Etat limite est sélectionné au Festival Cinémondes 2023 de Berck-sur-mer, du 11 au 15 octobre après avoir été diffusé dans le cadre de l’ACID en mai dernier au Festival de Cannes. Le film documentaire de Nicolas Peduzzi suit le quotidien du seul psychiatre de l’hôpital public de Beaujon confronté au mépris des institutions pour le système de sante. La critique et l’avis sur le film.
Synopsis :
Le professeur Jamal Abdel-Kader est le seul psychiatre pour l’ensemble des services de l’hôpital public de Beaujon (Clichy-92). Chaque jour, il doit faire face au mépris des institutions à l’égard d’un système de santé qui doit composer avec peu de moyens et de personnel dans une société sociale où il n’y a pas pour autant moins de malades, bien au contraire.
“Résolument idéaliste et humaniste”
Dans une société à volonté fonctionnelle, quelle place pour la fragilité, la vulnérabilité et le besoin de mettre momentanément sur pause une vie menée à une vitesse qui dépasse les limites humaines ?
Après avoir suivi avec une brillante acuité les ressorts aux USA d’une société en marge pour accéder à la légitimité de défendre son altérité comme expression démocratique dans ses deux premiers longs métrages (Southern Belle et Ghost Song), Nicolas Peduzzi est cette fois de retour en France pour filmer là encore un microcosme en très grande difficulté dans un hôpital dont la détresse n’a toujours pas été prise en compte par les décideurs politiques malgré l’exposition médiatique forte durant la gestion de la pandémie de Covid.

Le cinéaste suit discrètement mais sûrement le quotidien de l’hôpital Beaujon à Clichy auprès de Jamal Abdel-Kader, le seul psychiatre secondé par deux internes, pour assurer les demandes et besoins des divers services.
Résolument idéaliste et humaniste, le jeune médecin est totalement impliqué dans sa fonction à tel point que l’on ne connaîtra pas sa vie privée en dehors de l’hôpital comme si toute sa vie s’y trouvait, d’autant plus qu’il y réside depuis son enfance où ses propres parents étaient en fonction.
Derrière son rôle déterminant où se joue à travers ses diagnostics, ses prescriptions et son écoute, la vie même de ses patients dont certains peuvent avoir des comportements suicidaires, Jamal Abdel-Kader partage ses doutes à l’égard d’une institution de soins qui est elle-même gravement malade.
un milieu hospitalier en très grande détresse
Nicolas Peduzzi, pleinement habité par l’humanisme profond de son personnage principal et pour développer un regard distancier mais toujours connecté à la réalité quotidienne de l’hôpital, fait intervenir la composition musicale de Gaël Rakotondrabe et les photographies en Noir & Blanc de Pénélope Chauvelot comme autant de voies plurielles pour appréhender la complexité d’un microcosme de soins et d’écoute de l’autre dans un macrocosme où la vulnérabilité qui inscrit un être au présent est en danger.
Nicolas Peduzzi rend compte ainsi avec beaucoup d’émotions et d’humanité à partir d’un choix de mise en scène au service de son propos, de la réalité quotidienne d’un milieu hospitalier en très grande détresse en France.
Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.
En savoir plus :
- État limite
de Nicolas Peduzzi
Documentaire
102 minutes. France, 2023.
Couleur
Langue originale : françaisScénario : Nicolas Peduzzi
Images : Nicolas Peduzzi
Images additionnelles : Laëtitia De Montalembert
Photographies : Pénélope Chauvelot
Montage : Nicolas Sburlati
Musique : Gaël Rakotondrabe
Prise de son : Alexandre Bracq, Benoît Déchaut
Montage son : Louis Blanc
Mixage : Antoine Pradalet
Étalonnage : Lucie Bruneteau
Collaboration artistique : Hortense Maunoury
Assistante réalisation : Chiara Livia Arrigo
Production : GoGoGo Films, Carine Ruszniewski
Coproduction : Arte France Distribution
Distributeur (France) : Les Alchimistes