Dernière mise à jour : novembre 11th, 2021 at 08:43
19 ans après Au nom d’Anna, Edward Norton repasse derrière la caméra avec Brooklyn Affairs. Également à l’écriture, en adaptant le roman Motherless Child de Jonathan Lethem, le réalisateur s’est entouré de grosses pointures d’Hollywood pour un petit bijou de film noir. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.
Synopsis :
New York dans les années 50. Lionel Essrog (Edward Norton), un détective privé atteint du syndrome de Gilles de la Tourette enquête sur le meurtre de son ami et mentor Frank Minna (Bruce Willis). Pour cela, partant de quelques indices et surtout grâce à son esprit obsessionnel, il va parcourir New York, des clubs de Jazz prisés au quartier chaud de Harlem. Ses découvertes ne tardent pas à révéler d’incroyables secrets sur la célèbre ville américaine…
Brooklyn Affairs : Un scénario rafraîchissant
Pas étonnant qu’Edward Norton ait voulu dès la parution du livre adapter Motherless Brooklyn au cinéma. Et même si cela lui a pris 20 ans, on est plutôt content que le réalisateur ait fini par y arriver. En effet, dans l’effervescence de reboots, de prequels et autres sequels qui envahissentactuellement les salles obscures, sans systématiquement nous déplaire, il fait bon de retrouver un un scénario fouillé dans la veine des films de malfrats dans la mouvance d’un genre à la Martin Scorsese. Brooklyn Affairs nous ramène aux films dit « noirs » de l’époque, une enquête prenante menant à des histoires de gros sous plutôt évidentes, raconté sur l’angle d’une histoire personnelle. Cela n’est pas très étonnant quand on voit le parcours d’Edward Norton, faits de choix de rôles atypiques. Le film est à l’image de l’éclectisme de son metteur en scène, qui a toujours joué des personnages complexes aux multiples visages.
All that jazz
La musique est un élément très important Brooklyn Affairs, au point d’en devenir un acteur à part entière. Les solos de batteries, caressés par un voile de piano, relevés par une envolée de trompette deviennent des éléments indissociables des différentes actions, renforçant le côté noir de l’histoire. Ici, on sent l’amateur de musique qui se fait plaisir en invitant Thom Yorke, Flea et, tant qu’à faire Wynton Marsalis pour sa bande originale. Il pousse carrément le vice en nous offrant une (longue) séquence musicale, revêtant Michael K. Williams d’une aura très proche d’un certain Miles Davis ! Cette séquence musicale est à l’image de la réalisation d’Edward Norton dans Brooklyn Affairs. Une certaine idée du bon goût, une envie de se faire plaisir, sans peur de laisser le temps s’installer en traînant un peu de longueurs, le tout ponctué de moments rêvés, pas forcément obligés, et de plages de douceurs, pas tout à fait inattendues mais bienvenues.
Three times a boss
Edward Norton a donc la triple casquette acteur, scénariste et réalisateur du film (sans oublier celle de producteur…). Si sa réalisation porte indubitablement son empreinte, devant la caméra c’est une autre histoire. Est-ce parce qu’on est encore marqué par le côté beaucoup plus tragique que comportait la « condition » du Joker ? Le comédien ne livre pas une prestation exceptionnelle… A moins qu’il nous ait habitué à des prestations plus convaincantes comme celle de Gregory Hoblit, le sublime psychopathe de Peur Primale (1996). Tout comme le Joker, il y a comme un gain de confiance en soi en enfilant un costume, celui de clown pour Joaquim Phœnix, le chapeau, puis le manteau de son mentor pour Edward Norton. Puis vient la rencontre avec la fille, imaginaire pour l’un et réelle pour l’autre, qui donne des ailes aux deux hommes.
En tous les cas, un Edward Norton, même légèrement en dessous vaut largement le déplacement et les personnes atteintes de ce syndrome peuvent le remercier, on n’aura jamais représenté le syndrome Gilles de la Tourette de façon aussi sexy…
En savoir plus :
- Date de sortie France : 04/12/2019
- Distribution France : Warner Bros. France