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L'ECOLE EST A NOUS film photo 2
©Julien Panié

Critique / “L’école est à nous” (2022) d’Alexandre Castagnetti

Alexandre Castagnetti, réalisateur de la saga Tamara, se lance dans le cinéma de société en proposant L’école est à nous, dans les salles dès le 26 octobre. Le long métrage imagine l’éducation dans un système scolaire où l’élève serait mettre de son propre apprentissage. Bulles de Culture a rencontré le réalisateur et ses deux acteurs principaux, Sara Suco et Oussama Kheddam, qui jouent deux profs embarqués dans cette expérience. 

Synopsis :

Virginie Thévenot (Sara Suco), une prof de maths un peu spéciale, profite d’une grève générale dans un collège pour tenter une expérience hors du commun avec un petit groupe d’élèves. Elle prend un pari : leur laisser faire ce qu’ils veulent…
Une étincelle qui va enflammer les esprits des ados, provoquer une petite révolution au sein du collège et bouleverser leur vie à tous.

L’école est à nous : un scénario très documenté

Bulles de Culture (BdC) : On sent que le scénario de L’école est à nous a fait l’objet de nombreuses recherches. Pourquoi se lancer dans une telle étude sur l’apprentissage en milieu scolaire ? 

Alexandre Castagnetti : Le scénario est en effet très documenté. J’ai évidemment lu beaucoup d’ouvrages sur la question de l’enseignement. J’ai rencontré énormément de professionnels qui m’ont éclairé dans l’approche éducative. Je me suis beaucoup reposé sur un chercheur en éducation qui est François Taddei. Je me suis également inspiré d’un enseignant de mathématique qui a tenté cette approche libre avec ses élèves. Tout ce qui se passe dans mon récit existe vraiment. On n’est pas forcément au courant. C’est le moment d’en reparler, notamment aux parents pour qu’ils sachent que de telles initiatives existent.

BdC : Si vous aviez été professeurs, comment auriez-vous souhaité enseigner ? 

Sarah Suco : Je pense que j’aurais pu être une professeur comme mon personnage. Je trouve que sa démarche est audacieuse, pertinente.

Oussama Kheddam : Je ne pense pas que j’aurais été aussi loin. Mais en faisant ce film, je repense à mon professeur de CM2, Monsieur Leonardi, qui nous faisait des mercredis “à la carte” où on était libre de faire ce qu’on souhaitait dès lors qu’on avait terminé nos exercices.

Sara Suco dans L'ECOLE EST A NOUS film photo 3
©Julien Panié

BdC : Les deux enseignants phares du film sont respectivement professeur de mathématiques et de technologie. Pourquoi avoir choisi ces matières ? 

Alexandre Castagnetti : Pour les mathématiques, c’est une discipline redoutée. Pour la technologie, elle est ignorée.

Oussama Kheddam : J’ai d’ailleurs déjà eu une professeure d’histoire qui nous disait “vous restez calme pendant mon cours. Vous pourrez vous défouler pendant la techno juste après“.

Alexandre Castagnetti : En technologie, les professeurs tentent beaucoup de choses. Ils sont trop souvent dévalorisés. Par ailleurs, quand on aborde les mathématiques sous forme de jeu, il y a un déblocage naturel qui se fait au niveau des élèves. C’est ce que tente le personnage de Virginie dans le film.

Oussama Kheddam : J’aurais vraiment adoré que mes professeurs utilisent des méthodes alternatives d’apprentissage. Par exemple, je me serais passionné pour l’histoire, cour qui me désintéressait à l’époque.

On peut parler d’utopie réaliste

BdC : Est-on dans un film réaliste ou utopique ?

Sarah Suco : C’est un mélange des deux. On peut parler d’utopie réaliste.

Alexandre Castagnetti : Comme le récit raconte des initiatives existantes, c’est totalement réaliste. Ensuite, la mise en place au niveau national, c’est autre chose. La Finlande, le Canada et l’Australie sont extrêmement précurseurs dans les techniques d’enseignement. Cela a révolutionné l’envie des enfants d’aller à l’école et surtout le niveau scolaire. On n’apprend rien s’il n’y a pas de plaisir. Le cerveau n’est pas bête. Il oublie ce qui nous emmerde.

Oussama Kheddam : C’est un film qui défend les enseignants.

Alexandre Castagnetti : Je viens d’ailleurs d’une famille d’enseignants. Ce corps de métier a envie de faire bouger les lignes.

Oussama Kheddam dans L'ECOLE EST A NOUS film photo 8
©Julien Panié

BdC : Virginie ne cache pas ses émotions devant ses élèves. Quel sentiment va-t-on chercher pour l’interpréter au plus juste ? 

Sarah Suco : Je me mets dans sa peau, j’essaye de ressentir ce qu’elle perçoit. Elle a rencontré des moments difficiles dans sa carrière. Il faut simplement retranscrire le plus justement possible son parcours.

Il y a actuellement trop de pressions et de souffrances à l’école

BdC : On voit un double visage des professeurs dans L’école est à nous. Ils sont autoritaires mais extrêmement bienveillants. 

Oussama Kheddam : C’est bien de relever cela. On est certes dans une démarche ludique mais on est aussi une figure d’autorité.

Sarah Suco : Je trouve que mon personnage est davantage dans la bienveillance. C’est le maitre mot de son caractère.

Alexandre Castagnetti : L’école, c’est avant tout de l’humain ! Il ne faut pas l’oublier.

BdC : Que pouvez-vous dire désormais lorsque vous rencontrez des enseignants ? 

Alexandre Castagnetti : Figurez-vous que nous avons déjà montré le film à des enseignants. Il y a vraiment une adhésion générale au film. On sent qu’ils ont envie de participer aux changements. Il y a un mouvement global pour aller chercher les jeunes. Il y a actuellement trop de pressions et de souffrances à l’école. Il faut changer cela.

Interview réalisée le 27 août dans le cadre du Festival du Film d’Angoulême

En savoir plus :

Antoine Corte

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