Depuis 2015, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire récompense un film documentaire présenté dans une des sections cannoises. En cette « année du documentaire » décrétée par le CNC, le genre revient en compétition officielle du Festival de Cannes. Nous avons rencontré Ovidie, réalisatrice française de documentaires et membre du jury cette année, pour faire un état du documentaire en France.
Cannes 2023 : questions à Ovidie, membre du jury de l’oeil d’or
BdC : Le CNC a décrété 2023 comme étant « l’année du documentaire ». Il y a deux films en compétition officielle cannoise qui sont des documentaires, Les Filles d’Olfa et Jeunesse (Le Printemps), ce qui n’était pas arrivé depuis 2004. Cela ne montre-t-il pas une volonté de rendre plus visible le genre ?
Ovidie : Je ne le vois pas encore à mon niveau. Au-delà du Festival de Cannes, pour la France, le documentaire reste une histoire de télévision. Sur les 2.000 heures produites par an, 20 heures seulement sont réservées au cinéma. On me demande souvent « pourquoi je ne passe pas à la fiction », sous-entendu le documentaire ne peut être qu’une rampe de lancement pour faire autre chose. Ce n’est absolument pas ma vision.
BdC : Est-ce que le documentaire intéresse selon vous les cinéastes de demain ?
Ovidie : A la FEMIS, il y a certes une culture documentaire. Mais à côté, j’ai des étudiants en production audiovisuelle et en industrie culturelle qui ne savent pas au début de l’année scolaire me citer un exemple de film documentaire.
BdC : Pourquoi avoir accepté l’invitation de l’œil d’or ?
Ovidie : C’est génial d’être là uniquement pour voir des films. En dehors des festivals, on n’a pas beaucoup l’occasion de voir du documentaire sur grand écran. Je suis aussi membre de la SCAM (société de gestion collective qui accueille les documentaristes et qui organise L’oeil d’or). Je m’y investis sur beaucoup de sujets, notamment sur la question du documentaire radiophonique.
“pour la France, le documentaire reste une histoire de télévision“
BdC : sur quels projets travaillez-vous en documentaire radiophonique ?
Ovidie : J’ai terminé un projet diffusé sur France Culture en avril dernier dans le cadre de l’émission LSD. Je traitais en huit parties de « qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? », une réflexion sur le thème de l’amour, le prince charmant etc…
BdC : Pourquoi êtes-vous intéressée par le documentaire en radio ?
Ovidie : C’est venu assez tardivement. Je n’en fais que depuis 2018. Je me suis rendu compte que je bâclais le son sur mes documentaires. En regardant mon film qui s’appelle « tu enfanteras dans la douleur », j’ai trouvé que j’étais complètement passée à côté du sonore. Je ne renie pas mon travail sur ce film car les propos étaient forts mais j’ai décidé de me prendre en main sur la partie sonore. Je pense désormais complémentarité audio-image. Il m’arrive maintenant d’enregistrer le son avant l’image !
Notre avis ?
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