Bobby Mars for ever. Retour sur les enquêtes de l’inspecteur Harry McCoy.
Quatrième tome des aventures de Harry McCoy
L’Écosse a déjà ses héros désabusés, alcoolisés, excellents enquêteurs néanmoins. Tels sont Jack Laidlaw le détective de William McIlvanney (1936-2015) déambulant dans Glasgow, l’inspecteur John Rébus à Édimbourg de Ian Rankin, contemporain d’Alan Parks qui a donné récemment vie à Harry McCoy, inspecteur de police dans le « lieu verdoyant » sur les bords de la Clyde, Glasgow.
Le premier semestre 2023 met à disposition le quatrième tome des aventures de Harry McCoy, Les morts d’avril chez Rivages en mars en grand format. En Rivages poche c’est le troisième opus qui est disponible, Bobby Mars for ever. Alan Parks, diplômé de philosophie, longtemps investi dans le milieu de la musique avant de devenir écrivain, souhaite relater l’histoire criminelle de Glasgow dans un cycle de douze romans dont chacun contient le nom d’un mois.
Ce chantier a débuté avec Janvier noir en 2018 en France, suivi de L’enfant de février en 2020. De livre en livre le plaisir de retrouver Harry McCoy se renforce. Il est préférable de suivre l’ordre chronologique de parution pour mieux apprécier l’évolution de ce policier atypique dont les aventures, déboires, souvenirs douloureux, débutent en janvier 1973. À ses côtés se meuvent entre autres ; son chef Murray, une ex petite amie journaliste, son adjoint Wattie et son ami d’enfance Steevie Cooper, devenu membre influent de la pègre locale. Autant de personnages qui cachent des zones d’ombres qui ne se dévoileront que très lentement, chacun contribuant à la réussite des romans d’Alan Parks.
Les enquêtes s’enchaînent à un rythme effréné
Des intrigues solides irriguent aussi bien Janvier noir, L’enfant de février que Bobby Mars for ever. Les enquêtes s’enchaînent à un rythme effréné ; de l’assassinat d’une jeune fille en pleine rue suivi du suicide de son tueur auxquels incidemment ont assisté McCoy et son adjoint, à celui d’un jeune joueur vedette du Celtic Football Club, battu à mort et retrouvé sur le toit d’un immeuble, fiancé de la fille du plus gros trafiquant de la ville, ou à la recherche de deux jeunes filles disparues, dont la nièce de son ex chef Murray, ou encore au décès suspect par overdose de Bobby Mars, ancienne rock star sur le déclin.
Des investigations qui mènent les principaux intéressés dans des bouges, des taudis, des bars inquiétants et sordides, des maisons de passe. Prostitution et trafic de drogue règnent dans cette ville peu hospitalière en hiver, avec son froid prégnant, sa neige et sa pluie pénétrantes, et en juillet c’est l’horreur sous une chaleur étouffante. Glasgow est à la dérive, en plein déclin économique et démographique. Le chômage se développe, la pauvreté s’accroît, la bourgeoisie demeurant cependant prospère. Le milieu populaire est parfaitement restitué, ainsi que celui de la pègre agitée par d’incessantes bagarres pour maîtriser le marché de la drogue. L’alcool coule à flot, tant chez les plus défavorisés, véritables ruines humaines titubantes, que dans les milieux les plus huppés, seul le flacon diffère. Et la cigarette, inséparable compagne, aide de nombreuses personnes en proie aux pires difficultés, face à d’exécrables souvenirs, tel un palliatif face à la vacuité de leurs vies, avant de sombrer dans des drogues plus sévères. McCoy connaît tout cela et en plus dispose d’une petite pilule bleue aux effets revigorants. La recherche des coupables est certes importante mais c’est avant tout une remarquable opportunité pour l’auteur de réaliser radioscopie de Glasgow, de dénoncer la corruption qui touche profondément la police, la bourgeoisie gangrénée réfugiée dans de somptueuses propriétés protégées par des services de sécurité peu fréquentables.
Excellente traduction d’Olivier Deparis
McCoy est un solitaire, élevé dans un foyer, qui n’a pas trouvé l’âme sœur. Gros buveur et petit mangeur, grand fumeur, balloté par les rythmes musicaux, il essaie de demeurer sur la crête entre légalité et illégalité. Son visage terreux, avec des poches sous les yeux, n’a pas meilleure allure que son costume froissé. Heureusement son chef Murray, l’a à la bonne, alors que son remplaçant veut absolument sa peau. Ce n’est que très progressivement que se dévoilent les liens qui relient tous les protagonistes, bien qu’il y ait encore beaucoup d’éléments cachés. Des coups et des blessures, Mc Coy en reçoit plus que son dû mais rebondit toujours, en révolte contre les injustices et comportements de la police et du clergé vertement dénoncé. Véritable dur à cuire, de plus en plus désillusionné, traversant une déprime, entêté, cynique, tel est la créature créée par Alan Parks, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Deparis. Une série sans concession, percutante, sombre, qui s’impose parmi les meilleurs romans noirs écossais, et plus simplement ceux parmi le monde.
En savoir plus :
- Janvier noir, Alan Parks, Rivages, mars 2018, 365 pages, 22,50 euros, Rivages poche, février 2020, 520 pages, 11,50 euros
- L’enfant de février, Alan Parks, Rivages, février 2020, 410 pages, 23 euros, Rivages noir, février 2022, 464 pages, 9,90 euros
- Bobby Mars for ever, Alan Parks, Rivages, septembre 2022, 416 pages, 22 euros, Rivages poche, mars 2023, 456 pages, 10,20 euros
- Les morts d’avril, Alan Parks, Rivages, mars 2023 448 pages, 23,50 euros