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le mal n'existe pas film image 2024 (1)
Copyright Pandora Film / NEOPA, Fictive

Critique / “Le mal n’existe pas” (2024) de Ryūsuke Hamaguchi

Quand des entrepreneurs veulent installer un glamping en pleine nature… La fable écologique Le mal n’existe pas de Ryūsuke Hamaguchi sort en vidéo après une sortie dans les salles en avril dernier. La critique et l’avis sur le film. 

Synopsis :

Un projet de glamping, camping glamour à destination de personnes aisées, doit s’installer dans un espace rural jusqu’ici préservé où la population vit d’une source en eau pure naturelle. Lors de l’exposition publique du projet, il s’avère que ledit glamping aura pour conséquence de polluer l’eau.

Cet article vous est proposé par Cédric Lépine

Si le concept de glamping est une réalité économique qui commence à se développer, il reste un phénomène récent dont Ryūsuke Hamaguchi s’empare moins pour dénoncer le scandale écologique dans une démarche consacrée de cinéma militant que plutôt en vue de défendre l’harmonie écologique initiale entre le monde humain et l’espace naturel. La narration proposée fait un pont inattendu entre la mise en scène contemplative et le surgissement du conflit qui apparaît là où il n’était plus attendu. Le film qui aurait pu emprunter la voie du thriller écologique entre les mains d’un autre réalisateur, prend ici un tournant des plus singuliers en partageant le point de vue de divers personnages des deux côtés de la source potentielle de conflit. Le réalisateur de Senses (2015) met ainsi avant tout sa mise en scène au service de l’exposition du monde intérieur de ses personnages, ce qui conduit ainsi à suivre lentement le cheminement d’un homme dans la forêt pour puiser une eau aussi précieuse que vitale.

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Copyright Pandora Film / NEOPA, Fictive

Par la suite, en suivant les promoteurs immobiliers du projet touristique de glamping, le montage se révèle plus haché où les images sont cadrées dans des espaces clos, qu’il s’agisse du bureau comme de la voiture. Ce sont ainsi ces lieux d’exposition qui permettent au mieux de saisir la complexité des personnages qui ne peuvent jamais se réduire à une étiquette irréductible et encore moins à l’idée du Mal du titre. L’idée humaniste défendue par le cinéaste est qu’il n’y a pas de méchants, seulement des actes nuisibles pour les autres. Il va ainsi à contre courant du propos idéologique naturellement attendu après avoir été baigné dans une première partie du film dans la douceur d’un modeste cadre environnemental fondé sur l’équilibre biologique.

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Copyright Pandora Film / NEOPA, Fictive

Par ce choix de narration, Ryūsuke Hamaguchi rend manifeste des mondes qui s’opposent, faute de communion avec les lieux où ils installent leur vie. Cette problématique deviendra d’autant plus manifeste avec le dénouement final. Ainsi, la menace écologique s’insinue avec des projets en hors sols pensés en dehors de l’équilibre local qui ne s’appréhende que dans un autre rapport au temps et à l’espace que celui construit par un esprit cartésien conquérant.

En savoir plus :

Le Mal n’existe pas
悪は存在しない Aku wa sonzai shinai
de Ryūsuke Hamaguchi

Avec : Hitoshi Omika, Ryô Nishikawa, Ryûji Kosaka, Ayaka Shibutani, Hazuki Kikuchi, Hiroyuki Miura, Yoshinori Miyata, Taijirô Tamura, Yûto Torii

Japon, 2023.
Durée : 106 min
Sortie en salles (France) : 10 avril 2024
Sortie France du DVD : 3 septembre 2024
Format : 1,66 – Couleur
Langues : japonais – Sous-titres : français.
Éditeur : Diaphana

Bonus :
Entretien exclusif avec Ryusuke Hamaguchi

Antoine Corte

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