Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
La Grande évasion théâtre pièce affiche

[CRITIQUE] “La Grande évasion” : La révélation du Marrakech du rire

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:25 am

La Grande évasion, mise en scène par Youssek Bouchikhi, se joue jusqu’au 31 décembre 2017 à la Comédie de Paris. Regroupant le trio issu de la troupe de Jamel Debbouze : Booder, Paul Séré et Wahid Bouzidi, ces fanfarons iconoclastes vont bien nous faire rire. Notre critique et avis

Synopsis :

Pour ces trois détenus partageant la même cellule, le temps est long en prison. Ils ont tous envie d’évasion. Comptant obtenir une remise de peine, les compagnons de cellules se lancent dans les répétitions d’une pièce de théâtre classique afin de la jouer devant le ministre de la justice lors de son futur passage.

 

La Grande évasion, une idée de départ trouvée au Brésil

La Grande évasion s’appuie sur un concept qui existe bel et bien. Au Brésil, le ministère de la justice a lancé en 2012 une réforme encourageant la lecture chez les prisonniers. Pour chaque livre lu, le détenu écourte sa peine de 4 jours, dans la limite de 48 jours par an. Cette initiative a été reprise par la France qui devrait bientôt appliquer cette remise de peine culturelle.

La pièce comique s’appuie sur cette idée pour imaginer le parcours mouvementé de ces petits délinquants qui s’essayent au théâtre. On connait bien le trio de comédiens, personnalités atypiques qui ont un encrage fort dans le milieu de la banlieue. Booder a notamment fait des apparitions au cinéma dans Neuilly sa mère (2009) ou plus récemment Pattaya (2016). Paul Séré est plutôt tourné vers l’univers du one man show, transfuge du comedy club. Enfin, Wahid Bouzidi est, comme son compère Booder, un amoureux de cinéma. Il joue des seconds rôles (Encore Heureux, Amour sur place ou à emporter). Il crée également son propre spectacle : Wahid, avant quand j’étais…gros !.

Un humour issu des inspirations du Jamel Comedy Club

On sent donc nécessairement la filiation au Jamel Comedy Club dans La Grande évasion. Le spectacle est un bon message d’autodérision. En effet, les blagues sont principalement orientés vers le physique de nos acteurs atypiques. Wahid est le gros mignon, Booder le petit haineux au nez bien pointu et Paul Séré est le beau gosse. De ces particularités physiques, ils vont apprendre à en rire, comme pour montrer qu’il n’y a aucun complexe à avoir sur son physique.

Alors bien sûr, l’humour de La Grande évasion est caractéristique. Ici, on oublie les embourgeoisement à la Gaspard Proust ou les tergiversations féministes d’une Florence Foresti. On est dans un humour qui parle davantage à une classe populaire, avec quelques allusions sur l’immigration. Pourtant, n’imaginez pas quelque chose de graveleux ou de rabaissant.  Les personnages sont plein d’envie et un très bon exemple de réinsertion sociale. Ce qui est drôle dans la pièce de théâtre, c’est justement la confrontation de deux milieux différents entre d’un côté la prison et de l’autre le classicisme du théâtre. Les protagonistes interprètent avec leur propre regard des textes anciens. Ces derniers s’avèrent plutôt en adéquation avec leurs préoccupations quotidiennes : l’amour, l’envie, l’héroïsme. Ces valeurs transparaissent dans La Grande évasion.

D’ailleurs, pour ceux qui préfèrent d’habitude Molière à Jamel, on encourage de s’évader autour de la Comédie de Paris pour s’ouvrir, à l’instar de nos trois prisonniers, à une culture humoristique à laquelle on peut être de prime abord réfractaire. On vous assure vous pourriez malgré vous être pris de crise de rire devant La Grande évasion.

 

En savoir plus  :

  • La Grande évasion à la Comédie de Paris (Paris, France) jusqu’en décembre 2017
Antoine Corte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.