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la mère de tous les mensonges film photo avis critique
D.R.

Interview / Asmae El Moudir, réalisatrice du film “La mère de tous les mensonges”

En salle depuis le 28 février, La mère de tous les mensonges pousse la réalisatrice Asmae El Moudir à affronter sa grand mère pour réanimer le souvenir enfui des émeutes du pain en 1981 au Maroc. La cinéaste reconstitue pour l’occasion un Casablanca miniature avec des figurines. Asmae El Moudir a répondu à nos questions.

L’histoire personnelle de la famille d’Asmae El Moudir au coeur de l’histoire collective

Bulles de Culture : Au début du film, vous exprimez le regret de ne plus avoir de photos de votre jeunesse, comme si ce moment avait été effacé. Est-ce le travail de devoir de mémoire qui vous a poussé à faire ce film ?

Asmae El Moudir : Effectivement, je suis de la génération des années 90, une époque où Internet n’était pas encore omniprésent. J’ai grandi avec cette dimension de l’imaginaire. Mon père, un artiste bohémien, avait une passion pour la fabrication de petites maisons artisanales, une influence majeure dans la genèse de ce film centré sur les maisons de poupées.

“Il incombe à notre génération de créer nos propres archives pour construire notre cinéma”

Bulles de Culture : Votre grand-mère semble être un personnage fascinant. Avez-vous conscience du potentiel dramatique qu’elle représentait ?

Asmae El Moudir : Lorsqu’on s’attèle à mettre en scène des événements réels, la question de la forme et du dispositif narratif est cruciale. Il faut du temps pour développer cela. Raconter des faits de manière artistique est un véritable défi. Filmer quelqu’un que l’on connaît bien n’est pas anodin. Je cherchais à susciter une émotion authentique dans mon récit tout en voulant rendre hommage à la forte personnalité de ma grand mère.

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Bulles de Culture : Vous contribuez à l’émergence d’un nouveau cinéma marocain. Sentez-vous cette effervescence culturelle au Maroc ?

Asmae El Moudir : Les cinéastes marocains osent de plus en plus aborder le passé douloureux de notre pays, un passé avec lequel nous cherchons à nous réconcilier. Nous sommes en train de réclamer notre héritage, réintégrant des éléments effacés de nos mémoires. Il incombe à notre génération de créer nos propres archives pour construire notre cinéma. J’ai une confiance grandissante dans l’évolution de notre pays.

Bulles de Culture : Quel rôle jouent les maquettes dans votre film pour illustrer votre histoire ?

Asmae El Moudir : Les maquettes fonctionnaient comme des miroirs pour moi. J’ai pris le risque de voyager avec mes personnages à travers leurs miniatures, créant ainsi un effet de réflexion entre mes proches et leurs figurines.

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Antoine Corte

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