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© Moonlight Distribution

Interview / Arnaud Viard se raconte dans « Cléo, Melvil et moi »

Trois ans après Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, adapté du roman d’Anna Gavalda, Arnaud Viard propose avec Cléo, Melvil et moi, une autofiction introspective imaginée pendant la période COVID, sorti dans les salles de cinéma le 5 juillet 2023. La comédie se déroule à Paris en plein confinement. Arnaud vient de se séparer de son ex-femme, Isabelle, et doit prendre en charge ses enfants en garde alternée. Dans le même temps, il tombe sous le charme de Marianne, la pharmacienne de son quartier. Le réalisateur, également acteur principal du film, s’entoure de Marianne Denicourt, Romane Bohringer et de ses deux enfants, Cléo et Melvil.  Le Carnet a rencontré le réalisateur à l’occasion de la sortie du film en salle.

Arnaud Viard : « Je ne dirais pas que le film est une autobiographie mais plutôt un long poème musical»

BdC : Pourquoi avoir eu envie de faire tourner vos propres enfants dans ce film ?

AV : Je n’ai pas réfléchi en amont. Ce film n’était en réalité pas prévu au programme. Puis, arrive le confinement. J’écrivais à ce moment-là des adaptations pour le théâtre. Quand Macron à annoncer les mesures, je me suis dit qu’il était impératif que je filme ce Paris vide. Au départ, j’ai approché Vincent Lindon pour le filmer avec son manteau déambulant seul dans le quartier de l’Odéon. Il m’a dit non car il avait d’autres projets. J’ai trouvé un caméraman qui m’a alors filmé dans cette situation. Puis, j’ai commencé à filmer mes enfants. On a mis les images en noir et blanc. On avait là l’ébauche de Cléo, Melvil et moi. On a tourné la suite de l’histoire en plein mois d’août après le confinement. Il faut dire que les dimanches matins estivaux à Saint Germain des Prés sont assez raccords avec les rues désertes du confinement.

BdC : En regardant le film, on comprend vite que beaucoup d’éléments sont autobiographiques. Néanmoins, vous y insérez de la fiction notamment l’histoire d’amour que vous entamez avec le personnage de Marianne, pharmacienne de votre quartier. Pourquoi avoir souhaité mélanger autant votre vie personnelle avec un récit fictionnel ?

AV : C’est vrai qu’en gardant le prénom de Marianne pour le personnage interprété par Marianne Denicourt, on pourrait croire que j’ai eu vraiment une aventure avec elle. Ce n’est pas le cas. La comédie romantique est la seule fiction de ce film. Pour le reste, je ne me voyais pas changer le prénom de mon personnage alors que je parle de moi. Je ne dirais pas que le film est une autobiographie mais plutôt un long poème musical. La voix off n’utilise pas le « je » car je trouvais cela trop égocentrique. En usant du « tu », je voulais intégrer le spectateur dans la réflexion.

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« le décès du chanteur Christophe pendant le confinement m’a beaucoup impacté»

BdC : Vous parlez énormément de votre père dans le film, comme un hommage que vous lui rendez. Pourquoi ?

AV : A vrai dire, je voulais au départ parler de ma mère. Puis, je me suis rendu compte que les souvenirs d’enfance que j’avais étaient beaucoup liés à mon père, notamment à travers le foot. Cela m’a permis de m’interroger en miroir sur le père que j’étais avec mes deux enfants.

BdC : Plusieurs scènes de danse ponctuent votre film. On a l’impression de se retrouver dans les années folles. Aviez-vous des références pour tourner ces scènes ?

AV : Il y a eu le décès du chanteur Christophe pendant le confinement qui m’a beaucoup impacté. Un soir où je me promenais seul dans Paris, j’avais en tête une chanson de l’artiste qui venait comme flotter dans l’air. J’ai été inspiré par la musique de Christophe durant l’écriture du film. Je ne sais pas si j’arriverai un jour à faire une comédie musicale dans ma vie mais c’est mon rêve. La musique est très importante dans l’ensemble de mes films. Pour Cléo, Melvil et moi, j’ai demandé à Vincent Delerm de m’écrire une chanson pour accompagner la douce rencontre entre les deux amoureux.

« le mot que je déteste le plus est « gestion » »

BdC : Vous ne cachez pas dans le film quelques défauts que vous pouvez avoir. Notamment, vous vous montrez plus cigale que fourmis. C’était important d’aborder cet aspect de votre personnalité ?

AV : Le cinéma français ne parle jamais d’argent. Comme si c’était tabou. Pourtant, la plupart des artistes vivent difficilement. Cela fait partie de ma vie d’être toujours en équilibre. Alors, c’est vrai, je ne suis pas du tout cigale. D’ailleurs, le mot que je déteste le plus est « gestion ». Je trouvais également intéressant de renvoyer mon personnage à une époque, celle des années 70, où il était beaucoup plus commun de se prêter de l’argent entre connaissances en cas de coup dur.

BdC : A l’instar de votre personnage, avez-vous trouvé un nouvel équilibre et êtes-vous parti sur une nouvelle dynamique après ce confinement ?

AV : Comme tout film, la conception a été rapide mais il est resté longtemps en gestation. Tant qu’il ne sort pas au cinéma, on a un peu peur pour lui. Cela empêche de s’investir vraiment sur d’autres projets, même si j’ai écrit des choses dans l’intervalle. J’ai très envie d’axer mes prochaines années sur ma carrière d’acteur.

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Antoine Corte

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